Au Moyen Âge, en l’an 1 200, l’un des sommets du massif de l’Annapurna dans la chaîne himalayenne se serait brutalement effondré, causant un terrible et gigantesque glissement de terrain. Ce phénomène serait d’ailleurs caractéristique des processus d’érosion affectant les plus hauts reliefs.


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    Aucun paysage terrestre n'est immuable et les imposantes silhouettes des chaînes de montagnes le sont encore moins. Soumis aux agressions perpétuelles du vent, de la pluie, des glaciers et des cycles de gelgel-dégèle, les reliefs - même les plus hauts - finissent toujours par se résorber jusqu'à disparaître (presque) totalement. Il faut tout de même être patient car ce processus prend, c'est vrai, des dizaines de millions d'années. L'action érosive des éléments naturels est cependant visible à notre minuscule échelle de temps. Chutes de blocs, coulées de boue ou glissements de terrain font d'ailleurs de la montagne un environnement particulièrement dangereux.

    Chute d'un énorme bloc de roche sur une route de montagne en Afghanistan. © Sven Dirks, Wien, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
    Chute d'un énorme bloc de roche sur une route de montagne en Afghanistan. © Sven Dirks, Wien, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Un mode d’érosion différent entre les vallées et les sommets

    Les processus qui affectent cet environnement paraissent cependant varier en fonction de l'altitude. Alors que les vallées sont efficacement creusées au fil du temps par les glaciers, l'intensité des processus périglaciaires semble diminuer avec l'altitude, donnant l'impression que l'érosion est moins efficace sur les hauts sommets.

    Une nouvelle étude révèle cependant que les reliefs les plus hauts n’échappent pas à l’érosion, mais que les processus à l'œuvre ne sont pas les mêmes que ceux qui affectent les zones plus basses. Les reliefs élevés subissent en effet des températures constamment négatives, ce qui les rend moins sensibles au phénomène de gel-dégel que les zones de moyenne altitude. Les glissements de terrain y seraient cependant plus fréquents et surtout, de plus grande ampleur.

    Effondrement brutal d’un sommet de l’Himalaya de plus de 8 000 mètres d’altitude

    Des chercheurs ont mis en évidence ce fait en étudiant le massif de l’Annapurna dans le centre du Népal (chaîne himalayenne), bien connu des alpinistes pour ses sommets parmi les plus hauts du monde. Au fond d'une vallée, ils ont identifié de nombreux blocs et débris rocheux indiquant la survenue vers l'an 1190 d'un très important glissement de terrain. Au total, 23 km3 de roche auraient ainsi été mobilisés ! L'étude des sommets environnants a révélé que l'un d'eux en serait la source. Culminant initialement à plus de 8 000 mètres d'altitude, ce sommet se serait brusquement effondré dans un terrible méga-glissement de terrain réduisant d'un coup l'altitude de la crête de plusieurs centaines de mètres. Les débris seraient venus remplir la vallée en contrebas, le Cirque de Sabche, sur plus d'un kilomètre d'épaisseur !

    Pour les chercheurs, ce mode d'érosion très brutal serait caractéristique des très hauts reliefs. Ce type d'événement catastrophique jouerait par ailleurs un rôle majeur dans l'évolution du paysage montagneux, avec un impact pouvant aller jusqu'à plus de 150 kilomètres de la source de l'effondrementeffondrement.