L’Homme de Florès, dont le cerveau est particulièrement petit, serait bien une nouvelle espèce d’hominidés, et non un Homme moderne touché par une maladie. Cette affirmation conclut une étude dans laquelle la morphométrie géométrique a été utilisée pour comparer la forme de nombreux crânes entre eux. Autant dire que les résultats s’appuient sur une solide base statistique. Est-ce la fin du débat ?

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    Comparaison entre un crâne humain contemporain et celui d'un Homme de Florès découvert en 2003 en Indonésie. Certains pensent qu'il s'agit d'une nouvelle espèce d'hominidés. Pour d'autres, ce sont des Homo sapiens atteints de maladies. © Peter Brown

    Comparaison entre un crâne humain contemporain et celui d'un Homme de Florès découvert en 2003 en Indonésie. Certains pensent qu'il s'agit d'une nouvelle espèce d'hominidés. Pour d'autres, ce sont des Homo sapiens atteints de maladies. © Peter Brown

    Mais qui est l'Homme de Florès, que d'autres appellent plus officiellement HomoHomo floresiensis ? Voilà une question qui taraude la communauté scientifique depuis 2003, c'est-à-dire depuis la découverte de ses ossements dans la grotte indonésienne de Liang Bua, sur l'île de Florès. En cause : le crânecrâne trouvé (LB1) est anormalement petit (400 cm3), et se distingue nettement de celui des Hommes modernes, les seuls représentants du genre Homo présents sur la planète voilà 18.000 ans.

    Pour certains, Homo floresiensis serait une nouvelle espèce d’hominidés, qui descendrait d'une population isolée d'Homo erectusHomo erectus. Sa petite taille s'expliquerait alors par un phénomène de nanisme insulairenanisme insulaire. Pour d'autres, il s'agirait plutôt d'un Homme moderne ayant été affecté par une maladie. En effet, plusieurs pathologiespathologies peuvent causer les déformations observées sur les restes fossilesfossiles : microcéphaliemicrocéphalie, syndromesyndrome de Laron ou crétinisme. Depuis dix ans, de nombreuses études sont déjà parues pour appuyer l'une ou l'autre des hypothèses.

    La dernière en date a été publiée ce 10 juillet dans la revue Plos One par Karen Baab, de l'université de Stony Brook (États-Unis). Obtenus grâce à la morphométrie géométriquemorphométrie géométrique, ces résultats rejoignent ceux, publiés en mars dernier, d'une étude partiellement faite sur des ouistitis. De par sa forme, le crâne LB1 appartient vraisemblablement à un nouveau représentant du genre Homo.

    Suite à sa petite taille (environ 1 m), l'Homme de Florès <em>Homo floresiensis</em> a reçu le surnom de Hobbit, en référence aux célèbres personnages de J. R. R. Tolkien. © Susan Larson, université de Stony Brook

    Suite à sa petite taille (environ 1 m), l'Homme de Florès Homo floresiensis a reçu le surnom de Hobbit, en référence aux célèbres personnages de J. R. R. Tolkien. © Susan Larson, université de Stony Brook

    De nombreux crânes d'hominidés comparés entre eux

    La morphométrie géométrique est un puissant outil destiné à l'étude des formes, que ce soit en deux ou en trois dimensions. Pour ce faire, des repères sont placés sur les objets à étudier. Leurs coordonnées sont ensuite récoltées, puis rapportées dans un même et unique référentiel. Dès ce moment, elles peuvent faire l'objet de traitements statistiques, notamment dans le but de faire des comparaisons objectives.

    Dans le cas présent, les chercheurs ont caractérisé le crâne LB1 (une version numériquenumérique obtenue par CT-scan et dépourvue de la mâchoire inférieure, pour être précis), mais aussi des structures appartenant à des espècesespèces d'hominidéshominidés éteintes, à des Homo sapiens sains issus de plusieurs continents, et enfin à des Hommes modernes affectés par les trois pathologies précédemment évoquées. Résultats : le crâne LB1 ne présente pas de caractère propre au crétinismecrétinisme ni au syndrome de Laron. En revanche, certains traits ont été repérés sur le crâne des patients atteints de microcéphalie, mais la comparaison s'arrête là.

    En effet, les résultats statistiques classent LB1 parmi le groupe des hominidés disparus, et précisent qu'il ressemble le plus au crâne des Homo erectus. Ainsi, les analyses comparatives ont parlé, et c'est la première hypothèse qui en sort vainqueur, pour la deuxième fois en seulement quelques mois. Les données statistiques vont-elles convaincre les partisans de la deuxième théorie, ou préparent-ils déjà une contre-attaque justifiée par d'autres arguments ? À suivre donc !