Le désastre écologique a de nombreux visages, et celui de la déforestation pourrait devenir encore plus laid. Dans le contexte actuel de prise de conscience des problèmes liés au changement climatique, à l’appauvrissement de la biodiversité mondiale et à la destruction des écosystèmes, les entreprises qui y participent le plus seraient avisées de s’efforcer à réduire leur impact. Au-delà des engagements de façade, comptent-elles réellement agir en ce sens ?


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    La déforestation est une des conséquences désastreuses de l'expansion des activités humaines, et est principalement causée par l'exploitation du boisbois, l'extension des cultures agricoles et des villes. Cette catastrophe planétaire qui s'accélère d'année en année touche en particulier les pays tropicaux, alors que les pays développés des zones tempérées reboisent lentement depuis une trentaine d'années. D'ailleurs, c'est surtout pour répondre à la demande de ces derniers que les pays du Sud se défrichent massivement, et l'Union européenne prévoit d'appliquer une loi qui garantira que les produits vendus dans l'UE n'ont pas récemment contribué à la déforestation (après le 31 décembre 2020). Les efforts de cette institution sont probablement louables, mais qu'en est-il des entreprises les plus liées à la déforestation ? Ont-elles prévu de travailler pour réduire l'impact de leur activité néfaste ?

    « <em>Quand les Européens consomment, les forêts se consument</em> », tel était le titre du rapport du WWF d'avril 2021 qui désignait l’Union européenne comme deuxième importateur mondial de déforestation tropicale, après la Chine mais devant les États-Unis. © whitcomberd, Adobe Stock
    « Quand les Européens consomment, les forêts se consument », tel était le titre du rapport du WWF d'avril 2021 qui désignait l’Union européenne comme deuxième importateur mondial de déforestation tropicale, après la Chine mais devant les États-Unis. © whitcomberd, Adobe Stock

    Les vraies implications des grandes entreprises 

    Le projet Forest 500, porté par l'organisation Global Canopy, classe depuis neuf ans les 350 entreprises et les 150 institutions financières avec la plus grande influence sur la déforestation, et les non-respects des droits humains qui l'accompagnent. Le rapport annuel de Forest 500 inspecte les politiques d'action et les activités de ces organisations les plus susceptibles de soutenir ou d'intégrer de la déforestation dans leur chaîne d'approvisionnement et leurs investissements. Il révèle qu'une grande partie des 500 n'en font résolument pas assez pour corriger leur impact, en fait, 40 % d'entre elles (201) ne mettent même rien en place ! Parmi celles qui ont des engagements, beaucoup ne contrôlent pas assez leur mise en place, ce qui signifie que la déforestation risque d'avoir tout de même lieu. 

    L'engagement des acteurs les plus influents

    Le secteur de la finance est, sans surprise, particulièrement à la traîne et apporte plus de 6 000 milliards de dollars à des entreprises susceptibles de comporter de la déforestation dans leur chaîne d'approvisionnement. Selon le rapport, les gouvernements n'en font pas non plus assez. Si beaucoup se sont engagés durant la COP 26 de 2021 ou en signant l'accord de Paris, la plupart n'ont pas encore mis en place de politique d'action pour lutter contre la déforestation. Il recommande aussi à l'UE et le Royaume-Uni d'étendre leur engagement en incluant leur secteur financier dans leur législation...