Albert Schweitzer est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg, en Alsace, une région qui appartenait à l'époque à l'Empire allemand, mais qui fait aujourd'hui partie de la France. Ses parents, français d'origine, ont ainsi été naturalisés allemands après le rattachement de l'Alsace à l'Empire Allemand. Fils du pasteur Louispasteur Louis Schweitzer et d'Adèle Schilinger, elle-même fille de pasteur, Albert est le deuxième d'une fratrie de cinq enfants. 

Albert Schweitzer n'a renié aucune des cultures françaises et allemandes avec lesquelles il a grandi, et qui l'ont placé dès le plus jeune âge au cœur du voyage et du mélange social. Ce n'est qu'au début des années 1950 que la France le reconnaîtra comme un citoyen de nationalité française, grâce au traité de Versailles.

Les études d’Albert Schweitzer

Albert étudie au lycée de Mulhouse entre 1888 et 1893, alors qu'il est hébergé non pas par ses parents, mais par un grand-oncle et son épouse. Il prend des cours particuliers de piano et pratique également l'orgue dans une des églises de la ville. En 1893, il rejoint l'université de Strasbourg où il étudie la philosophie et la théologie protestante, au sein d'un double cursus. Un an plus tard, il interrompt ses études durant un an pour réaliser son service militaire auprès de l'armée allemande. 

Finalement, il obtient sa licence puis suit des études de théologie et de philosophie aux universités de Berlin et Paris, conformément à la tradition familiale. Il obtient un doctorat en philosophie en 1899 et un diplôme de théologie en 1900. Cette même année, il est affecté à l'église Saint-Nicolas de Strasbourg comme assistant du pasteur, et il deviendra le recteur du séminaire théologique de l'église peu de temps après.

Albert avait alors une excellente réputation en tant que musicien. On disait qu'il était l'un des meilleurs interprètes de Beethoven et de Bach. Il agissait également comme pasteur de son église. Mais cela ne lui suffisait pas. Avec une âme toujours prête à servir, Albert décida de venir en aide aux Africains des colonies françaises.

Albert Schweitzer et l’aide humanitaire en Afrique

En 1904, à l'âge de 29 ans, un magazine missionnaire lui est tombé dans les mains, avec une phrase qui fut le déclencheur de ses futures actions : « Il manque d'hommes de bonne volonté pour aider les gens en Afrique ». C'est à cette époque qu'il a commencé à développer une vocation de service aux autres. À 30 ans, il décide alors d'entrer à la faculté de médecine pour répondre à cette demande d'aide en Afrique.

En 1905, il entreprend donc ses études de médecine et six ans plus tard, une fois diplômé, il se marie et part au Gabon, où une mission a besoin de médecins. Face au manque de moyens, il improvise un bureau dans un vieux poulailler dans lequel il s'occupe des patients. Albert se confronte alors à des obstacles tels qu'un climatclimat hostile, le manque d'hygiène, une langue qu'il ne comprend pas, ou encore le manque de médicaments et de matériel médical. Malgré cela, il traite plus de 40 patients par jour.

Albert Schweitzer rédigea deux romans racontant son histoire et particulièrement sa jeunesse : Souvenirs de mon enfance (publié en 1924) et  Ma vie et ma pensée (en 1931). Tous les ouvrages d'Albert Schweitzer ont été publiés en allemand puis, plus tardivement, traduits en français.

La première guerre mondiale

Au début de la première guerre mondiale, Schweitzer est rapatrié en France comme prisonnier de guerre. Il y passe toute la période de la guerre confiné dans un camp de concentration. À la fin du conflit, il reprend son travail comme si rien ne s'était passé. Devant la vision d'un monde effondré, il prononça ces mots : « nous allons recommencer, nous devons diriger notre regard vers l'humanité ». Il a alors tenu une série de conférences, dans le but de collecter des fonds pour reconstruire le pays détruit, en se faisant connaître dans tous les milieux intellectuels en Europe.

Schweitzer vient alors s'installer en France, à Strasbourg, avec sa femme. C'est à ce moment-là qu'il obtient la nationalité française. Sa femme en revanche, ne pourra pas se faire naturaliser, car elle est allemande, née à Berlin.

Prix Nobel d’Albert Schweitzer

Après sept ans passés en France, il repart au Gabon. Cette fois-ci, il est accompagné de médecins et d'infirmières prêts à l'aider. L'hôpital a été installé dans une zone plus confortable. Grâce à l'aide de l'équipe de professionnels qui l'entourent, il peut consacrer quelques heures de sa journée à l'écriture de livres, dont les revenus permettent d'entretenir les infrastructures de l'hôpital. Schweitzer y aura passé la plus grande partie de sa vie, traitant des milliers de patients et s'occupant de centaines de lépreux

Albert Schweitzer a enchanté le monde entier par sa vie et son travail et, en 1952, il reçoit le prix Nobel de la paix en hommage à un « grand homme ». Schweitzer profite de son discours de remise du prix pour attaquer une nouvelle fois la guerre, en insistant sur le fait qu'elle est inhumaine et qu'elle constitue le pire des maux pour l'humanité. 

Ainsi, en plus d'être médecin et chirurgien, il aura été pasteur, auteur de livres, historienhistorien et musicien. La vision du monde de Schweitzer était axée sur l'humanité et le respect de la vie. Son éthique consistait à démontrer la volonté de vivre et à affirmer que dans les circonstances où cette obligation ne pouvait être satisfaite, il ne fallait pas tomber dans le défaitisme, mais plutôt chercher la solution dans la spiritualité.

Albert est décédé le 4 septembre 1965 à l'âge de 90 ans. Ce jour-là, à Lambaréné au Gabon, les tambours de la forêt résonnaient tristement en son honneur. Les locaux chantaient « le médecin blanc est mort ».