Durant le vingtième siècle, la chasse intensive des cétacés a entraîné une diminution progressive de leur taille. C'est ce que démontrent des chercheurs sur quatre espèces, concluant que cet effet aurait permis de détecter le déclin bien plus tôt qu'en constatant l'effondrement des captures. Une expérience à retenir pour d'autres espèces menacées, expliquent-ils.

au sommaire


    En 1985, le moratoire international donnait un coup de frein à la chasse aux grands cétacés qui avait provoqué en un siècle et demi d'exploitation industrielle un des pires massacres au sein du règne animal. L'effondrementeffondrement des captures a commencé dans les années 1960, et même dès les années 1930 pour la baleine bleue. En fait, les populations avaient commencé à décliner fortement auparavant mais l'évaluation de leurs effectifs est longtemps restée, et reste encore, imprécise.

    Il aurait été possible de déceler le déclin de ces géants des mers bien plus tôt en mesurant leur taille et leur massemasse. C'est ce qu'affirment aujourd'hui des biologistes des universités de Zurich et de Tasmanie, qui publient leurs résultats dans la revue Nature Ecology & Evolution et les expliquent dans un communiqué.

    Le Grand cachalot a perdu quatre mètres

    Ces chercheurs ont consulté les données recueillies par la CBI (Commission baleinière internationale) entre 1900 et 1985 pour quatre espèces, la Baleine bleue (Balaenoptera musculusBalaenoptera musculus), le Rorqual communRorqual commun (B. physalus), le Rorqual boréal (B. borealis) et le Grand cachalot (Physeter macrocephalusPhyseter macrocephalus). Jusque dans les années 1930, la longueur des cétacés augmente, du fait des choix des chasseurs. Les techniques s'améliorent et les quotas mis en place, exprimés en « unités baleine bleue », incitent à cibler les plus gros individus. Mais ensuite, les animaux capturés sont de plus en plus petits. Entre 1905 et les années 1980, le Grand cachalot perd quatre mètres de longueur.

    Cet effet serait dû à une pressionpression de sélection plus forte sur les grands individus, préférés des chasseurs. Plus petite, la baleine survit mieux... Il y a là, expliquent les chercheurs, un moyen à prendre en compte pour mesurer l'état d'une espèce, venant compléter les comptages d'individus.