Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut limiter nos émissions de gaz à effet de serre. D’urgence. Mais aussi trouver des solutions d’adaptation. Notamment à l’élévation annoncée du niveau de la mer. Sans quoi, les inondations sur nos côtes vont coûter très cher.


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    Le changement climatique ne fait pas que grimper les températures. Il fait aussi monter le niveau de la mer. Avec pour conséquence des inondations que nous devons nous attendre à voir se multiplier sur nos côtes. Et des chercheurs de l’université de Melbourne (Australie) se sont demandé quels seront les impacts socio-économiques de ces inondations. Leurs travaux montrent qu'elles affecteront bien plus les pays en développement que les autres plus susceptibles de travailler à réduire d'ici là la vulnérabilité de leurs côtes.

    La modélisationmodélisation prévoit ainsi les impacts les plus graves d'ici 2100 pour l'Asie, l'Afrique de l'Ouest et l'Égypte, quel que soit le scénario d'adaptation. Dans le cas où aucune mesure d'adaptation des territoires aux évolutions du littoral n'est mise en œuvre, de nombreux pays en développement pourraient subir des dommages annuels qui leur coûteraient plus de 5 % de leur produit intérieur brutproduit intérieur brut (PIB). Alors que le coût pour les pays développés qui auraient mis en place des mesures d'adaptation serait inférieur à 3 % de leur PIB. Un signe de plus que le réchauffement climatique s'apprête à frapper de manière très inégale.

    Des mesures d’adaptation peuvent changer la donne

    Concernant la population côtière, il faut s'attendre à 246 millions de personnes touchées chaque année dans le monde d'ici 2100 -- contre 34 millions en 2015 -- si aucune mesure d'adaptation n'est prise. Pour un coût global de 2,9 % du PIB -- contre 0,3 % en 2015. Mais si le monde se mobilise pour se protéger, ce chiffre pourrait descendre à 119 millions de personnes touchées par an. Pour un coût global de 1,1 % du PIB.

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    Près de 2 milliards de personnes risquent d'être confrontées à une inondation majeure

    Des chiffres qui pourraient motiver à trouver des fonds pour financer l'élévation ou la constructionconstruction de digues à mesure que le niveau de la mer monte ou l'amélioration du drainagedrainage, l'entretien des dunes ou la plantation de mangroves. Non seulement dans les pays développés comme le nôtre, mais aussi et surtout, dans des pays en développement.


    Élévation du niveau de la mer : le risque d’inondation des côtes va doubler

    Le réchauffement climatique qui élève le niveau des mers menace les villes côtières et les populations qui vivent dans certaines îles du Pacifique. Une élévation du niveau de la mer de 5 à 10 cm doublera la fréquence des inondations au niveau des tropiques entre 2030 et 2050.

    Article de Marie-Céline RayMarie-Céline Ray paru le 19/05/2017

    Le suivi précis des variations du niveau de la mer, mesuré continûment depuis plus d'un siècle en différents endroits du globe, permet de séparer les causes naturelles des effets dus aux activités humaines. © Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
    Le suivi précis des variations du niveau de la mer, mesuré continûment depuis plus d'un siècle en différents endroits du globe, permet de séparer les causes naturelles des effets dus aux activités humaines. © Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences

    Chaque année, le niveau des mers dans le monde monte de 3 à 4 mm, mais ceci pourrait s'accélérer à cause du réchauffement climatique et de la fontefonte des glaces. À l'horizon 2100, la hausse devrait atteindre entre 30 cm et un mètre, voire plus. Or cette élévation favorise les inondations lors des maréesmarées hautes, augmente l'érosion des côtes, modifie la dynamique des vagues et accroît le risque d'inondation.

    À quoi faut-il s'attendre exactement dans les années à venir ? Une recherche parue dans Scientific Reports a analysé ces différents facteurs, en tenant compte notamment des vagues et des tempêtes. L'étude a trouvé que les zones qui seront les premières affectées se trouvent à de basses latitudeslatitudes, là où les marées sont moins importantes : l'élévation du niveau de la mer y est proportionnellement plus significative.

    Cinq à dix centimètres d'augmentation, ce serait deux fois plus d'inondations des côtes au niveau des tropiques dès 2030. L'augmentation constante du niveau de la mer ne cause pas directement des inondations : la plupart du temps, elle est inférieure aux fluctuations normales causées par les marées, les tempêtes ou les vagues. Mais l'élévation du niveau de la mer augmente rapidement la fréquence et la sévérité des inondations côtières : de grandes vagues risquent plus de submerger les protections mises en place sur les côtes.

    La ville d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est particulièrement menacée. © romayan, Fotolia
    La ville d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est particulièrement menacée. © romayan, Fotolia

    Des populations côtières devraient se déplacer

    L'élévation qui devrait avoir lieu d'ici 2030 à 2050 doublera le risque d'inondation dans des villes comme San Francisco aux États-Unis, Bombay en Inde, Ho Chi Minh au Vietnam ou Abidjan en Côte d'Ivoire. Ceci aura un impact sur l'économie des villes côtières et les conditions de vie dans les îles du Pacifique situées au niveau de la mer. Ces îles sont particulièrement vulnérables aux inondations lors des tempêtes.

