Un réseau de profondes dolines vient d'être découvert en Chine, au sein d'une forêt tropicale humide. L'exploration ne fait que commencer mais promet d'être instructive car ces gouffres abritent une riche biodiversité, végétale et animale.

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    C'est le plus vaste réseau de gouffres du monde. Il vient d'être découvert dans la province chinoise de Shaanxi, près de la ville de Hanzhong, au centre du pays, au sein du massif montagneux de Qinling-Bashan. Dans une forêt dense et tropicale (nous sommes entre 24 et 31° de latitude nord, soit celle du nord de l'Afrique), 49 « trous » gigantesques et souvent approximativement circulaires sont creusés dans la roche calcaire. Pour les scientifiques qui les ont étudiés, pas de doute : ce sont des dolines, c'est-à-dire des cavités creusées par l'eau, qui dissout les carbonates de la roche, et dont le toittoit a disparu, lentement érodé ou brutalement écroulé.

    L'ensemble s'étale sur 600 kilomètres carrés et les dimensions de ces puits sont généreuses. Wang Weihua, responsable des ressources territoriales de la province, dans des propos rapportés par China Daily, explique que 31 de ces dolines sont « classiques » mais que 17 sont « grandes ». La plus vaste se situe dans le comté de Zhenba, qui en abrite aussi le plus grand nombre. Ce gouffre géant s'ouvre sur 520 m de diamètre et sa profondeur maximale est de 320 m.


    Quelques images de ces gouffres et de leur exploration. Les dimensions sont en pieds (feet), une unité valant environ 30 cm. Mille pieds valent à peu près 300 m. © National Geographic

    Ce n'est pas le plus vaste du monde pour autant, ni même le plus grand de Chine, qui en compte beaucoup. Le Xiaozhai Tiankeng, plus au sud, atteint 662 m de profondeur. Ces gouffres aux parois verticales prennent dans ce pays le nom de tiankeng, signifiant « trou du ciel ». Au Mexique, sur la péninsule du Yucatan, on connaît les « cénotescénotes », des puits semblables en milieu karstique qui sont emplis d'eau douceeau douce. En 2007, une expédition utilisant un robotrobot autonome de la NasaNasa, DelphX, explorait le plus profond d'entre eux, Zacaton, descendant au moins à 350 m sous la surface. Il fut longuement étudié par Marcus Gary, de l'USGS (United States Geological Survey).

    Ces gouffres sont des écosystèmes préservés

    Pourquoi la nouvelle est-elle d'importance ? Pour son côté record, déjà, puisque ce vaste réseau karstiqueréseau karstique de grottes, avec ses 49 gouffres, serait le plus vaste du monde. Par son intérêt géologique ensuite. L'eau circule dans ces structures souterraines qui communiquent toujours plus ou moins entre elles. Les médias chinois mentionnent la présence d'un spéléologue français, Jean Poutasi, qui dit y voir les plus beaux gouffres du monde.

    La trouvaille est aussi d'un grand intérêt pour l'écologieécologie, la botaniquebotanique et la zoologie. Ces milieux très difficiles d'accès ont été très peu voire pas du tout explorés par l'Homme. Pourtant, la végétation y est dense et la faunefaune variée. Ce sont des écosystèmes intacts que les biologistes vont pouvoir explorer. Dans le cénote Zacaton, bien plus pauvre, Marcus Gary étudiait les populations de bactériesbactéries. Dans ces « tiankengs », les chercheurs y voient déjà une dizaine d'espècesespèces végétales rares et des écureuilsécureuils volants géants, déjà connus en Chine et au Laos.