Pierre Bordage est un auteur de science-fiction français. Sa trilogie de space opera Les Guerriers du silence, ainsi que le cycle de Wang sont considérés comme des piliers de la science-fiction française des années 1990, alors principalement dominée par les auteurs anglophones. Auteur prolifique, jouant avec les genres (fantasy historique avec L'Enjomineur, science fantasy avec Les Fables de l'Humpur), il a écrit quelques scénarios pour le cinéma, s'est essayé au théâtre, ainsi qu'à la bande dessinée. Pierre Bordage a reçu de nombreux prix littéraires tels que le grand prix de l'Imaginaire (1993) et le grand prix Paul-Féval de littérature populaire (2000).

L'Eveil de l'esprit

Élevé dans une ferme Vendéenne, Pierre Bordage grandit dans une famille profondément catholique issue du milieu rural. L'un de ses oncles est prêtre. Très tôt, il développe le goût de l'écriture, mais le système scolaire de l'époque ne lui convient pas. Sujet à des élansélans mystiques, il intègre de lui-même le petit séminaire entre 1965 et 1967. Il se familiarise avec la Bible, le latin et découvre les mythologies de l'Antiquité. Tout laisse penser qu'il deviendra prêtre comme son oncle. Toutefois, Pierre Bordage se dit déçu de l'enseignement des prêtres qu'il a vécu comme un endoctrinement et finit par s'éloigner de la religion.

Après un baccalauréat en 1973, il se penche à nouveau sur l'écriture. Il est en première année de lettres modernes à l'Université de Nantes lorsqu'il découvre les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury et d'autres classiques de la SF anglophone. C'est pour lui une révélation. Ces histoires lui rappellent les contes mythologiques qui le fascinaient enfant. Mais il n'obtient pas sa maîtrise de lettres au terme de sa scolarité. Pierre Bordage multiplie alors les voyages, particulièrement en Asie. Il reste trois mois en Inde avec sa compagne en 1975. La spiritualité « quasi palpable » de ce pays le « transforme », lui permet de retrouver les élans de son enfance. Il se penche sur la philosophie orientale, le tao, essaie de comprendre la notion de spiritualité non religieuse. On retrouvera cette fascination pour cette spiritualité de l'Inde dans nombre de ses écrits. En 1976, il écrit un premier roman non publié, et ne retentera pas sa chance avant ses 30 ans. 

Il tente alors divers métiers. Tient une librairie ésotérique à Paris de 1981 à 1984. Vend des brioches dans les marchés du Gers en 1985. Profite des cette période pour s'isoler et écrire les deux mille pages du roman Les Guerriers du silence en six mois, dans un grand cahier d'écolier. Cette expérience d'écriture, ce « jaillissement » selon ses termes, n'est pas édité directement. Pierre Bordage ignore en effet qu'à cette époque la SF française était en train de sombrer. Il ne reçoit donc que des lettres de refus d'éditeurs. Il reprend donc une succession de métiers divers.

 

Du Voyage à la plume

En 1992 un premier éditeur, Vaugirard,  lui propose d'écrire le cycle de Rohel le conquérant, série de 14 tomes, afin d'apprendre concrètement le métier d'écrivain et sa discipline. En 1993, Bordage propose Les Guerriers du silence à Pierre Michaut, directeur des éditions Atalante. L'oeuvre est enfin publiée en trois volumesvolumes et en grand format. Le premier tome est un succès inattendu et immédiat. Divers prix lui sont attribués. Les deux autres tomes de la trilogie sortent, et le dernier, La Citadelle Hyponéros, est salué comme « l'un des chefs-d'œuvre de la science-fiction française » par Le Figaro. Le cycle de Wang paraît en 1998, et permet à Pierre Bordage de « définitivement faire son entrée dans la cour des grands », remportant l'éphémère Prix de la Tour Eiffel. 

Embauché pour novéliser Atlantis, les fils du rayon d'or, un universunivers de jeu vidéo, Bordage a l'opportunité de toucher les lectorat américain. En 1999, il déménage à Kansas City (USA), et y reste deux ans. Il s'en inspirera pour son roman Orchéron, et sort Graine d'immortels dans la foulée, roman consacré au brevetage génétiquegénétique

Après avoir écrit trois tomes de Rohel et le roman TerraTerra Mater, second tome des Guerriers du silence, Pierre Bordage décide de se consacrer entièrement à l'écriture, et vit de sa plume. Il est décrit comme un auteur très régulier et assidu, capable d'écrire environ dix pages par jour,  ce qui lui permet de sortir un roman tous les cinq ou six mois. Il se voit lui-même comme un « janséniste du stylestyle » dont l'écriture est très symétrique, particularité qu'il aurait héritée de ses années au petit séminaire et de son amour du latin. Il sort beaucoup dans la nature pour trouver l'inspiration, et privilégie les promenades au bord de l'eau. 

Ecrivain de l'inconscient, Pierre Bordage ne réalise pas de plan, de structure pas ses récits. Il avoue ne pas être l'auteur de ses livres, il se contente d'accueillir une histoire qui passe à travers lui. Il se relit ensuite afin de détecter les fausses notes dans la musique de son œuvre.

 

Bibliographie

  • Graine d'immortels, Editions Atalante 1999 

  • Les Fables de l'Humpur, J'ai Lu 2005 
  • Les Derniers Hommes, J'ai Lu 2005 

  • L'Arcane sans nom, La Branche, coll. collection Vendredi 13, 2011

  • Le Jour où la guerre s'arrêta, Au diable vauvert, 2014 

  • Les Dames blanches, L'Atalante, 2015 

  • RésonancesRésonances, J'ai lu, coll. « Nouveaux Millénaires », 2015 

  • Échos dans le temps, J'ai lu, 2017 

  • inKARMAtions, Éditions Leha86, 2019 

  • Contes des sages d'autres mondes et d'autres temps, Seuil, 2020