Manger des insectes est plus une extravagance qu'une nécessité dans notre société occidentale. Et pourtant, bien des populations en consomment par besoin… et même par plaisir car ces ‘aliments' sont riches en goût et en protéines. D'où l'idée de Juan Antonio Garcia Oviedo : s'en servir pour lutter contre la malnutrition.

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    Bon appétit !!!

    Bon appétit !!!

    En Asie du Sud-Est, la punaise d'eau géante (Lethocerus indicus) ravit le palais de bien des gourmands. Réduite en purée, elle est l'ingrédient de base du nam prik mangda, une sauce que les Laotiens et les Thaïlandais consomment avec des légumes et du riz. La chrysalidechrysalide du ver à soiever à soie (ver qui n'est autre que la chenille du papillon Bombyx mori) a aussi ses amateurs en Chine, au Japon et Corée du Sud. Les fileuses qui récupèrent le brin de soie en ont même fait leur en-cas favori, histoire de se redonner un coup de 'punch' pendant le travail. Frit avec de l'oignonoignon, il parait que c'est délicieux !

    Sur le continent africain, on est plutôt 'chenilles', à la tomatetomate, crues, séchées, ou même rôties. Bref après, tout est histoire de goût... Au Mexique, on apprécie les chenilles, une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal mais quand même, ça n'a rien à voir avec la saveur des œufs et larveslarves de fourmisfourmis ! Et puis, là-bas, il y du choix : près de 200 espècesespèces d'insectesinsectes que l'on peut goûter à toute heure. Par exemple, prenez une tortilla et bourrez-la de jumiles (des punaises) arrosés de sauce tomate piquante. C'est divin, et encore meilleur si vous écrasez la tortilla entre vos mains -une astuce des cuisiniers mexicains- car les punaises menacées sécrètent une substance qui donne bien plus de goût.

    Justement, toutes ces recettes n'ont pas échappé à Juan Antonio Garcia Oviedo, entomologisteentomologiste à l'Institut Polytechnique National de Mexico. Forcément sensible au fait que dans son pays, 40 millions de personnes souffrent de malnutrition, cela fait 15 ans qu'il cherche à améliorer le régime alimentaire des plus pauvres : qu'il soit meilleur qualitativement parlant et à moindre coût ! Alors quand il nous dit : "les tortillas à la farine de grillon contiennent 85% de protéinesprotéines et la farine de vers 52% !", comment ne pas croire qu'il a enfin trouvé la solution ? D'ailleurs, l'expérience qu'il a menée dans une école d'un quartier défavorisé a porté ses fruits : "après six mois d'alimentation des gamins, nous avons constaté que leur rendement scolaire s'améliorait, qu'ils gagnaient du poids, que leur croissance s'accélérait et qu'ils retrouvaient des couleurs", soutient-il.

    Les enfants sont en effet sa cible principale, et il suppose que les adultes seront plus difficiles à convaincre. Mais l'enjeu est de taille, car selon lui, la teneur en acides aminésacides aminés d'une saucisse de grillons est deux fois supérieure à celle d'une saucisse normale et l'apport en protéines trois fois. C'est dire ! A présent, il attend le sésame des autorités sanitaires qui doivent mettre en place un système de certificationcertification sérieux pour les aliments à base d'insectes. D'ici là, n'hésitez plus, au menu ce midi : sauterellessauterelles en apéritif, haricots rouges sur son lit de charançons, et en dessert, vers de terre au chocolat... De quoi s'en mettre plein les yeuxyeux et les papilles !