De nombreuses organisations se lancent dans la robotique agricole. Autonomes, électriques, ces engins semblent plus prometteurs les uns que les autres. Mais seront-ils acceptés par les agriculteurs et les consommateurs ? Au sein d'une table ronde organisée par Fira 2020, un événement consacré à la robotique agricole, quatre intervenants ont avancé leurs arguments.


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    Casque sur les oreilles, installé devant la webcamwebcam, chaque intervenant attend son tour de parole. Ces quatre hommes participent à une table ronde sur l'acceptation des robotsrobots par les consommateurs, organisée par Fira 2020 - un événement consacré à la robotiquerobotique agricole. « Les gens seraient surpris des robots déjà utilisés dans l'agriculture », s'amuse Daniel Azevedo, le coordinateur du volet technologies agricoles de Copa Cogeca, un lobby représentant les intérêts des agriculteurs en Europe. L'auditoire du séminaire, également virtuel, ressent les différences d'aise à l'oral des participants. Quand Daniel Azevedo s'exprime spontanément, Antoine Poupart attend d'être sollicité par l'animatrice et journaliste Sophie Voinis.

    Son avis n'en est pas moins pertinent. Antoine Poupart est ingénieur agricole, aujourd'hui directeur de l'innovation chez Bioline By InVivo. Convaincu de l'aspect éthique de la robotique, notamment par l'amélioration des conditions de vie qu'elle induit pour les agriculteurs, il estime que ces robots doivent répondre aux attentes des consommateurs sur l'écologie et le bien-être animal. « Les attentes sont sur les résultats concrets », soutient-il. Un point de vue complété par Christophe Bonno, le directeur des relations institutionnelles agricoles chez le groupement Les Mousquetaires, pour qui ces technologies apportent des données potentiellement rassurantes pour le consommateur. Il présume que ces dispositifs « sont le seul moyen d'aller vers une agriculture plus verte et vers plus de bien-être animal ».

    Avant le consommateur : l'agriculteur

    D'autant qu'aux yeuxyeux d'Ole Green, le P.-D.G. d'Agrointelli, les agriculteurs déléguant certaines tâches à des robots autonomes s'offrent le temps de se concentrer à l'agronomie - l'analyse de leurs sols, par exemple. « Les robots aident dans l'organisation du travail », appuie Daniel Azevedo. Une « meilleure qualité de travail » qui conduit à une « meilleure qualité de produits » pour Ole Green. Ce dernier nuance tout de même : « Il ne faut pas survendre ces technologies ». Les vendeurs - dont Agrointelli fait partie - doivent rester honnêtes et transparentstransparents sur les possibilités de la robotique agricole.

    Ces avancées d'ingénierie ont encore un atout dans leur manche. « Les nouvelles technologies vont rendre le métier plus attractif », résume Christophe Bonno. Et ce, sans endetter davantage les agriculteurs, puisque ces engins ne sont pas forcément proposés à l'achat. « Ils peuvent être loués » et donc aussi accessibles aux petites exploitations, avance Ole Green. Son argument est confirmé par Antoine Poupart, qui rappelle l'existence des coopératives d'utilisation de matériel agricole, lesquelles permettent aux agriculteurs d'acheter ensemble une machine.

    Une autre critique porteporte sur l'aspect écologique des hautes technologies, dont la conception peut poser question. Daniel Azevedo le reconnaît, mais préfère le raisonnement suivant : si un robot désherbe de façon autonome, l'agriculteur n'utilise pas d'herbicide. « Il faut regarder quelles sont les alternatives », conclut-il.