Les orthodontistes sont nombreux. La raison ? Si l’on en croit une anthropologue anglaise, confirmant ce dont on se doutait depuis longtemps, serait le passage de l’humanité des chasseurs-cueilleurs aux agriculteurs. Le changement de régime alimentaire aurait accompagné une réduction de la longueur des mâchoires mais pas de la taille des dents.

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    Pourquoi certains d'entre nous disposent de dents bien plantées alors que d'autres sont contraints, par exemple pour des raisons d'esthétique, d'avoir recours à des traitements d'orthodontie coûteux avec parfois extraction de dents de sagesse ? Tout se passe en effet dans certains cas comme si les mâchoires n'étaient pas assez longues pour que les dents gardent un bon alignement.

    Plusieurs hypothèses ont été avancées mais l'une d'elles faisait intervenir le changement de régime alimentaire lorsque l'humanité est devenue sédentaire il y a environ onze mille ans. Par des mutations génétiquesgénétiques ou par l'impact sur le développement pendant l'enfance de ce changement de régime dû à la découverte de l'agriculture, la longueur moyenne des mâchoires a donc diminué alors que le nombre et la taille des dents restaient fixes.

    Des mâchoires moins puissantes

    En effet, la nourriture fournie par l'agriculture nécessite une force de mastication plus faible, donc des muscles des mâchoires moins importants et des mâchoires moins longues.

    Pour tester cette hypothèse, l'anthropologue Noreen von Cramon-Taubadel a étudié 322 crânescrânes et 295 mâchoires provenant de musées du monde entier. Elle a ainsi pu faire des statistiques concernant 11 groupes de populations en Australie, Europe, Afrique, Asie et Amérique du Nord. Six tiraient leur subsistance de l'agriculture et 5 de la chasse et de la cueillette. La chercheuse vient de publier le résultat de ses études dans la célèbre revue Pnas.

    Elle a effectivement trouvé une corrélation significative entre le régime alimentaire et la taille des mâchoires dans le sens de la théorie précédente. Von Cramon-Taubadel a renforcé ses conclusions en montrant qu'il n'y avait par contre pas de corrélation avec la localisation géographique, l'histoire génétique ou climatique associées aux populations étudiées. Certains de ses collègues ne sont cependant pas convaincus.