Les enjeux environnementaux d’aujourd’hui nous challengent et nous poussent à questionner chacune de nos habitudes, même celles qui semblent insignifiantes, comme la façon dont nous payons nos achats courants.


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    Dans ce dossier, c’est notre façon de régler nos achats du quotidien qui est décryptée. Est-ce que les paiements par carte bleue sont plus éco-responsables ? Est-ce possible de réduire notre empreinte environnementale dans notre façon de payer ?

    Le paiement par carte, l'option préférée des Français

    D’après un sondage initié en janvier 2022 par Statista, le recours à la carte bancaire est bien le moyen de paiement privilégié par les Français. Sur le panel de personnes interrogées, 68 % préfèrent régler avec la carte sans contact et 63 % des achats sont faits avec la carte en tapant le code confidentiel.

    Bien que cette tendance ne date pas d’hier, l’emploi de la carte a été impulsé par la crise du coronavirus. La possibilité de payer sans contact, l’augmentation du plafond et la baisse du montant minimum chez les commerçants ont permis de limiter les contacts physiques : moins d’échanges de monnaie et plus besoin d’entrer le code confidentiel sur le terminal. C’est désormais devenu un automatisme pour beaucoup de personnes qui avaient encore l’habitude de chercher des pièces et des billets dans leur porte-monnaie pour finaliser leurs achats.

    Quelle est l'empreinte carbone de la carte bleue ?

    En 2011, la Fédération bancaire française (FBF) a réalisé une étude en partenariat avec Ernst & Young et Bio Intelligence Service pour déterminer les enjeux de fabrication et de distribution de chaque moyen de paiement. Voici un résumé de ce qui ressort de cette analyse :

    • La carte bancaire : cet état des lieux a estimé l’incidence de l’utilisation du plastique, de la fabrication de la puce électronique avec des composants rares, des trajets pour l’expédition et la mise en route du moyen de paiement, l’électricité pour faire fonctionner le terminal chez le commerçant et la gestion électronique (archivage, utilisation du site internet, serveur…).
    • Les chèques : en plus de la production de papier, les carnets de chèques nécessitent d’être acheminés jusqu'à la banque puis envoyés par courrier à leur destinataire ou retirés dans une agence physique. Le dépôt par courrier postal ou au comptoir doit lui aussi être pris en compte. Surtout lorsque l’on sait que le chèque est de moins en moins utilisé (et de moins en moins accepté par les établissements et commerçants). Les chèques représentent en effet environ 1,7 million de transactions en France pour l’année 2019 selon une estimation de FBF.
    • Les espèces : pour calculer l’empreinte carbone des billets et pièces de monnaie, il faut considérer toute la logistique de circulation, de ramassage, de distribution et de destruction ou recyclage.
    Espèces, chèques, carte bleue, nos différents moyens de paiement ont tous une empreinte carbone. Lequel est le plus respectueux de l'environnement ? © iMin Technology, Pexels
    Espèces, chèques, carte bleue, nos différents moyens de paiement ont tous une empreinte carbone. Lequel est le plus respectueux de l'environnement ? © iMin Technology, Pexels

    En pratique, et à l’échelle individuelle, le paiement par carte bancaire aurait un impact sept fois moins polluant que le recours aux espèces. Au premier abord, les répercussions sont donc assez minimes. Cumulées et multipliées par le nombre d’usagers, elles prennent une dimension tout autre. Sur l’hexagone, cela représente 72,7 millions de cartes en circulation et 490 milliards d‘euros dépensés (Source : GIE Cartes Bancaires – 2020), une info relayée par la FBF.

    Pour diminuer les effets polluants de nos modes d’achat, il se pourrait que toute la chaîne de transaction soit repensée et optimisée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut également regarder la situation dans son ensemble et tenir compte des actions auxquelles on ne pense pas forcément en évoquant le bilan carbone d’un moyen de paiement comme l’affectation de véhicules blindés pour transporter les espèces ou encore la disponibilité 24 heures sur 24 des distributeurs automatiques de billets.

    Quelles sont les autres initiatives éco-responsables ?

    Les banques essaient de prendre, elles aussi, des initiatives pour réduire leur impact en mettant en place une taxe carbone, en favorisant la signature électronique et les contrats numériques ou en réinvestissant dans des projets de développement durable. Elles ont également adopté la dématérialisation de nombreux documents. Aujourd’hui, il est possible de privilégier la réception de relevés bancaires par voie électronique et non plus systématiquement par courrier. Un gain de temps, d’espace de stockage et une fluidité de gestion, tant pour les organismes bancaires que pour leurs clients.

    Cette croissance des services digitaux répond aux attentes de mobilité et d’accessibilité des usagers tout en étant plus respectueux de l’environnement. Néanmoins, même si la digitalisation permet de diminuer les déplacements et l’utilisation du papier, elle demande en contre-partie de nombreuses ressources énergétiques et augmente la pollution numérique.

    Est-ce possible de réduire l'empreinte carbone des cartes bancaires ? © Nathana Rebouças, Unsplash
    Est-ce possible de réduire l'empreinte carbone des cartes bancaires ? © Nathana Rebouças, Unsplash

    Certains organismes bancaires se lancent dans la conception de cartes plus éthiques, fabriquées avec des matériaux durables comme du plastique recyclé ou de l’amidon de maïs. D’autres ont étendu la période de validité des cartes de paiement de 2 à 3 ans. Un prolongement de cette durée pourrait être envisagée. Ce changement non négligeable aurait pour effet de restreindre la production et l’envoi de nouvelles cartes.

    Autre évolution récente qui doit être mentionnée : la fin des tickets de caisse depuis janvier 2023, ou du moins l’obligation pour les commerçants de vous proposer une alternative dématérialisée en transmettant par mail ou par SMS la preuve d’achat. Une nouvelle loi qui permet ainsi de limiter le gaspillage de papier et l’exposition aux substances contenues sur le papier et dans l’encre du ticket de caisse. Plus sûrs pour la santé des usagers, plus éco-responsables !