Les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) sont toujours très attendus. Mais qui sont vraiment les experts derrière ce travail ? Comment travaillent-ils ? Par qui sont-ils financés et sont-ils vraiment indépendants ?


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    Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a été créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnementProgramme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Sa mission consiste à analyser le changement climatiquechangement climatique, ses conséquences, et les stratégies d'adaptations possibles à travers le monde. S'il se veut purement scientifique, le Giec a aussi pour but de fournir des éléments objectifs aux gouvernements afin d'élaborer des politiques dans le domaine du climat.

    Qui sont les experts qui composent le Giec ?

    Le Giec est composé d'experts scientifiques (climatologues, économistes...) mandatés par les gouvernements des 195 pays membres. Ils sont chargés de dégager un consensus entre tous les pays, ce qui n'est pas toujours simple ! La sélection des auteurs se fait par appel à candidature auprès des gouvernements et des organisations ayant le statut d'observateur, puis ils sont choisis en fonction de leurs compétences, des besoins et d'un équilibre entre les nationalités et les sexes. Le Giec s'efforce ainsi de respecter la diversité des points de vue et des qualifications scientifiques. Le bureau du Giec est composé de 36 membres, dont un président et trois vice-présidents. Il existe trois groupes de travail, la Française Valérie Masson-DelmotteValérie Masson-Delmotte est actuellement coprésidente du groupe I.

    Quand sont publiés ses rapports ?

    Depuis sa création, le Giec a déjà dressé cinq rapports (en 1990, 1996, 2001, 2007 et 2013-2014). Le sixième doit paraître en 2021-2022. Chaque rapport comprend trois parties : la première sur les données scientifiques les plus récentes concernant le changement climatique, la deuxième sur les impacts du changement climatique sur les écosystèmes régionaux et mondiaux, et la troisième sur la stratégie d'atténuation et les solutions. Chaque volet fait l'objet de plusieurs versions soumises aux commentaires des scientifiques et des représentants des gouvernements avant la publication de la version définitive. Le Giec rédige aussi des rapports spéciaux transversaux sur des thèmes particuliers, comme les événements climatiques extrêmes, l'océan et la cryosphère ou l'utilisation des terres.

    Les trois volets du sixième rapport du Giec paraissent en 2021-2022. © IPCC

    Comment sont rédigés les rapports du GIEC ?

    Contrairement aux idées reçues, le Giec ne mène aucune étude scientifique et se contente de faire la synthèse de la littérature récente en matièrematière de climat. Il peut aussi compléter ces études scientifiques par des rapports rédigés par des pouvoirs publics, des entreprises ou des organisations, ainsi que par des actes de conférence. Le Giec ne fait pas non plus de prévisions, mais produit des scénarios d'évolution, qui incluent des marges d'incertitude.

    Chacun des trois groupes se réunit à quatre reprises pendant une semaine pour se mettre d'accord sur la structure du texte puis les experts réviseurs rédigent chacun leur part. Tous ces textes sont relus par d'autres experts externes, puis par les représentants nationaux du Giec. Ces derniers sont chargés de s'assurer de la validité des données, mais n'influent pas sur les conclusions scientifiques elles-mêmes. Chaque rapport contient plusieurs centaines voire plusieurs milliers de pages, mais un résumé d'environ 15 pages est rédigé à l'attention du grand public et des décideurs. Le Giec élabore aussi des méthodologies et des lignes directrices pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre, qui servent à définir les contributions de chaque pays dans le cadre du Protocole de Kyoto.

    Par qui est financé le Giec ?

    Le Giec a un budget d'environ 6 millions d'euros, ce qui est très faible. Par comparaison, le budget de MétéoMétéo France est de 393 millions d'euros par an ! Il n'a donc pas les moyens de rémunérer les scientifiques qui participent à ses travaux, ces derniers collaborant donc sur une base volontaire. La contribution de la France s'élève à un million d'euros, alimentée par trois ministères : Transition écologique, Affaires étrangères, Recherche. Depuis 2016, la France finance également le fonctionnement du support technique du groupe de travail sur le changement climatique.