La goélette scientifique Tara lance une nouvelle mission sur dix fleuves européens pour identifier les sources de pollution plastique qui envahissent nos mers et océans. L'enjeu est aussi de comprendre quand et comment le plastique se fragmente de façon à stopper cette hémorragie.


au sommaire


    D'où proviennent les déchets plastique retrouvés en mer ? Sous quelle forme arrivent-ils ? La goélette scientifique Tara va étudier dix fleuves européens pendant six mois pour répondre à ces questions et comprendre comment « arrêter cette hémorragie ».

    Environ 8 millions de tonnes de plastiqueplastique sont rejetés chaque année dans les océans, dont 600.000 tonnes rien que pour l'Europe, selon des études citées par la fondation Tara. Les microplastiques (de 0,2 à 5 millimètres de diamètre) sont omniprésents dans les océans. La Méditerranée, mer quasi fermée, « est la plus polluée au monde », a rappelé Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, lors d'une conférence de presse à Paris.

    Face à ce constat alarmant, la nouvelle mission Tara « va permettre d'identifier les sources de pollution plastique, comprendre l'apport des fleuves dans cette pollution et son impact sur la biodiversité et sa conservation », a expliqué Martine Hossaert, directrice de recherche au CNRS.

    La goélette française Tara dans les eaux de l'Arctique (photo prise en juillet 2013) lors de l'expédition scientifique Tara Océans. © A. Deniaud, Tara Expéditions/AFP/Archives
    La goélette française Tara dans les eaux de l'Arctique (photo prise en juillet 2013) lors de l'expédition scientifique Tara Océans. © A. Deniaud, Tara Expéditions/AFP/Archives

    Tara part en mission pour une durée de six mois 

    De mai à novembre 2019, la goélette va parcourir la mer du Nord, la mer Baltique, la côte Atlantique et la mer Méditerranée pour étudier les embouchures de dix grands fleuves (Tamise, Elbe, Rhin, Seine, Loire, Garonne, Tage, Ebre, Rhône, Tibre) lors de 18 escales, avec à chaque fois quatre ou cinq scientifiques à bord.

    Les microplastiques, fragments issus de la dégradation de bouts de plastique plus importants, sont particulièrement problématiques, car ils sont trop petits pour être récupérés. Ils peuvent servir de « radeau » à des organismes potentiellement invasifsinvasifs ou pathogènespathogènes et peuvent se retrouver dans la chaîne alimentairechaîne alimentaire, c'est-à-dire dans nos organismes.

    Lors de cette mission, des échantillonnageséchantillonnages seront réalisés à la surface et jusqu'à 50 mètres de profondeur, mais aussi en remontant l'embouchure des fleuves car « 80 % des déchets en mer viennent du continent ».

    Comprendre d'où vient le plastique pour arrêter cette hémorragie

    L'enjeu est de comprendre d'où vient le plastique, quand et comment il se fragmente, parvenir à prévoir les flux dans l'océan, pour savoir « là où il faut investir demain pour arrêter cette hémorragie », a expliqué Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara Océans. Le but de la fondation et du CNRS est de compléter la connaissance scientifique sur ces déchets plastique, pour que les politiques publiques de lutte contre ce fléau soient mieux orientées. L'Union européenne veut interdire d'ici 2021 certains plastiques à usage unique et le gouvernement français doit présenter d'ici l'été un projet de loi sur l'économie circulaire.

    Lors de sa dernière expédition, la goélette a exploré des récifs coralliens dans le Pacifique pendant deux ans et demi, pour mesurer l'impact du changement climatiquechangement climatique sur ces écosystèmes riches, mais menacés.