Une vaste enquête révèle que plus de la moitié de la pollution plastique dans le monde est attribuée à 56 multinationales dont six sont responsables du quart de cette pollution. Forts de ces résultats, les scientifiques préconisent l’élaboration de normes internationales afin d'améliorer la traçabilité des emballages plastique et de responsabiliser les entreprises, encouragées à se tourner vers des solutions alternatives.


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    La pollution plastiqueplastique est présente partout dans le monde. Pourtant, une grande partie des déchets provient de moins d'une soixantaine de multinationales issues du secteur agro-alimentaire, des boissons et de l'industrie du tabac, à l'instar de Nestlé, Danone, Pepsi, Coca-ColaCoca-Cola ou de Philip Morris. C'est ce que confirme une nouvelle recherche.

    Publiée dans Science Advances, l'étude a été réalisée par un groupe international de chercheurs. Selon l'enquête, 56 multinationales seraient responsables de plus de la moitié de la pollution plastique dans le monde, et six d'entre elles contribueraient à elles seules au quart de cette pollution ! La recherche se base sur l'examen minutieux de plus 1 870 000 déchets plastique récupérés par des bénévoles dans 84 pays entre 2018 et 2022. La majeure partie des déchets collectés était constituée d'emballages à usage unique pour les aliments, les boissons et les produits du tabac.

    Les produits alimentaires, notamment avec des emballages à usage unique, contribuent de façon disproportionnée à dégrader l'environnement. © Sébastien Jouve, Adobe Stock
    Les produits alimentaires, notamment avec des emballages à usage unique, contribuent de façon disproportionnée à dégrader l'environnement. © Sébastien Jouve, Adobe Stock

    Le secteur agro-alimentaire en tête de pollueurs

    Parmi tous les emballages des produits collectés, seule la moitié d'entre eux comportait encore le nom de l'entreprise qui les a commercialisés. Les cinq marques les plus fréquemment identifiées sur les emballages étaient, au niveau mondial, The Coca-Cola Company (11 %), PepsiCo (5 %), Nestlé (3 %), Danone (3 %) et Altria/Philip Morris (2 %). « Il existe une relation linéaire claire et forte entre la production annuelle de plastique des entreprises et la pollution plastique issue des marques, les entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons étant des pollueurs d'une ampleur disproportionnée », soulignent les auteurs de la publication.

    Au vu de ces résultats, les chercheurs soulignent la nécessité d'une plus grande transparencetransparence en matièrematière de production et d'étiquetage des produits et emballages en plastique : « L'action de ces entreprises, qu'elle soit volontaire ou mandatée par les gouvernements ou par un instrument international juridiquement contraignant, peut s'attaquer positivement au problème », soulignent-ils.

    Ces derniers préconisent notamment de créer une base de donnéesbase de données internationale en libre accès dans laquelle les entreprises seraient obligées de suivre et de signaler quantitativement leurs produits, leurs emballages, leurs marques et leurs rejets dans l'environnement. L'élaboration de normes internationales concernant le marquage des emballages afin de faciliter leur identification serait également une solution concrète, plaident les auteurs de l'étude.

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    Déchets plastiques : de grandes multinationales pointées du doigt par une coalition mondiale d’ONG

    Article de Futura ETX-Relanews, publié le 24 octobre 2019

    Une coalition mondiale d'ONG, Break Free from Plastics, tape fort en dénonçant l'acharnement d'une poignée de multinationales à promouvoir de fausses solutions pour limiter la propagation des dizaines de milliers de déchets plastique qu'elles génèrent par leurs activités. En se dédouanant de toute responsabilité, elles font peser le poids du nettoyage de leur pollution par les collectivités.

    Des dizaines de milliers de déchets plastique polluant la planète sont générés par une poignée de multinationales dont Coca-Cola, Nestlé ou encore Pepsico, a assuré Break Free from Plastics, une coalition mondiale d'ONG, dans un rapport publié mercredi à Manille. Cette coalition internationale composée de 1.475 organisations écologistes, dont Greenpeace, reproche à ces multinationales de se dédouaner, pour la plupart, de la responsabilité du nettoyage de la pollution due à leur activité.

