Combien d'eau a été utilisée pour manger ce risotto ou pour porter ce tee-shirt ? Si tout le monde connait maintenant le terme d'empreinte carbone qui s'applique désormais à différentes thématiques ayant un impact environnemental sur la Planète, aucun outil ne permettait jusqu'à présent de calculer l'empreinte des consommations d'eau courante « invisible » ou « virtuelle ». C'est chose faite grâce à des chercheurs qui ont conçu ce calculateur d’« empreinte hydrique », utile autant pour les particuliers que les entreprises, les collectivités ou un pays.


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    Lorsque l'on s'engage dans une démarche écologique, on veille souvent à surveiller son empreinte carbone dans le but de la réduire. Mais évaluer son empreinte eau s'avère tout aussi important, en particulier à une époque où les risques de pénurie d'eau se multiplient partout dans le monde, y compris en France.

    À l'aune de la crise climatique, le terme « empreinte carbonecarbone » est désormais bien connu du grand public. Mais « l'empreinte eau », dont les enjeux environnementaux sont pourtant tout aussi importants, l'est beaucoup moins. Calculée par un processus similaire à celui de l'empreinte carbone, elle désigne le volumevolume total d'eau douce (m³) consommé pour la production de biens et de services tout au long du processus, ce qui englobe l'usage domestique, agricole, industriel, etc.

    Théorisée en 2002 par le professeur néerlandais Arjen Hoekstra, l'empreinte eau vise à jauger les quantités quasi « invisibles » d'eau afin de donner des points de repère aux acteurs concernés (gouvernements, entreprises, particuliers) pour consommer en limitant le plus possible le gaspillage. « Elle peut être mesurée pour un processus unique, tel que la culture du riz, pour un produit, tel qu'une paire de jeans, pour le carburant que nous mettons dans notre voiturevoiture, ou pour une entreprise multinationale entière », précise le site de la Water Footprint Network, une plateforme fondée en 2008 par des chercheurs de l'université de Twente (Pays-Bas), dont le Pr Hoekstra.

    On veille souvent à surveiller son empreinte carbone dans le but de la réduire. Mais évaluer son empreinte hydrique s'avère tout aussi important, en particulier à une époque où les risques de pénurie d'eau se multiplient partout dans le monde. © kichigin19, Adobe Stock
    On veille souvent à surveiller son empreinte carbone dans le but de la réduire. Mais évaluer son empreinte hydrique s'avère tout aussi important, en particulier à une époque où les risques de pénurie d'eau se multiplient partout dans le monde. © kichigin19, Adobe Stock

    Comment se calcule l'empreinte carbone de l'eau ? 

    En plus de sensibiliser au gaspillage d'eau, la Water Footprint Network propose une méthode pour calculer l'empreinte eau en prenant en compte trois types d'eau différents : l'eau bleue, l'eau verte et l'eau grise. L'eau bleue est la plus connue, puisqu'elle englobe à la fois les usages domestiques, agricoles, énergétiques et industriels. C'est avec elle que l'on se lave, que l'on s'alimente ou que l'on cultive les plantes. Moins connue, l'eau verte désigne celle qui provient des sols et des végétaux. Selon l'Inrae, elle représente 60 % de la massemasse des précipitations (contre 40 % pour l'eau bleue). Elle intègre donc l'eau de pluie et fait partie des neuf limites planétaires à surveiller. L'eau grise fait quant à elle référence aux eaux usées, retraitées dans les stations d'épuration.

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    Quelles sont les limites planétaires ?

    L'empreinte eau peut se mesurer à l'échelle d'un particulier, d'une entreprise, d'une municipalité ou d'un pays. On peut calculer la sienne en se rendant sur la plateforme Water Footprint Network, qui propose aux particuliers de l'évaluer en remplissant quelques critères précis, notamment le montant annuel de ses revenus, le pays d'origine et son mode d'alimentation.

    Et la consommation d'eau « virtuelle », celle que l'on ne voit pas

    Comme le rappelle le site de l'Agence de la Transition écologique (AdemeAdeme), les Français consomment en moyenne 148 litres d'eau par jour et par personne. Mais cette estimation n'englobe que l'usage domestique de l'eau (hygiène, ménage, alimentation...) et non l'eau qui a coulé pour permettre la production des denrées alimentaires que nous consommons ou des vêtements que nous portons. À titre d'exemple, la production d'un seul tee-shirt nécessite environ 2 500 litres d'eau.

    À titre d'exemple, la production d'un seul tee-shirt nécessite environ 2 500 litres d'eau

    Lorsque le calcul s'applique à une entreprise spécialisée dans le textile ou dans l'agroalimentaire, elle prendra par exemple en compte la quantité nécessaire d'eau pour produire ces vêtements ou la boisson que l'on a l'habitude de boire chaque jour, comme le café ou le lait. Cette consommation de l'eau dite « invisible » ou « virtuelle » s'applique également au calcul de l'empreinte eau d'un pays, puisqu'elle englobe à la fois la production de biens et de services.

    Conformément à une récente annonce du gouvernement français lors de la présentation du « plan eau », l'empreinte eau devrait figurer dans l'affichage environnemental dès 2024. Lancée par l'Ademe en 2022, cette méthode vise à informer les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits ou services. Elle fonctionne selon un système de notation similaire à celui des classements énergétiques attribués aux logements, avec un barème de lettres compris entre A et E.