Depuis un an, l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA) rend disponible sur dossier la formation du module d'astronomie observationnelle de son master d'astrophysique en distanciel. Toute personne ayant acquis des connaissances correspondant à un niveau Bac+3 scientifique, avec de la physique et des mathématiques, peut candidater avec in fine la possibilité d'utiliser un des télescopes de 1 mètre de l'OCA pour étudier les astéroïdes, les galaxies et même les exoplanètes, et bien d'autres objets astrophysiques encore. La formation débouche sur un DUAO (Diplôme universitaire d’astronomie observationnelle) attestant de certaines connaissances générales en astronomie ainsi que de compétences pour utiliser des outils de bases de l'astrophysique observationnelle professionnelle.


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    Nous sommes sans doute nombreux à avoir rêvé un jour d'être astronomeastronome ou astrophysicienastrophysicien, mais il faut pour cela faire des études jusqu'à obtenir une thèse et les docteurs en astronomie ou astrophysique sont trop nombreux pour avoir tous une place dans la recherche. Heureusement, il existe bien des cours d'astronomie et d'astrophysique théorique en ligne que l'on peut aborder en s'étant là aussi formé sur la toile en mathématique et en physique, à défaut d'avoir passé au moins une licence à l'Université contenant des modules dans ces domaines.

    Il est moins évident d'apprendre en autodidacte les bases de l'astronomie observationnelle telles qu'elles sont enseignées en master d'astronomie et surtout, tout le monde ne possède pas un télescope avec un miroir de plusieurs dizaines de centimètres et équipé d'un spectrographe (sans parler d'instruments sous une coupolecoupole et sur un site d'observation ayant une atmosphèreatmosphère peu turbulente et largement exempte de pollution lumineusepollution lumineuse).

    C'est donc une opportunité inespérée que de pouvoir candidater au DUAO (Diplôme universitaire d'astronomie observationnelle). Un diplôme délivré par l'Université Côte d’Azur qui, en quelque sorte, n'est rien de moins que le module d'astronomie pratique extrait de la première année du master MAUCA (Master d'astrophysique de l'université Côte d'Azur) de l'Observatoire de la Côte d’Azur (OCA).

    La formation se déroule sur un an, en distanciel, à raison d'un cours par semaine le soir pendant trois heures de mi-septembre à mi-juin. Les candidatures sont ouvertes à toute personne ayant au moins le niveau d'une licence en physique, mathématique ou science de la Terre, mais éventuellement aussi à un astronome amateur expérimenté avec un bagage suffisant évalué lors d'un entretien.

    Le DUAO nécessite beaucoup de travail personnel mené régulièrement, mais les cours donnés en ligne par des astronomes professionnels de l'OCA sont enregistrés et mis en ligne tout au long de l'année. Les enseignants sont aussi disponibles par mail, voire par Zoom, en cas de difficultés.


    C2PU en drone. © Sté Marara

    La partie pratique du DUAO repose sur la possibilité de s'entraîner d'abord sur des données prises dans le cadre du projet C2PU (Centre pédagogique Planète Univers), qui rend possible l'utilisation de deux télescopes astronomiques professionnels de 1 mètre de diamètre localisés sur le site de Calern de l'Observatoire de la Côte d'Azur, mais aussi de mener en fin d'année un petit programme d'observation en pilotant à distance l'un des télescopes pour faire des prises de données, aussi bien dans le domaine de la photométrie que de la spectroscopie.

    En pratique, le DUAO permet notamment de s'entraîner à traiter des données de bases pour découvrir des exoplanètesexoplanètes, établir la rotation de certains astéroïdesastéroïdes, dater des amas d'étoilesétoiles et même étudier dans le visible des galaxiesgalaxies et des microquasars. L'objectif n'est donc pas d'apprendre à faire des belles images, comme celle de la nébuleusenébuleuse de Jones-Emberson 1 qui a eu les honneurs de l'Astronomy Picture of the Day, mais bien d'apprendre à conduire une observation astronomique de A à Z dans le but d'en déduire des paramètres physiques de qualité professionnelle.

