Elon Musk vient de dévoiler la deuxième partie de son master plan qui verra le constructeur automobile Tesla se lancer dans la fabrication de camions, de bus et de véhicules utilitaires. Il est aussi question de développer un service de partage de voitures autonomes qui permettra à leurs propriétaires d’être rémunérés lorsqu'ils ne les utilisent pas.

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    Il y dix ans de cela, Elon MuskElon Musk, le fondateur et président des entreprises Tesla MotorsTesla Motors, SpaceXSpaceX et SolarCity, dévoilait The Secret Tesla Motors Master Plan (« plan directeur secret de Tesla Motors »). Il y fixait quatre objectifs à atteindre :

    • créer une voiture électrique en petite série vendue à un prix élevé ;
    • utiliser l'argentargent pour développer un deuxième modèle un peu moins cher et produit en plus grande quantité ;
    • utiliser ces fonds supplémentaires pour concevoir un modèle abordable fabriqué en grande série ;
    • fournir de l'énergieénergie solaire.

    Une décennie plus tard, Musk a pour l'essentiel gagné son pari. Le succès du Roadster Tesla (2008, vendu 109.000 dollars soit environ 98.000 euros), écoulé à plus de 2.400 exemplaires a permis de lancer la Model S (2012). Cette berline cinq portesportes dont le prix de base est de 70.000 dollars (environ 65.000 euros) s'est vendue à plus de 107.000 exemplaires, ouvrant la voie à la commercialisation du fameux modèle de grande série. Il s'agit de la Tesla Model 3, dévoilée en avril dernier et qui sera disponible l'année prochaine au tarif de 35.000 dollars (environ 31.700 euros au cours actuel). Plus de 375 000 commandes ont déjà été enregistrées pour la Model 3.

    Pour ce qui est du solaire, Elon Musk est à l'origine de la création de l'entreprise SolarCity, en 2006, qui fabrique, finance et installe des panneaux photovoltaïques pour les particuliers. Dirigée par ses deux cousins, SolarCity est aujourd'hui l'un des principaux prestataires dans ce domaine aux États-Unis.

    Le succès du Roadster Tesla (ici en photo) a permis de lancer la Model S en 2012. © Tesla Motors

    Le succès du Roadster Tesla (ici en photo) a permis de lancer la Model S en 2012. © Tesla Motors

    Les nouveaux projets d'Elon Musk

    Fort de cette réussite, le très prolifique patron vient d'annoncer son Master Plan, Part Deux. La deuxième phase de son grand projet s'annonce encore plus ambitieuse. Voici en résumé de quoi il est question :

    • concevoir des bus électriques d'un nouveau genre mais aussi des camions poids lourds ainsi que des véhicules utilitaires de type pick-up ;
    • créer une offre photovoltaïque domestique avec batterie capable de s'intégrer esthétiquement ;
    • développer la conduite autonome de sorte à la rendre dix fois plus sûre que la conduite manuelle ;
    • proposer un service de partage de voitures autonomes auxquels tous les propriétaires de Tesla pourront se joindre afin de tirer des revenus de leur véhicule lorsqu'ils ne s'en servent pas.

    Devenir une entreprise d’énergie durable

    Pour Elon Musk, être un constructeur automobileautomobile reconnu n'est pas une fin en soi. Le but poursuivi, écrit-il, c'est « accélérer l'avènement de l'énergie durable ». « Par définition, nous devons à un moment donné parvenir à une économie de l'énergie durable ou nous allons manquer de combustiblescombustibles fossilesfossiles à brûler et la civilisation s'effondrera », prévient-il.

    C'est pour aller dans cette direction qu'il a récemment annoncé que Tesla Motors se portait acquéreur de SolarCity (dont Musk est l'actionnaire majoritaire) pour 2,8 milliards de dollars. L'idée est de réunir la solution de stockage d'énergie renouvelableénergie renouvelable Powerwall qu'a créé Tesla avec l'offre d'installation photovoltaïque de SolarCity. Le but, à terme, est de proposer aux particuliers un produit complet, simple et esthétique, qui se pilotera depuis un smartphone. Au final, de constructeur automobile, Tesla va se transformer en entreprise d'énergie renouvelable.

    Beaucoup d'observateurs sont aujourd'hui sceptiques sur la viabilité économique du rapprochement entre Tesla Motors et SolarCity. Pourtant, ce pari audacieux d'Elon Musk repose sur une vision qui ouvre de vraies perspectives. Dans un futur où les énergies renouvelables, et en particulier le solaire, feront partie de notre quotidien, pourquoi ne pas imaginer que l'on puisse acheter, en même temps, sa voiture électrique ainsi que toute l'installation de production photovoltaïque et de stockage qui sert à son habitation ? Se créerait alors un cercle vertueux qui pourrait voir la maison et la voiture partager leur énergie.

