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    La flore de Nouvelle-Calédonie - Première partie

    La flore de Nouvelle-Calédonie - Première partie

    • La flore de l'arche de Noé

    La géologie est à l'origine de la conservation des principaux types de sa végétation jurassique et crétacée.

    La Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie s'est séparée il y a 70 millions d'années (au CrétacéCrétacé terminal) du continent de GondwanaGondwana (groupant à l'origine les terres qui se sont séparées pour former l'Australie, l'AntarctiqueAntarctique, l'Amérique du Sud, l'Inde, Madagascar et l'Afrique). Telle l'Arche de Noé cette Nouvelle Calédonie de la fin du Crétacé embarquait la flore de cette époque. Les sols sur roches ultrabasiquesultrabasiques (terrains "miniers"), auxquels cette flore s'est ensuite adaptée (une quarantaine de millions d'années plus tard), ont constitué un refuge pour nombre d'espècesespèces, car ils sont toxiques et insuffisamment minéralisés pour la plupart des espèces modernes.

    © Jean-Jacques Espira

    © Jean-Jacques Espira

    La Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie a ainsi isolé et préservé une part importante des principaux types de sa flore ancienne, notamment sur les massifs miniers. Ceux-ci sont comme un archipelarchipel dans l'île, portant cette végétation primitive, mais avec des spécificités propres à chaque massif. La flore ancienne se trouve également dans les forêts humides de ses montagnes.

    Ce concours unique de circonstances explique l'originalité de la flore néo-calédonienne, riche en groupes primitifs.

    « De nombreux taxonstaxons végétaux de la flore actuelle de Nouvelle Calédonie apparaissent, en raison de leurs caractères archaïques, comme des formes primitives appartenant à des groupes anciens qui ont subsisté sans grands changements jusqu'à nos jours. Ils sont le témoignage de lignées anciennes dont ils représentent les vestiges, véritables reliques de la flore gondwanienne du Crétacé et peuvent être qualifiés de fossiles vivantsfossiles vivants ».

    La végétation endémiqueendémique de la Nouvelle Calédonie est l'héritière du monde végétal du temps des dinosauresdinosaures (ceux-ci ont dominé le monde du JurassiqueJurassique et du Crétacé. Ils ont disparu à la fin du Crétacé, à la charnière du passage de l'Ere secondaire à l'Ere tertiaire).

    • Aperçu de la végétation Nouvelle-Calédonienne

    Sur moins de 20 000 km2 on dénombre actuellement plus de 3380 espèces indigènesindigènes et on estime qu'il y aurait encore 200 à 300 espèces à découvrir. Près de 80% de toutes les espèces sont endémiques et c'est le cas pour 16% des genres.

    Héritière de la végétation du temps des dinosaures, la flore de la Nouvelle-Calédonie est d'une extraordinaire singularité.

    Héritière de la végétation du temps des dinosaures, la flore de la Nouvelle-Calédonie est d'une extraordinaire singularité.

    Avec 44 espèces réparties en 5 genres, c'est le pays tropical au monde ayant la plus forte concentration d'espèces du groupe des GymnospermesGymnospermes. Le botanistebotaniste Maurice Schmid précise que sur les 19 espèces d'araucarias connus dans le monde, 13 sont néo-calédoniennes, dont le fameux "pin colonnaire", arbrearbre symbole qui orne les rivages du Sud et qui caractérise la fameuse Île des Pins. Sur les 44 espèces de Gymnospermes, 43 sont endémiques. La Nouvelle-Calédonie a l'unique Gymnosperme parasiteparasite connu au monde (Falcatifolium taxoides). Elle est l'une des cinq régions du monde où existe encore le genre Nothofagus (le hêtrehêtre du continent de Gondwana) avec 5 espèces.

    L'un des nombreux araucarias, l'Araucaria rulei forme des groupements en altitude sur les latérites des massifs miniers. Celui-ci sur le Moné (Monts Koghis) domine, à 1080 m d'altitude, la péninsule de Nouméa. © J.J Espirat

    L'un des nombreux araucarias, l'Araucaria rulei forme des groupements en altitude sur les latérites des massifs miniers. Celui-ci sur le Moné (Monts Koghis) domine, à 1080 m d'altitude, la péninsule de Nouméa. © J.J Espirat

    C'est non moins extraordinaire pour les palmiers avec 37 espèces endémiques répertoriées appartenant à 16 genres dont 15 n'existent nulle part ailleurs (notamment l'unique Pritchardiopsis jennencyi que l'on a cru longtemps disparu et dont on ne connaît actuellement qu'un arbre adulte).

    Cette flore, isolée depuis la fin du Crétacé (il y a 70 millions d'années environ), est riche en vestiges de la flore du Crétacé dans le continent de Gondwana d'où la Nouvelle-Calédonie est issue. La Nouvelle-Calédonie possède ainsi, entre autres fossiles vivants, une des toutes premières plantes à fleurs, l'Amborella qui remonterait à plus de 130 millions d'années.

    Amborella trichopoda, fossile vivant, la plus ancienne des plantes à fleurs de la planète, existerait depuis 130 MA. © Suzanne Moglia

    Amborella trichopoda, fossile vivant, la plus ancienne des plantes à fleurs de la planète, existerait depuis 130 MA. © Suzanne Moglia

    Les "massifs miniers" qui atteignent des records d'endémismeendémisme ont, outre des forêts, un maquismaquis d'arbustes aux feuillages souvent élégants et aux fleurs vives et originales.

    Il y a aussi une belle forêt de bord de mer avec des arbres d'ombre fraîche sous leurs feuillages foncés et denses, mais elle souffre de l'urbanisation et même, sur les promenades côtières, de la préséance encore donnée au banal cocotier.

    La forêt sèche, ou sclérophylle, est également un écosystèmeécosystème très endémique (329 espèces sur 456 sont endémiques) mais très menacé.

    Avec ses espèces uniques, la flore calédonienne a un potentiel médical de grand intérêt. Son évaluation fait l'objet de recherches de l'IRDIRD et de laboratoires privés. Elle est loin d'être achevée.