Une étude, non encore publiée, démontre que la plupart des grands cours d'eau de la planète ont vu leurs débits se réduire en six décennies. Selon les auteurs, du NCAR, la raison, « dans de nombreux cas », est le réchauffement de l'atmosphère.

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    Une équipe du National Center for Atmospheric Research (NCAR), menée par Aiguo Dai, s'est penchée il y a plusieurs années sur une série de données, tout juste disponibles, compilant les relevés mensuels de débitsdébits des 925 plus grands fleuves du monde entre 1948 et 2004.

    Soumis à la revue Journal of Climate en avril 2007, l'article devrait être publié, après plusieurs révisions, en mai 2009. Le travail sur cette énorme massemasse de données (seuls les fleuves du continent antarctique et du Groenland sont absents), recueillies dans des conditions variées, n'a pas dû être simple... En revanche, globalement, les résultats sont nets. Sur cette période, un tiers des grands fleuves ont connu une variation significative de leurs débits, le nombre de cas où il a baissé étant 2,5 fois plus important que ceux où il a augmenté.

    Les auteurs notent que parmi les fleuves dont le débit s'est réduit figurent des cours d'eau irriguant des zones densément peuplées : le Fleuve Jaune au nord de la Chine, le Gange en Inde, le Niger en Afrique de l'ouest et le Colorado, au sud-ouest des Etats-Unis. L'Amazone voit son débit diminuer mais les fluctuations sont très fortes (le phénomène El NiñoEl Niño diminue la quantité d'eau, faisant de même dans l'Orénoque et le Niger) et les mesures sont difficiles.

    Appauvrissement en eau dans les régions chaudes

    En revanche, plusieurs des fleuves dont le débit a augmenté se trouvent dans les régions arctiques, là où la fontefonte des glaciers s'est renforcée. Exception, le Mississipi a gonflé de 22%, à cause de l'augmentation des précipitations sur le Midwest (les Etats situés, en gros, entre les grands lacs et le centre des Etats-Unis).

    Au total, pour l'ensemble de ces 925 fleuves, l'étude montre une réduction du débit de 6%, soit 526 kilomètres cubes d'eau en moins, l'équivalent de ce que le Mississipi relâche annuellement dans la mer. A l'échelle des bassins océaniques, la situation est variable. L'apport d'eau douce dans l'océan Indien s'est réduit de 3% sur la période 1948-2004 tandis que l'océan Arctique en a reçu 10% de plus.

    Les auteurs ont avant tout constaté ces variations mais n'en ont pas analysé les causes. Les raisons pour lesquelles un cours d'eau change de débit sont très nombreuses. Cependant, les auteurs estiment que le réchauffement climatique est la cause première « dans de nombreux cas ».

    Cet effet n'est pas une surprise. Les modèles climatiquesmodèles climatiques le prédisaient. Mais cette observation sur près de 60 ans montre que le phénomène est bien réel. Comme le soulignent les auteurs, cette baisse de ressources en eau douce dans des régions très peuplées posera nécessairement des problèmes aux populations et doit être prise en compte.