    La hausse du niveau de la mer semble quasiment inévitable. Le réchauffement du climatclimat et des océans, la fonte des glaces, causent une montée des eaux qui devrait se poursuivre pendant de nombreuses décennies. Les émissionsémissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbonedioxyde de carbone dans l'atmosphèreatmosphère restent élevées malgré les politiques mises en œuvre.

    Pour Sean Vitousek, de l'université de l'Illinois à Chicago, qui a dirigé cette recherche et qui s'exprime dans The Guardian, « nous allons devoir [réduire les émissions de dioxyde de carbone] et concevoir les côtes pour arrêter beaucoup de ces événements ». Il donne ce conseil aux lecteurs la prochaine fois qu'ils iront à la plage : « pensez à ce que serait cette zone dans certains de ces scénarios de montée du niveau de la mer, d'un demi-mètre ou d'un mètre. Vous verrez que c'est une proposition assez effrayante ».


    Hausse du niveau de la mer : une preuve de l'effet des activités humaines

    Article du CNRS paru le 2 décembre 2014

    Quelle est l'influence de l'Homme sur l'élévation du niveau de la mer ? En s'appuyant sur les données d'un vaste réseau de marégraphes disséminésdisséminés aux quatre coins de la planète, une équipe internationale montre que la hausse du niveau des océans observée depuis plus d'un siècle dans les enregistrements marégraphiques ne peut, dans deux tiers des cas, être expliquée sans tenir compte de l'impact de nos activités. La cause première est-elle le réchauffement ou les aménagements du littoral ? L'étude ne le dit pas.

    Installés vers la fin du XIXe siècle dans plusieurs villes portuaires de la planète pour faciliter la navigation, les marégraphes nous fournissent également un aperçu de l'évolution du niveau des océans au cours des 100 à 150 dernières années. Par l'analyse de ces données séculaires provenant de 59 marégraphes disséminés à travers le globe, une équipe franco-allemande est parvenue à déterminer, pour la première fois, la contribution des activités humaines dans l'élévation du niveau de la mer.

    Pour mener à bien leurs investigations, les chercheurs se sont appuyés sur le fait que, de manière naturelle, le niveau de la mer en un lieu précis et à un instant t dépend en partie des valeurs qui l'ont précédé. Un peu comme si celui-ci possédait une mémoire de toute l'histoire antérieure de ses fluctuations. « En appliquant des méthodes statistiques aux enregistrements marégraphiques dont nous disposions, nous avons pu tenir compte de cet effet mémoire et distinguer ainsi la part naturelle de la part anthropique de l'élévation du niveau des océans à la fois à l'échelle régionale et globale », précise Mélanie Becker, scientifique au sein d'Espace-DEV (IRDIRD / Université Montpellier 2/ Université de La Réunion/ Université des Antilles et de la Guyane) et principal auteur de ces travaux.

    Contribution anthropique minimale dans la tendance du niveau de la mer détectée dans les marégraphes de l'Atlantique du nord au cours du XX<sup>e</sup> siècle. Chaque cercle correspond à la position d'un marégraphe. Les couleurs correspondent à la répartition de la composante anthropique (rouge) et naturelle (gris) dans la tendance du niveau de la mer. © Mélanie Becker
    Contribution anthropique minimale dans la tendance du niveau de la mer détectée dans les marégraphes de l'Atlantique du nord au cours du XXe siècle. Chaque cercle correspond à la position d'un marégraphe. Les couleurs correspondent à la répartition de la composante anthropique (rouge) et naturelle (gris) dans la tendance du niveau de la mer. © Mélanie Becker

    Les activités humaines ont élevé le niveau de la mer de 1 mm/an

    L'étude, publiée dans la revue Geophysical Research Letters, montre ainsi qu'au niveau des villes de New-York, Baltimore, San Diego, Marseille et Mumbai, l'impact de l'Homme a contribué à plus de 50 % à l'élévation du niveau de la mer au cours du XXe siècle. Il en va de même le long du littoral sud de la mer du Nord et dans la mer Baltique. À l'échelle de la planète, l'équipe estime par ailleurs qu'au cours du XXe siècle, les activités humaines ont engendré une élévation de 1 mm par an du niveau des océans, soit plus de la moitié de la hausse observée durant cette période.

    Néanmoins, bien que la méthode employée montre sans ambiguïté l'implication à long terme des activités humaines sur l'élévation du niveau de la mer, elle ne fournit aucune information sur les causes de cette hausse : « En recoupant les données issues des enregistrements marégraphiques avec l'analyse détaillée et contextualisée de chaque situation locale étudiée, nous pourrons déterminer si l'élévation du niveau des océans résulte de perturbations locales telles que les aménagements portuaires ou d'un bouleversement à grande échelle comme le changement climatique », conclut Mikhail Karpytchev, chercheur au LIENSs (CNRS / Université de La Rochelle) et coauteur de ces travaux.