    L'entreprise SolarCity a été fondée en 2006 par deux cousins d’Elon Musk qui en est aujourd’hui le président et le principal actionnaire. © SolarCity

    L'entreprise SolarCity a été fondée en 2006 par deux cousins d’Elon Musk qui en est aujourd’hui le président et le principal actionnaire. © SolarCity

    Des bus électriques et autonomes sans allée centrale

    Comme il l'a souvent dit, le patron de Tesla Motors entend révolutionner les transports au sens large. Rappelons que c'est lui qui est à l'origine du projet Hyperloop. C'est donc tout naturellement qu'il nous annonce qu'il se lance dans la conception de poids lourds, de bus et de pick-up électriques. Le camion baptisé Tesla Semi, vraisemblablement doté d'une fonction autonome, « offrira une réduction substantielle du coût de transport de marchandises tout en augmentant la sécurité et en étant vraiment amusant à conduire », écrit-il.

    Quant au bus, Elon Musk les imagine autonomes, plus petits que les modèles actuels, dépourvus d'allée centrale, avec un maximum de sièges, pouvant accueillir poussettes, vélos et chaises roulantes. Ce bus idéal calera ses accélérations et freinages avec ceux des autres véhicules afin de mieux s'insérer dans le trafic. Les chauffeurs, pour leur part, se transformeront en « gestionnaires de flotte ».

    Presque tout le monde pourra posséder une Tesla

    Tout cela ne sera possible qu'avec une technologie de conduite autonome totalement aboutie. Tesla a choisi de jouer les pionniers dans ce domaine en proposant sur ses Model S et X la fonction Autopilot en version bêta. Dans certaines circonstances favorables, et à condition que le chauffeur garde constamment les mains sur le volant et soit prêt à réagir, la voiture peut prendre les commandes.

    Rappelons que récemment, le constructeur s'est retrouvé dans la tourmente après le décès d'un conducteur au volant d'une Tesla roulant en Autopilot. Bien que l'accidentaccident ne soit pas directement lié à une défaillance du système, il n'a pas manqué de soulever une vive polémique. Toutefois, Elon Musk est resté ferme dans sa conviction que l'Autopilot était d'ores et déjà plus sûr que la conduite manuelle. « [...] Il serait moralement répréhensible de retarder la sortie [de l'Autopilot, NDLRNDLR] simplement par crainte d'une mauvaise presse ou pour quelque calcul mercantile à propos de la responsabilité juridique ».

    Tesla va donc poursuivre le développement de sa technologie de conduite autonome. Pour cela, le constructeur se sert des millions de kilomètres accumulés en Autopilot pour améliorer le système, principalement sur sa partie logicielle. Elon Musk estime qu'il faudra atteindre un volumevolume d'analyse de données équivalent à 10 milliards de kilomètres parcourus en mode autonome pour que les autorités donnent leur aval à l'échelle mondiale. Actuellement, précise Musk, ce volume s'élève à un peu de plus de 5 millions de kilomètres par jour. En ce qui concerne l'Autopilot, il restera en mode bêta tant qu'il ne sera pas « approximativement » dix fois plus sûr que ne l'est la conduite manuelle.

    Une fois que la voiture autonome sera complètement opérationnelle et approuvée par les autorités concernées, Tesla Motors compte proposer un service de partage encore inédit, ouvert à tous les possesseurs d'une Tesla avec Autopilot. Lorsqu'ils n'utiliseront pas leur voiture, ils pourront la mettre à disposition de la flotte Tesla via une applicationapplication mobile et ainsi être rémunérés sur les trajets effectués. Musk va jusqu'à imaginer que les revenus puissent compenser, voire dépasser, le coût mensuel d'un prêt ou d'un crédit-bail d'une Tesla. « Cela réduit considérablement le coût réel de la propriété au point où presque tout le monde pourrait posséder une Tesla », assure-t-il. L'idée a assurément de quoi séduire.

    Évidemment, Elon Musk est avant tout un homme d'affaires et il pourrait bien réussir à bâtir un empire qui règnerait sur des domaines clé de nos vies (les transports, l'énergie) mais aussi dans l'espace, avec SpaceX et ses projets de conquête de Mars. Toutefois, contrairement à beaucoup de ses homologues, il propose une vraie vision de l'avenir pour laquelle il est prêt à jouer son va-tout. Tout cela est passionnant et il faut avouer que l'on est très curieux de savoir s'il a vu juste. Rendez-vous dans 10 ans !