Séquencé, l'ADN du « Jeune homme de Byrsa », alias Ariche, révèle une filiation avec les populations de la péninsule ibérique. Cette découverte exceptionnelle apporte un nouvel éclairage sur les Phéniciens.

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    En 1994, l'archéologue français Jean-Paul Morel découvrait dans une sépulturesépulture près de Carthage, en Tunisie, les restes du « Jeune homme de Byrsa », du nom de la colline où ils ont été trouvés. Baptisé également Ariche (« homme désiré »), ce Phénicien était de 17 ans mesurait 1,70 m et avait été enterré il y a 2.500 ans dans une tombe, avec de nombreux objets, dont des amulettes et des pierres précieusespierres précieuses. L'histoire est détaillée dans le blog de Carolyn Perry.

    Menée par l'université d'Otago (Nouvelle-Zélande), une équipe internationale, dont fait partie le découvreur, vient d'annoncer, dans la revue PlosOne, les résultats d'un séquençageséquençage complet de l'ADN mitochondrialADN mitochondrial (donc de la lignée maternelle), qui éclairent d'un jour nouveau la civilisation phénicienne très mal connue.

    Le squelette d'Ariche tel qu'il a été trouvé en 1994. © Musée national de Carthage

    Le squelette d'Ariche tel qu'il a été trouvé en 1994. © Musée national de Carthage

    Un air de famille avec les Espagnols et les Portugais

    Les chercheurs y ont débusqué une signature génétiquegénétique de l'haplogroupe U5b2c1. En d'autres termes, Ariche possédait dans le génome de ses mitochondriesmitochondries une certaine série d'allèlesallèles (ou versions d'un gènegène) retrouvée ailleurs, ce qui permet de pister des populations. Ce sous-groupe de U5 est connu aujourd'hui en France, dans les îles Britanniques et en Allemagne ainsi que dans l'Espagne du Mésolithique, d'après l'encyclopédie Eupédia. L'équipe souligne d'ailleurs que U5b2c1 est retrouvé chez deux populations de chasseurs-cueilleurs de l'actuelle Espagne. Les auteurs ont cherché cet haplogroupe chez 47 Libanais, puisque la colonie de Carthage a été fondée par des Phéniciens de cette région, et n'ont rien trouvé. Pour eux, c'est la première apparition connue de la population U5b2c1 en Afrique du Nord, ce qui situerait les ancêtres d'Ariche dans la péninsulepéninsule ibérique.

    Commerçants et bons navigateursnavigateurs, ceux que d'autres ont nommés plus tard Phéniciens ont créé des cités le long des côtes de la Méditerranée. Selon Elizabeth Matisoo-Smith, co-auteure de l'article, qui s'exprime dans le communiqué de l’université d’Otego, des populations d'agriculteurs venus d'Afrique du Nord ont dû s'installer dans le sud de la péninsule ibérique, y remplaçant les chasseurs-cueilleurs, et ces lignées ont ensuite intégré « le melting-pot créé par les réseaux du commerce de Carthage et des Phéniciens ».

    Bien peu de choses sont connues sur ces peuples mobilesmobiles qui ont beaucoup compté pour les civilisations développées autour de la Méditerranée, apportant et diffusant des éléments culturels importants, comme, par exemple, un alphabet qui a largement essaimé.