    Des volontaires de la coalition ont collecté près d'un demi-million de déchets plastique lors d'une Journée mondiale du nettoyage de notre Planète, coordonnée dans 51 pays il y a un mois, dont 43 % de marques reconnaissables.

     Des dizaines de milliers de déchets plastique polluant la planète sont générés par une poignée de multinationales. © marina_larina, Adobe Stock
     Des dizaines de milliers de déchets plastique polluant la planète sont générés par une poignée de multinationales. © marina_larina, Adobe Stock

    Pour la deuxième année consécutive, Coca-Cola s'est classé au premier rang des pollueurs avec 11.732 déchets plastiques collectés dans 37 pays sur quatre continents cette année. Parmi les dix principaux producteurs de déchets plastiques collectés, figurent aussi Nestlé (4.846), Pepsico (3.362), Unilever (3.328), Procter & Gamble (1.160), Philip Morris (2.239) ainsi que Mars, Colgate-Palmolive, Perfetti Van Mille et Mondelez International, selon le classement de la coalition. Si nombre de pays asiatiques déversent leurs déchets dans les océans, « les véritables responsables du gros de la pollution plastique en Asie sont les multinationales dont les sièges se trouvent en Europe et aux États-Unis », souligne le rapport.

    Enquête sur les déchets plastiques. © Janis Latvels, AFP
    Enquête sur les déchets plastiques. © Janis Latvels, AFP

    Rendre les emballages recyclables, compostables ou réutilisables

    Interrogé par l'AFP, Nestlé a répondu qu'il travaillait sur des solutions visant à « rendre de tels rapports obsolètes ». « En tant que première compagnie mondiale pour l'alimentation et les boissons, nous savons que nous avons un rôle important à jouer dans l'élaboration de solutions durables pour lutter contre la problématique des déchets plastique, a déclaré un porteporte-parole dans un communiqué. Il est totalement inacceptable que les emballages (plastique) finissent comme déchets dans l'environnement et nous travaillons dur pour rendre tous nos contenants soit recyclables soit réutilisables d'ici 2025 ».

    Coca-Cola et Pepsico, à l'instar de Nestlé, ont indiqué qu'ils allaient rendre leurs emballages recyclables, réutilisables ou compostables d'ici 2025. Les géants de la boisson se sont également retirés de l'organisation américaine de l'industrie du plastique. « Changer la façon dont la société fait, utilise et jette les emballages est un objectif complexe et nous y prenons part, a dit un porte-parole de Pepsico à l'AFP. Nous voulons aider à élaborer un système où l'emballage plastique ne devient jamais un déchet ».

    Des volontaires de la coalition ont collecté près d'un demi-million de déchets plastiques. © Luis Acosta, AFP
    Des volontaires de la coalition ont collecté près d'un demi-million de déchets plastiques. © Luis Acosta, AFP

    Promouvoir le recyclage ne suffit pas

    Coca-Cola, de son côté, a dit dans un communiqué, qu'il cherchait à empêcher les déchets plastique de finir en mer, ce qu'il qualifie « de problème mondial crucial ». « Chaque fois qu'un de nos emballages termine dans les océans, ou là où il ne devrait pas, c'est inacceptable pour nous », a-t-il souligné.

    Créditant les marques de reconnaître généralement leur rôle dans la propagation de cette pollution, la coalition des ONG juge qu'elles « s'acharnent à promouvoir de fausses solutions pour répondre au problème ». La promotion du recyclage est leur manière de faire porter la responsabilité aux consommateurs, ajoute-t-elle, précisant qu'à peine 9 % de la totalité des matières plastique produites depuis les années 50 ont été recyclées.

    « Les entreprises continuent de tirer profit de l'abondante production de plastique à usage unique tandis que, partout dans le monde, les collectivités sont obligées d'en supporter le fardeau », a regretté Break Free from Plastics, qualifiant cette situation d'« inacceptable ».