Octobre 2010, Londres : le premier recensement global des océans aura lieu. Après dix ans d’études, les explorateurs des profondeurs du programme Recensement de la Vie Marine révèlent le grouillement des créatures qui n’ont jamais vu la lumière du jour.

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    Le nouveau Dumbo Grimpotheutis sp. © David Shale

    Le nouveau Dumbo Grimpotheutis sp. © David Shale

    Au fond des mers, de la frontière entre la lumièrelumière et l'obscurité jusqu'aux froides et noires profondeurs. Les scientifiques du Recensement de la Vie Marine (Census of Marine Life) ont inventorié des espèces des profondeurs d'une étonnante variété, abondance et distribution. Ces espèces qui n'ont jamais vu la lumière du jour (ou si peu) vivent dans un monde froid et sombre, jusqu'à 5.000 mètres sous la crête des vagues.

    Révélée par des caméras sous-marines embarquées, des sonarssonars et d'autres technologies d'avant-garde, une collection de 17.650 espèces vit des maigres éléments qui tombent au fond des océans, des bactériesbactéries qui exploitent le pétrolepétrole, le soufresoufre et le méthane ou encore des os engloutis des baleines. Des créatures peu connues et pourtant, comme l'explique Claire Nouvian, menacées.

    Census of Marine Life, c'est 344 chercheurs de 34 pays qui ont traqué 5.722 espèces à plus de 1.000 mètres de profondeur et 17.650 espèces sous les 200 mètres, lorsque la profondeur empêche la photosynthèse du fait du manque de lumière.

    Ce concombre de mer transparent vit à 2.750 m de profondeur dans le golfe du Mexique. Il se nourrit des sédiments riches en détritus. © Larry Maddin / <em>Woods Hole Oceanographic Institution</em>

    Ce concombre de mer transparent vit à 2.750 m de profondeur dans le golfe du Mexique. Il se nourrit des sédiments riches en détritus. © Larry Maddin / Woods Hole Oceanographic Institution

    Lorsque ce recensement de 10 ans se conclura en octobre 2010, les cinq projets d'étude des grandes profondeurs auront effectué 210 expéditions, aux prix d'énormes investissements et de contraintes extrêmes. 210 expéditions pour percer les mystères du royaume jusque-là impénétrable de Poséidon.

    Bien que les données soient encore analysées et que le rapport final ne sera achevé que pour le 4 octobre 2010, les schémas d'abondance, de variété et de distribution des espèces sont déjà visibles.

    L'abondance des espèces est directement reliée à la disponibilité de la nourriture et décroît rapidement avec la profondeur, parallèlement à la photosynthèse.

    Dans les profondeurs, cette abondance dépend de la présence d'au moins un des facteurs suivants :

    • La présence de courants rapides qui augmentent les chances de rencontrer de la nourriture ;
    • La capacité des organismes à vivre longtemps et des populations à se multiplier même avec peu de nourriture ;
    • L'abondance de la nourriture qui sombre depuis les couches supérieures ou la capacité à des organismes à migrer jusqu'à celle-ci ;
    • La présence d'une alternative à la photosynthèse pour produire de la matièrematière organique, comme la chimiosynthèsechimiosynthèse par exemple.

    Les monstres tapis dans le noir existent…

    La distribution des espèces est directement liée à la profondeur. Les changements dans la composition de la faune dépendent des conséquences de cette profondeur sur la physiologie, l'écologie et les conditions des habitats benthiquesbenthiques pour les organismes.

    La biodiversitébiodiversité, quant à elle, est plus difficile à comprendre. Par exemple, bien que les fonds vaseux soient monotones et pauvres, la diversité spécifique de ces vases est curieusement maximale au niveau des marges continentales inférieures. Cette diversité des organismes est le reflet des stratégies diverses qu'ils ont dû mettre en place pour vivre dans ces grandes profondeurs.

    Découvrez les galeries féeriques ou monstrueuses de cette faune étrange sur le site de Census of Marine Life.