Aujourd'hui, dans Patient Bizarre, le cas d'un quinquagénaire qui a développé un accent irlandais du jour au lendemain.


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    Un homme de 50 ans se présente à l'hôpital universitaire de Duke en Caroline de Nord pour un symptôme surprenant : il s'est mis à parler avec un accent irlandais à couper au couteau du jour au lendemain, alors que ni lui ni sa famille ne sont d'origine irlandaise. Si son cas peut prêter à sourire, il est en réalité très sérieux. Le patient est atteint d'un cancer de la prostate métastasé et le fait qu'il parle soudainement avec un accent étranger pourrait être le signe d'une aggravation de sa maladie. Les médecins lui ont fait passer des examens neurologiques et une IRM du cerveau au moment de son hospitalisation, sans qu'aucune anomalie ne soit observée.

    En revanche, son cancer de la prostate semble s'aggraver, une biopsie indique qu'il se transforme en cancer neuroendocrine de la prostateprostate, une forme rare (seulement 2 % des cancers prostatiques) et très agressive de la maladie dont le pronosticpronostic vital est sombre. Malgré une chimiothérapie, les cellules cancéreuses ont fini par envahir son cerveau et causer des dommages mortels. Le patient est décédé des suites d'une paralysie ascendante.

    Une atteinte neurologique peut changer la façon dont parle une personne. © Olilynch, Pixabay
    Une atteinte neurologique peut changer la façon dont parle une personne. © Olilynch, Pixabay

    Quand le cerveau en perd son latin

    Le syndromesyndrome de l'accent étranger est un trouble acquis de la parole rare dans lequel la personne touchée se met à parler avec un accent étranger du jour au lendemain. La grande majorité des cas apparaissent après un AVC ou un accidentaccident grave. Par exemple, une jeune femme belge francophone a commencé à parler avec un accent flamand six mois après un accident de la route. Ce trouble est la conséquence de lésions dans le cerveau, situées principalement dans les aires prémotrices et motrices du lobe frontallobe frontal, mais d'autres régions peuvent aussi être impliquées.

    Depuis le premier cas décrit, un Parisien qui a contracté un accent alsacien en 1907, seulement une petite centaine de patients sont connus pour avoir développé un syndrome de l'accent étranger. Le cas de notre patient est encore plus remarquable que les syndromes de l'accent étranger reliés à un cancer sont rarissimes. Pour les médecins qui l'ont pris en charge, cela pourrait être un signe annonciateur qu'un cancer attaque le cerveau et provoque des dommages neurologiques.