Avec la fonte des glaciers liée au réchauffement climatique, l'Arctique est un terrain de plus en plus fertile à l'émergence de nouvelles pandémies, selon une nouvelle étude anglaise.


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    S'il est désormais prouvé que le changement climatique favorise l'arrivée d'épidémiesépidémies de maladies telles qu'Ebola ou la grippegrippe en provenance des régions chaudes ou tropicales, il favorisera aussi l'apparition de virus issus des régions les plus froides du globe selon une étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B le 19 octobre. Après avoir étudié la composition du sol et la nature des sédiments du lac Hazen, le plus grand lac du nord de l'Arctique, des scientifiques ont séquencé des fragments d'ADNADN et d'ARNARN. Les chercheurs ont ensuite relié, informatiquement, les virus trouvés avec le contexte de transmission favorable présent dans la région : les types d'animaux qui pourraient être un vecteur de transmission de ces virus, mais aussi les plantes et champignons.

    Ils ont ainsi pu déterminer la probabilité que ces virus infectent des hôtes et se répandent ensuite ailleurs, exactement comme le SARS-CoV-2 l'a fait en sautant d'une population animale à une population humaine. Les scientifiques précisent que les virus qui émergeront des glaces auront plus tendance à infecter de nouveaux hôtes qui sont proches génétiquement de ceux qu'ils sont censés rencontrer dans leur région d'origine.   

    La hausse des températures occasionne un double problème en Arctique

    Le réchauffement climatique occasionne un double problème dans ce cas-là : il fait bien sûr fondre les glaces qui peuvent alors relâcher virus et bactériesbactéries enfouis depuis des millénaires, mais pas seulement. La hausse des températures va également conduire des espèces animales et végétales à migrer, donc à quitter leurs habitats d'origine pour retrouver ailleurs des conditions plus favorables à leur survie. En se déplaçant, ces êtres vivants vont transporter avec eux les virus sur d'autres régions. Or, le changement climatique, associé à la destruction du milieu naturel de la faune pour le besoin des activités humaines, conduit les animaux à migrer vers les mêmes zones que les Hommes. Les populations humaines et animales se retrouvent donc sur des espaces de vie de plus en plus rapprochés. Voilà comment l'Arctique pourrait devenir le point de départpoint de départ de nouvelles pandémies.

    Les espèces animales et végétales migrent pour tenter d'échapper à la hausse des températures, et rejoignent les mêmes zones que les humains. © Kerem Yücel, AFP
    Les espèces animales et végétales migrent pour tenter d'échapper à la hausse des températures, et rejoignent les mêmes zones que les humains. © Kerem Yücel, AFP

    Après l'Asie, l'Arctique est le nouveau réservoir des épidémies

    Les déplacements de la faune en raison du changement climatique, avec le risque épidémique que cela comporte, sont déjà un problème dans les régions tropicales : le sud-est de l'Asie est une zone particulièrement surveillée par les chercheurs, notamment pour les migrations de chauves-souris vers les régions plus au nord. Après les zones tropicales, l'Arctique pourrait donc devenir un autre hotspothotspot des pandémiespandémies. Les lacs glaciaires seraient un réservoir immense de virus car leurs sédiments sont remplis de matièrematière organique. La fuite de sédiments, contenant des virus, peut s'effectuer sur le plus long terme, en débordant progressivement avec la fontefonte des glaces.   

    Les lacs glaciaires de l'Arctique sont un point d'émergence de nouveaux virus. © sara_winter, Adobe Stock
    Les lacs glaciaires de l'Arctique sont un point d'émergence de nouveaux virus. © sara_winter, Adobe Stock

    Le nord de l'Arctique est actuellement l'une des zones du monde les plus touchées par le changement climatique : un tiers de la glace qui recouvre l'océan Arctique en hiverhiver a disparu en l'espace de 20 ans.