    Le DUAO débute par des cours théoriques généraux portant sur quasiment toute l'astrophysique et ses outils, comme bien sûr les caméras CCDCCD, les spectrographes et les télescopes eux-mêmes. Le niveau et son contenu sont comparables à ceux du fameux cours d’astronomie et d’astrophysique d’Agnès Acker et ne nécessitent pas de concepts en maths et en physique qui vont au-delà du premier tome du célébrissime cours de physique de Feynman portant sur la mécanique, l'optique et la thermodynamiquethermodynamique, des notions de bases sur les statistiques et l'analyse de Fourier comprises.

    Les logicielslogiciels de traitement de données comme AstroImageJ ou encore IRAF utilisés par les astronomes professionnels permettent d'analyser les images des télescopes de C2PU mais le DUAO montre bien aussi, et enseigne, qu'en fait le traitement des données se fait aussi souvent en écrivant un code en Python, de sorte qu'il est recommandé, bien que pas obligatoire pour les exercices et travaux pratiques qui sont proposés, d'apprendre aussi des exemples qui sont donnés pour se former et s'habituer à coder en astronomie, ce que font lourdement bien des astronomes professionnels. On peut se faire une idée du niveau de PythonPython que l'on aborde dans les cours en supposant déjà une certaine familiarité avec le contenu en libre accès du court ouvrage Python for Astronomers. Ceux qui sont sous LinuxLinux et MacMac trouveront aussi certains cours plus faciles à suivre mais le DUAO est aussi conçu pour pouvoir utiliser Windows.


    L’épisode 9/10 de la mythique série de Robert Pansard-Besson. Conseillers scientifiques Pierre Lena, Jean-claude Pecker, Michel Serres. Musique Georges Delerue : « Pour découvrir la Terre, le Soleil, les planètes, les milliards d'étoiles, notre Galaxie, les milliards d'autres galaxies, l'Univers, l'Espace, le Temps, il a fallu construire depuis quelques milliers d'années des observatoires, des observatoires astronomiques. C'est leur Histoire & l'histoire de leurs découvertes qui sont ici racontées en dix tours du Monde, dix tours du Ciel. » © Les productions Berthemont, La Sept

    Pour avoir eu la chance d'être pris dans la formation qu'offre le DUAO de l'OCA, je ne peux que vivement le recommander. Les cours sont très pédagogiques, même si l'on se rend compte qu'ils demandent plus de travail qu'on ne le pensait au départ quand on a déjà une activité professionnelle, ce qui a justifié de les faire passer d'un semestre à une année désormais. Les enseignants sont particulièrement disponibles, n'épargnant pas leur peine pour répondre aux questions et aux problèmes que l'on rencontre en utilisant les logiciels de traitement de données.

    Le DUAO donne, en fait, toutes les clés pour explorer soi-même plus profondément par la suite l'astronomie observationnelle et même exploiter les données disponibles en ligne fournies en particulier par l'observatoire virtuel, comme le ferait un professionnel ou un étudiant commençant sa thèse. Mais il ne s'agit bien sûr que de l'alphabet complet, de quelques centaines de mots et de la grammaire de base, une vie entière est ensuite nécessaire pour se perfectionner dans la composition des textes qui restent à écrire. On se sent plus proche des scènes commentées par Pierre Lena, Jean-claude Pecker et Michel Serres dans le célèbre documentaire en 10 épisodes Tours du Monde, Tours du Ciel.

    Pour ceux qui ont suivi les trois derniers parcours (P5, 6, 7) du DU Lumières sur l’Univers de l'Observatoire de Paris, le DUAO de l'OCA est l'étage supérieur qui s'y ajoute et qui le complète au niveau master 1.

    L’inscription est ouverte depuis le 1er juillet et jusqu'au 15 septembre. Elle peut se faire à partir de la page du DUAO qui donne des informations supplémentaires sur le diplôme, dont la préparation passe désormais de semestrielle à annuelle. Son coût est plus élevé pour ceux qui ne sont ni enseignant, ni étudiant dans une université, et il faut alors compter 1 250 euros, qu'il est possible de payer en plusieurs fois.