La situation au Royaume-Uni et en Irlande est inquiétante. Faut-il s'attendre à une situation similaire en France ? Se dirige-t-on vers une troisième vague encore plus importante que les précédentes ? 


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    Des embouteillages d'ambulances en plein Londres. Ce sont les images assez terrifiantes que l'on peut voir dans un article du journal The Guardian qui relate la situation d'une ampleur inédite au Royaume-Uni, quelques mois après l'identification du nouveau variant. En Irlande, la courbe des nouveaux cas connaît une croissance exponentielle depuis quelques jours. La troisième vaguevague n'a jamais été aussi proche et pourtant beaucoup d'inconnues persistent encore à son sujet. Selon l'épidémiologiste et bio-statisticienne Dominique Costagliola, récemment récompensée du grand prix Inserm 2020, « les variants du Royaume-Uni et d'Afrique du Sud circulent, mais l'inconnue est le temps qu'ils mettront à se répandre. Par exemple, au Royaume-Uni, cela n'a pas été très rapide initialement. En revanche, en Afrique du Sud, il est devenu dominant très vite. De toute façon, avec ou sans variant la situation est inquiétante et si ces variants se répandent, cela sera probablement pire encore. »

    Les courbes de nouveaux cas et de nouveaux décès en Irlande, Afrique du Sud, Royaume-Uni et France. © Ourworldindata
    Les courbes de nouveaux cas et de nouveaux décès en Irlande, Afrique du Sud, Royaume-Uni et France. © Ourworldindata

    Beaucoup de nouvelles variables

    La situation n'est pas la même qu'avant la première vague et quelques variables d'intérêt méritent d'être ajoutées aux modèles des épidémiologistes pour prévoir l'ampleur de la future vague. Tout d'abord, le nouveau variant, qui semble plus contagieuxcontagieux, mais pas plus mortel. Et ce n'est pas une bonne nouvelle, comme le rappelle l'infectiologue Nathan Peiffer-Smadja sur son compte Twitter « un variant plus transmissible est bien plus problématique et dangereux qu'un variant plus mortel ». L'explication à cette affirmation est simple. Un variant plus mortel limite le taux de reproduction du virus. Sur la duréedurée, il tuera donc moins de personnes qu'un variant plus contagieux qui, bien que moins mortel, fera plus de dégâts en matièrematière de vie humaine sur le long terme.

    Ensuite, nous avons des vaccins efficaces. Dès lors, la campagne vaccinale avec d'autres sous-variables, comme l'intention vaccinale ou encore la logistique, sera cruciale à prendre en compte pour déterminer l'ampleur de la troisième vague. « Dans les modèles épidémiologiques, cela pourrait se traduire comme ceci : le nouveau variant entraînera probablement une modification du taux de reproduction du virus à la hausse si on en croit les données récentes. À l'inverse, la vaccination diminuera la proportion d'individus sensibles à l'infection. Pour d'autres sous-paramètres tels que l'hésitation vaccinale, ils sont difficiles à prendre en compte car ils varient au cours du temps et l'hésitation semble diminuer selon les derniers sondages », explique Dominique Costagliola. 

    Les vaccins semblent être la seule chance pour nous sortir durablement de cette situation catastrophique. © terovesalainen, Adobe Stock
    Les vaccins semblent être la seule chance pour nous sortir durablement de cette situation catastrophique. © terovesalainen, Adobe Stock

    Que faut-il faire ?

    Pour Dominique Costagliola, « la réouverture des barsbars et des restaurants, ça ne sera pas demain la veille, à mon avis pas avant la fin de l'hiverhiver ! En effet, cela serait un autre paramètre qui viendrait accroître les contacts et donc le taux de reproduction du virus ». Selon l'épidémiologiste, « notre seule chance, outre les mesures de distanciation et de limitation des contacts, c'est de vacciner le plus possible de personnes à risque car ce sont elles qui ont un grand risque d'aller à l'hôpital et de mourir. Chez ces individus, il ne faut pas changer le calendrier de vaccination car l'âge et les comorbidités se traduisent par une moins bonne réponse immunitaireréponse immunitaire ».

    Les vaccins semblent donc être la seule chance pour nous sortir durablement de cette situation catastrophique, tant sur le plan humain que sur le plan économique. Récemment, un communiqué de presse de Pfizer BioNTech suggère que leur vaccin serait efficace contre la plupart des nouveaux variants du SARS-CoV-2 identifiés. Néanmoins, cela reste des résultats d'expériences pour l'instant non publiés dans la littérature scientifique et in vitroin vitro. Des études épidémiologiques devront venir confirmer empiriquement ces résultats préliminaires.