Deux « cadavres » ont été opportunément présentés comme « non-humains » au congrès mexicain. Mais des chercheurs en ont déjà étudié de semblables. Et ils le rappellent : ces « momies » ne sont pas d’origine extraterrestre !


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    L'histoire a commencé il y a deux jours. Le congrès mexicain abordait alors un thème pour le moins sensible. Celui de ceux que la langue espagnole qualifie de Fani et que l'on pourrait traduire par « phénomènes anormaux non identifiés ». Et c'est l'occasion qu'un chasseur d’Ovni passionné -- passionné ne signifiant en rien expert scientifique -- du nom de Jaime Maussan a saisie pour présenter aux législateurs locaux, ce qu'il prétend être « des cadavres non-humains ». Mieux encore, « des spécimens qui ne sont liés à aucune autre espèceespèce dans notre monde. La preuve ultime que nous ne sommes pas seuls » dans l'Univers.

    Le saviez-vous ?

    L’appellation Ovni — pour Objet volant non identifié — a aujourd’hui été abandonnée. L’acronyme PAN – pour Phénomène aérospatial non identifié — lui est préféré, car il s’avère que dans la plupart des cas signalés d’Ovni, les enquêtes ont montré que les phénomènes décrits n’ont pas de lien avec un objet matériel. Les anglophones, eux, ont adopté l’appellation Phénomènes anormaux non identifiés ou Unidentified anormalous phenomena (UAP).

    Les deux personnages dont les images ont depuis largement diffusé sur les réseaux sociauxréseaux sociaux ressemblent à s'y méprendre à l'adorable E.T. du blockbuster du début des années 1980. Des créatures blanches avec des têtes allongées vers l'arrière, des orbites disproportionnées, trois doigts à chaque main et des membres fins et longs.

    Des « cadavres non-humains », beaucoup de fantasme et peu de faits

    Jaime Maussan a expliqué que ces deux « corps » ont été récupérés au Pérou en 2017. Dans la région où sont dessinées les lignes de Nazca dont certains aiment à approprier le tracé à des civilisations extraterrestres. Ils sont vieux d'environ 1 000 ans. Et le passionné d'Ovni a mis au défi les scientifiques de mener l'enquête sur leur origine.

    Sommes-nous seuls dans l'Univers ? Cette question suit l'humanité depuis des siècles, voire des millénaires. © Futura

    Habile, mais l'enquête en question pourrait bien déjà avoir été menée. Rappelons en effet que de telles « momies » -- découvertes, semble-t-il, en 2015, celles-là -- avaient déjà été présentées comme des « cadavres non-humains » dans un documentaire intitulé « Unearthing Nazca ». Sur une plateforme pour le moins friande de pseudosciences. C'était en 2017.

    Les explications des scientifiques pour ces cadavres qualifiés de « non-humains »

    Or, dès 2018, un groupe de chercheurs péruviens avait remis les pendules à l'heure. Expliquant, par exemple, que les pieds et les mains de ces « momies » pourraient être constitués de véritables restes humains manipulés par des faussaires. Des faussaires qui auraient tenté de couvrir leur crime grâce à un revêtement blanc. L'un des chercheurs déclarait même alors trouver « particulièrement répugnant l'idée de déshumaniser des corps humains décédés, de vouloir retirer sa condition humaine à un être humain ».

    Il est répugnant de déshumaniser des corps humains décédés.

    Les chercheurs notaient aussi que les supposés « cadavres non-humains » avaient alors été découverts par des chasseurs de trésors, des délinquants bien connus dans la région. Et certains experts scientifiques présentés dans le documentaire se révèlent difficiles à retrouver.

    D'autres anthropologues expliquent que les têtes allongées des « corps » présentés par Jaime Maussan pourraient tout simplement être le résultat d'une pratique ancienne dans la région de Nazca. Un rituel religieux, peut-être, qui voulait que le crânecrâne des jeunes enfants soit attaché pour le déformer.

    Finalement, un rapport du bureau du procureur du pays avait conclu que les « corps » correspondaient à « des poupées de fabrication récente, qui ont été recouvertes d'un mélange de papier et de colle synthétique pour simuler la présence de peau ». Ajoutant que « ces poupées sont presque certainement fabriquées par l'Homme et qu'il ne s'agit pas de restes d'ancêtres extraterrestres ».