Le glider Otis cherche les esturgeons noirs du Delaware. L’espèce est hautement menacée en raison de la surpêche des femelles, particulièrement recherchées pour leurs œufs, principaux éléments du caviar. Une équipe de scientifiques du Delaware est actuellement en train de guider le robot sous-marin, pour vérifier leur modèle de prévision de migration des esturgeons.


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    Le glider Otis attend sur le ponton du bateau d'être mis à l'eau, tandis qu'un esturgeon est en train d'être balisé. © Université du Delaware

    Le glider Otis attend sur le ponton du bateau d'être mis à l'eau, tandis qu'un esturgeon est en train d'être balisé. © Université du Delaware

    Otis suivait les requins-taureaux l'automne dernier, et voilà qu'il devient maintenant le glider espion des esturgeons. Ces poissons vivent exclusivement dans l'hémisphère nord et sont réputés pour leurs œufs, avec lesquels le caviar est produit. Leur pêche est strictement limitée, en raison de la menace qui plane sur l'espèceespèce tant elle est convoitée. Un esturgeon peut vivre près d'un siècle, mais la femelle ne se reproduit pas avant l'âge de 15 ans. Tel le saumonsaumon, elle remonte les cours d'eau douceeau douce pour pondre.

    Voilà plus d'un siècle, la rivière du Delaware (nord-est des États-Unis) accueillait au printemps quelque 180.000 esturgeons noirs femelles. Aujourd'hui, on estime que moins de 300 adultes de cette espèce se retrouvent dans cette rivière. Face à ce rapide déclin, l'équipe du chercheur Matthew Oliver, de l'Université du Delaware, ont rassemblé des données satellite et des informations d'archives, ainsi que des émetteurs acoustiques et un robotrobot sous-marinsous-marin, pour essayer d'améliorer les connaissances sur le mode de migration de ces poissons. Savoir quelles zones de l'océan les esturgeons préfèrent permettrait aux scientifiques de donner des indications aux pêcheurs afin de limiter la surpêchesurpêche.

    Le doctorant Matthew Breece a posé une balise sur une femelle esturgeon au large de la côte du Delaware. © Université du Delaware
    Le doctorant Matthew Breece a posé une balise sur une femelle esturgeon au large de la côte du Delaware. © Université du Delaware

    Depuis le début de la mission, déjà 10 esturgeons détectés

    Les chercheurs ont commencé par établir un modèle de comportement migratoire. Ils ont pour cela comparé les données de température de l’océan et la teneur en chlorophyllechlorophylle aux informations issues des lieux où les esturgeons ont été aperçus par le passé. Actuellement, ils utilisent le robot Otis (Oceanographic Telemetry Identification Sensor), pour tester la fiabilité de leur modèle de prévision. Ce glider peut se déplacer le long d'une trajectoire définie. Ainsi, l'équipe peut le guider vers les endroits où ils s'attendent à trouver les poissons. Depuis le début de la mission, initiée début avril, 10 esturgeons ont été trouvés là où les chercheurs s'y attendaient.

    Otis est aussi capable de suivre les poissons taggués. Plus d'une centaine d'esturgeons ont été balisés depuis 2010. Une alarme se déclenche quand l'un des poissons s'approche non loin d'un réseau de récepteurs. Otis, en mission pour trois mois, recueille aussi des données supplémentaires comme la teneur en oxygène dissous, la quantité de chlorophylle et les courants océaniques.

    Le premier esturgeon a été repéré le 16 avril, à Chincoteague, au sud de la baie du Delaware. Il pesait presque 40 kgkg. Neuf de plus ont été observés depuis. Mais l'affaire n'est pas simple, « ces choses se déplacent tout le temps », commentait Matthew Oliver. Si le modèle de prévision migratoire établi par l'équipe s'avère fiable, il permettra alors d'améliorer la surveillance de l'espèce.