Depuis ce lundi, les amateurs de jeux d'argent ont la possibilité d'acheter des tickets à gratter dont une partie des bénéfices sera reversée à des projets de protection de la biodiversité. Initiative éco-friendly, ou opération green-washing ? On vous dit tout.


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    Super loto, grand loto de Noël, loto du patrimoine... Le moins que l'on puisse dire, c'est que le plus célèbre des jeux de hasard a élargi son panel de propositions, et sa campagne de diversification n'est pas terminée. Le dernier bébé de la Française des Jeux (FDJ) est né d'un partenariat avec l'Office français de la biodiversité.

    « Mission Nature » est un jeu de grattage dédié à la préservation de la biodiversité dont le principe est simple : chaque achat de ticket rapporte 43 centimes à l'un des 20 projets retenus pour être subventionné. « Le ticket Mission Nature à 3 euros affiche une excellente fréquence globale avec 1 chance sur 3,21 de gagner et permet aux joueurs de remporter jusqu'à 30 000 euros », promet la FDJ dans un communiqué de presse. Parmi les projets, on retrouve la réhabilitation des populations de tortues d’Hermann dans le Var, la réhabilitation du gypaète barbu, surnommé le « nettoyeur des alpages » dans les Alpes, les Pyrénées et le Massif central, ou encore la replantation de la lande en Bretagne après les incendies de 2022. Bref, une initiative a priori gagnant-gagnant... reste qu'elle fait grincer beaucoup de dents. 

    Le gypaète barbu est le plus grand rapace d'Europe. © nicolas, Adobe Stock
    Le gypaète barbu est le plus grand rapace d'Europe. © nicolas, Adobe Stock

    Un loto qui ne fait pas l’unanimité

    À commencer par celles de France Nature Environnement (FNE), qui rassemble des associations de protection de la nature et de l'environnement. La fédération fustige, entre autres, le profit qui se fera principalement au bénéfice de la FDJ, et les faibles sommes perçues par les bénéficiaires : « Moins de 10 millions d'euros selon les estimations, quand les politiques de biodiversité nécessiteraient au moins 500 à 600 millions par an », selon le communiqué de FNE.

    Aux critiques de France Nature Environnement s'ajoutent celles de l'Autorité nationale des jeux (ANJ). La création du jeu, inscrite dans le Projet de loi de finances pour 2023, avait été rejetée par le Sénat en novembre 2022, avant d'être examinée par sa commission des finances en février dernier. « On met en place, sur une thématique qui va attirer les jeunes -- la biodiversité, le développement durabledéveloppement durable... --, une offre qui va être particulièrement addictive pour les jeunes », avait alors dénoncé la présidente de l'ANJ Isabelle Falque-Pierrotin. Ce jeu, également addictif de par son coût accessible, est ouvert depuis ce lundi.