Malgré leur corps massif, les baleines bleues montrent une grande agilité. Pour preuve, elles n’hésitent pas à réaliser des pirouettes à 360° pour prendre leurs proies au dépourvu ! Jugez plutôt…

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    Reine des océans, la baleine bleueBalaenoptera musculusBalaenoptera musculus, impressionne avec ses 30 m de long et ses 170 t. Elle peut ainsi se targuer d'être le plus grand animal vivant sur Terre. Posséder un corps aussi massif n'est pas de tout repos car il faut constamment lui fournir suffisamment d'énergieénergie. Ainsi, ce mammifère marin ingurgite chaque jour jusqu'à 3.600 kgkg de krill (de petites crevettes), tout en n'oubliant pas de déguster quelques poissons et calmars à l'occasion. La prise de nourriture se fait par filtrationfiltration grâce à la présence de 300 fanons d'un mètre de long dans la gueule de l'animal. 


    Cette baleine bleue effectue un demi-tour sur elle-même (ventre vers la surface donc) avant d'ouvrir sa gueule, de capturer du krill puis de se remettre dans sa position initiale (cette dernière étape n'est pas présentée dans la vidéo). La rotation est complète (360°), ce qui démontre la grande agilité de ce cétacé de plusieurs dizaines de tonnes. © National Geographic

    La répartition de ces ressources alimentaires n'est pas homogène au sein des océans. Les baleines ont donc dû développer différentes stratégies de recherche et de prise de nourriture pour éviter toute diète et survivre. Pour mieux les comprendre, Jeremy Goldbogen du Cascadia Research Collective (États-Unis) a placé des capteurscapteurs de mouvementmouvement tridimensionnel sur 22 individus évoluant au large des côtes du Sud de la Californie. Un cétacé a même été équipé d'une caméra. Résultat, la baleine bleue peut faire preuve d'une surprenante agilité lorsqu'il s'agit de manger. Selon l'article paru dans Biology Letters, 44 pirouettes de 360° ont en effet été enregistrées ! 

    Prendre le krill par surprise

    Les capteurs ont été fixés par un système à ventouse durant l'été 2010 (duréedurée de fixation moyenne de 6 heures 42 minutes). Ils se composent entre autres d'un magnétomètremagnétomètre, d'un accéléromètreaccéléromètre triaxial, d'un hydrophone et d'un transducteur de pressionpression. La séquence vidéo a quant à elle été enregistrée à l'aide d'une Crittercam deux années auparavant, en août 2008. Parmi les sujets étudiés, 11 ont à plusieurs reprises effectué des mouvements de rotation sur eux-mêmes, à la grande surprise des chercheurs. En plus d'être massif, cet animal possède en effet des nageoires pectorales courtes et une caudale relativement petite.

    La manœuvre dure au total une trentaine de secondes. Elle débute par une rotation du corps de 180° qui est exécutée à la vitessevitesse moyenne de 12° par seconde. Simultanément, la baleine commence à ouvrir sa gueule de manière à se trouver dans une position idéale pour capturer un essaim de krill une fois le mouvement terminé. Elle nage alors sur le dosdos tandis que le piège se referme sur les crustacés pris par surprise. Une seconde rotation de 180° peut alors débuter, l'animal revenant en position ventrale. Il s'agirait en quelque sorte d'une stratégie d'embuscade.

    Un mode d'observation avancé pour baleine

    La pirouette a été utilisée pour 10 % des prises de nourriture détectées. Il s'agirait donc, d'après l'étude, d'un comportement bien rodé et adapté à la forme de l'essaim. Précisons toutefois qu'il n'a pas toujours été accompagné de mouvements d'ouverture et de fermeture de la gueule. En effet, l'animal effectuerait aussi des rotations pour observer son environnement et rechercher des proies. Dans ce cas, les vitesses de rotationvitesses de rotation enregistrées ont été plus importantes, en moyenne 33° par seconde. La justification est simple : la bouche ne s'ouvrant pas, il y a moins de résistancerésistance au mouvement.  

    D'autres cétacés, comme la baleine à bossebaleine à bosse ou le rorqual communrorqual commun, peuvent exécuter des rotations pour se nourrir. Cependant, elles excèdent rarement un angle de 90 à 150°. Pour ces espècesespèces, cette stratégie permettrait, d'après d'autres travaux scientifiques, d'anticiper la fuite du krill, donc d'en capturer un maximum !