Aux confins de la Beauce et du Gâtinais, une équipe de 60 archéologues de l'Inrap travaille actuellement sur le tracé de l'autoroute A19 qui reliera Artenay à Courtenay (Loiret). Sur prescription de l'Etat (Drac région Centre), ces recherches sont financées par Arcour, concessionnaire de la future autoroute. Sur les 1 300 hectares de l'emprise, plus de 90 % ont déjà fait l'objet de recherches archéologiques. Parmi la centaine de sites identifiés, celui de Neuville-aux-Bois a révélé d'importants vestiges.

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    Dégagement et enregistrement d'une sépulture en silo, Neuville aux Bois. <br />&copy; Inrap : L. de Cargouët

    Dégagement et enregistrement d'une sépulture en silo, Neuville aux Bois.
    © Inrap : L. de Cargouët

    Enclos, fossés, bâtiments légers et greniers ont été dégagés. La majorité de ces vestiges est attribuée à deux périodes du second âge du fer (culture de La Tène) : l'une vers 450 avant notre ère, l'autre à la fin du IIe siècle et dans le courant du Ier siècle avant notre ère.

    La vocation agricole de ce site celtique est confirmée par de nombreux silos, grandes fosses souterraines de stockage, bouchées hermétiquement qui assuraient une atmosphèreatmosphère confinée aux céréalescéréales engrangées.

    Sépulture de femme parée d'un torque et d'un bracelet, Neuville aux Bois<br />&copy; Inrap D.Josset

    Sépulture de femme parée d'un torque et d'un bracelet, Neuville aux Bois
    © Inrap D.Josset

    A Neuville-aux-BoisBois, sept des quinze silos recèlent huit dépouilles humaines.

    De la tombe de relégation au « silo-offrande »

    Les fosses contiennent en général un seul squelette. Toutefois, un des silos associe deux individus, déposés successivement. Ces dépôts humains témoignent du remploi pour une fonction funéraire de ces structures domestiques.

    Sous le terme de tombe de relégation, cette pratique reconnue dans toute l'Europe était interprétée comme une marginalisation de certains individus, inhumés hors de l'espace sacré de la nécropole.

    La mise au jour d'une femme parée d'un collier rigide de bronze (torque) et de deux bracelets, celle d'un dépôt d'objets métalliques (bracelet, gobelet), des quatre membres d'un cheval, soigneusement mis en scène, et d'un cochon entier contredit cette théorie du rejet ou de l'exclusion.

    Depuis les fouilles de Varennes (Seine-et-Marne) et Vatry (Marne), les archéologues de l'Inrap élaborent une nouvelle théorie : celle de « silos-offrandes ». Aujourd'hui, les découvertes de Neuville-aux-Bois y contribuent. Il ne s'agirait plus de corps rejetés par une communauté, mais d'une offrande aux dieux, celle d'un individu choisi (souvent une femme), d'un animal à forte valeur symbolique et sociale (ici un cheval) et d'objets métalliques... Quoi qu'il en soit, ces silos-offrandes lient de façon explicite deux universunivers, l'un agricole, l'autre funéraire.