Combien notre planète compte-t-elle de lacs et quelle surface représentent-ils ? On ne sait pas répondre à ces questions de manière précise, alors que ces réserves d’eau douce ont des échanges importants avec l’atmosphère, en particulier de gaz à effet de serre. Une équipe internationale vient de présenter la meilleure évaluation jamais réalisée, grâce à l’imagerie satellitaire Geocover. Plus de cent millions de lacs, recouvrant 3,7 % de la surface terrestre, sont désormais enregistrés dans la base de données Glowabo.

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    Une région de Russie riche en lacs. La Terre compte des centaines de millions de ces accumulations d'eau douce, de tailles très variables et qui sont le siège d'échanges complexes avec l'atmosphère. © CNRS-Insu, GeoCover

    Une région de Russie riche en lacs. La Terre compte des centaines de millions de ces accumulations d'eau douce, de tailles très variables et qui sont le siège d'échanges complexes avec l'atmosphère. © CNRS-Insu, GeoCover

    Une description précise de la distribution géographique, de l'abondance, de la taille, de la forme et de l'altitude des lacs est essentielle pour quantifier les contributions limnétiques au cycle global du carbonecarbone, notamment dans un contexte de réchauffement climatique. Si les lacs ne représentent qu'une petite fraction de la surface de la planète, ils sont en revanche reconnus comme étant des sites d'activité biogéochimique très intense. De ce fait, ils sont en général une source importante d'émissionémission de gaz à effet de serre, tels le dioxyde de carbone (CO2) ou encore le méthane (CH4) qu'ils rejettent dans l'atmosphère. Cependant certains peuvent en absorber qu'ils n'en rejettent et être ainsi des puits de carbone terrestre.

    Les stocks et flux de carbone sont encore très mal connus, en partie parce que la question de l'abondance et de la taille des lacs est demeurée jusqu'à ce jour sans réponse précise, les études réalisées se basant soit sur des éléments cartographiques incomplets à l'échelle globale, soit sur des approches statistiques inexactes. Une équipe internationale, à laquelle participait un chercheur du Laboratoire d’océanologie et de géosciences (LOG, université Lille 1, CNRS, université du Littoral Côte d'opaleopale) vient de constituer, à partir de données de télédétection spatiale, une base de donnéesbase de données appelée Glowabo (pour Global Water Bodies).

    Un exemple de la cartographie détaillée des lacs réalisée grâce au catalogue d'images <em>Geocover</em> du programme Landsat. © CNRS-Insu

    Un exemple de la cartographie détaillée des lacs réalisée grâce au catalogue d'images Geocover du programme Landsat. © CNRS-Insu

    Les petits lacs sont minoritaires

    Pour ce faire, ils ont utilisé l'imagerie satellitaire GeoCover à haute résolutionrésolution spatiale (14,25 m par pixelpixel) sur l'occupation des sols. Glowabo recense, pour la première fois de manière aussi précise, les informations géographiques et morphométriques d'environ 117 millions de lacs répartis sur l'ensemble de la surface du globe hormis les zones glaciaires (AntarctiqueAntarctique et Arctique) et ayant une superficie supérieure à 0,002 km2. Leur surface totale couvre environ 5 millions de km2, soit 3,7 % de la surface terrestre. Les résultats viennent d'être publiés dans la revue Geophysical Research Letters.

    Grâce à Glowabo, les chercheurs ont pu montrer qu'en superficie, ce sont les grands lacs et ceux de tailles intermédiaires qui dominent. Par rapport à des travaux antérieurs qui avaient estimé le nombre de lacs en se basant sur une approche essentiellement statistique (à plus de 304 millions), cette étude a permis de mettre en évidence un nombre certes moins important de lacs, mais dont l'ensemble couvre néanmoins une surface totale plus importante.

    Cette analyse a permis de réduire considérablement le niveau d'incertitude par rapport aux estimations précédentes et constitue de ce fait un tremplin pour une meilleure évaluation des problèmes fondamentaux et appliqués liés aux questions de limnologie à l’échelle mondiale. Cette évaluation plus précise du nombre et de la taille des lacs va notamment permettre une meilleure compréhension de leur influence sur les processus biogéochimiques à grandes échelles et donc sur le climatclimat.