Pour le 26e anniversaire de son lancement, le vénérable Hubble a tiré le portrait de la nébuleuse Bubble, situé à plus de 7.000 années-lumière. Cette fois, nous la découvrons toute entière avec d’impressionnants détails. Ce sont les vents de la très jeune étoile massive à l’intérieur qui ont formé cette gigantesque coquille bleutée de 7 à 10 années-lumière de large.

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    C'est presque devenu une tradition : chaque année, pour marquer l'anniversaire du célèbre télescope spatial Hubble, l'Esa et la Nasa consacrent une petite fraction de son précieux temps d'observation à réaliser le portrait d'un objet céleste iconique dûment sélectionné. Pour fêter ses 26 ans en orbite, le 24 avril, c'est une grande bulle de gaz colorée qui nous est offerte. Elle peut évoquer une bulle de savon, mais elle n'est pas tout à fait de même nature et est encore loin d'éclater...

    Découverte en 1787 par William HerschelWilliam Herschel, l'objet surnommé « nébuleuse de la Bulle » (Bubble nebula), de son nom officiel NGC 7635, est en réalité un vaste nuagenuage en expansion d'environ 7 à 10 années-lumièreannées-lumière de large - plus d'une fois et demie la distance qui nous sépare de Proxima du CentaureProxima du Centaure - situé à 7.100 années-lumière de la Terre, au sein de la constellationconstellation de Cassiopée. C'est un des rares à avoir été imagé par différents instruments qu'a connus Hubble tout au long de sa carrière : une première fois en septembre 1992 avec la caméra planétaire à large champ (WFPC pour Wide Field Planetary Camera), la seconde en avril 1999 avec la WFPC2 et enfin, en février 2016 (publiée le 21 avril), avec la WFC3. Cette fois, au contraire des précédentes, la Bulle qui est donc très étendue, peut être appréhendée dans son ensemble (l'image réunit quatre vues indépendantes).


    Visualisation en trois dimensions de la nébuleuse de la Bulle, large de 7 à 10 années-lumière. © Nasa, Esa, F. Summers, G. Bacon, Z. Levay, L. Frattare (Viz 3D Team, STScI)

    Une étoile massive au cœur de cette tempête

    Même si, de prime abord, cette bulle bleutée peut donner l'illusion d'être une nébuleuse planétaire, caractérisée par une étoileétoile mourante, de type soleilsoleil, qui expulse ses couches externes, elle est en réalité créée par les ventsvents d'une étoile infernale née dans un nuage moléculaire il y a à peine 4 millions d'années. BD +60 2522, ou encore SAO 20575, est une étoile de type Wolf-Rayet, 45 fois plus massive que le Soleil selon la Nasa, mais entre 10 et 20 fois selon l'Esa. Dans relativement peu de temps (à l'échelle cosmique), 10 à 20 millions d'années, elle achèvera son existence en supernovasupernova. Très chaud et donc très brillant, l'astreastre a d'ores et déjà perdu de grandes quantités d'hydrogènehydrogène, échappé sous forme de vent stellaire très véloce, et a vraisemblablement commencé à fusionner l'héliumhélium.

    À l'image d'un chasse-neige, le flot de gaz ininterrompu qui progresse actuellement à plus de 100.000 km par heure, pousse et accumule sur son front la matièrematière environnante, plus froide, laquelle s'efforce de le freiner. Étrangement, l'étoile responsable de ce déluge n'est pas visible au centre de la coquille, mais excentrée. Il est possible que cela soit dû aux différentes densités des nuages, mais les causes sont toujours en discussion. À l'extérieur et à travers la Bulle translucidetranslucide, on peut observer de remarquables structures de gaz et de poussières (ils sont comparables aux fameux « piliers de la création » que l'on pourrait voir aussi comme des « piliers de la destruction ») qui tentent de résister à l'assaut des rayons ultravioletsultraviolets. Enfin, signalons que tout près de l'étoile ardente, on distingue des « nœudsnœuds cométaires » qu'elle irradie, des paquetspaquets de poussière de forme allongée aussi grands que notre Système solaireSystème solaire, alors que leur massemasse équivaut à celle de la Terre.

    Dans ce nouveau tableau d'Hubble, l'oxygèneoxygène est suffisamment chauffé pour émettre de la lumière bleuelumière bleue. Dans les régions plus froides qui entourent la coquille, l'hydrogène et l'azoteazote apparaissent dans les tons jaunes, vert et rouge.

    Il n'est qu'à voir ces dernières observations des confins de l’univers et ce paysage cosmique de notre GalaxieGalaxie qu'il a dépeint pour être convaincu que le télescope spatial a encore de beaux jours devant lui.