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Monique Mainguet

Monique Mainguet

Enseignant Chercheur

Bien qu'hostiles, les milieux secs ont toujours été occupés par les hommes; de grandes civilisations y ont vu le jour. Leur mise en valeur moderne est amorcée. Ce sont des aires d'une grande beauté, où la nature dépourvue ou pauvre en couvert végétal et en sol révèle le squelette rocheux de la Terre, les escarpements gréseux géants dominant de vastes aires de sable dunaire. Potentiel énergétique solaire et éolien, hydrique souterrain ou minéral et espaces disponibles sont offerts au développement. Futura Sciences a bien compris l'intérêt de ces écosystèmes en offrant une «page ouverte» à un des grands défis du troisième millénaire, la mise en valeur des déserts par les sociétés.

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Biographie

1. Cursus universitaire

1958-63 Université de Strasbourg Faculté des Lettres, Licence d'Histoire et de Géographie, (neuf certificatscertificats de licence dont celui de cartographie). Faculté des Sciences : certificat de minéralogie.

23 mars 1963 : Doctorat de 3e cycle de Géographie, Université de Strasbourg : Quelques aperçus sur les manteaux de décomposition des roches dans les Andes vénézuéliennes de Mérida sous Ia direction de Jean Tricart (mention très honorable à l'unanimité). Publié par le CNRS dans la collection "Mémoires et Documents"

13 mai 1972 : Doctorat d'Etat, Université de Paris-Sorbonne Le modelé des grèsgrès; problèmes généraux , sous la direction de Pierre Birot (mention très honorable et félicitations du Jury à l'unanimité). Publié par l'IGN (Institut Géographique National), Paris, Collection Etudes de Photo-Interprétation, n0 7 (directeur de collection : Jean Hurault).

2. Fonctions d'enseignant-chercheur : université, CNRS et Nations-Unies

1961 : Collaborateur technique à l'université de Strasbourg, au laboratoire de Géographie Appliquée (Dir. Pr Jean Tricart).

1964 : Attachée de recherche au CNRS, elle rejoint, à l'Institut de Géographie de Paris­ Sorbonne, le Laboratoire de Géographie PhysiquePhysique (Dir. Pr Pierre Birot).

1966 : Assistant de Géographie à l'Université de Paris-X, Nanterre.

1966 : Maître-Assistant à l'Université de Paris-X, Nanterre.

1970 : Maître de ConférencesMaître de Conférences à l'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA).

1975 : Professeur sans chaire à l'Université de Reims Champagne-Ardenne.

1979 : Professeur titulaire de 2e classe à l'Université de Reims Champagne-Ardenne.

1975-80 : Enseignement de la télédétection à l'Institut Géographique National, Saint-Mandé.

1982 : Cours d'agrégation : "Les désertsdéserts et leurs marges, étude physique" du Centre National de Télé-Enseignement de Vanves.

1983-85 : Collaboration au DEA ClimatologieClimatologie et Géographie Physique, Université de Paris IV.

1985-88 : Détachement au PNUEPNUE (Programme des Nations-Unies pour l'Environnement) à Nairobi, Kenya, comme Co-Directeur du DC/PACPAC (Service de lutte contre la désertificationdésertification).

1990 : Professeur titulaire de 1e classe à l'Université de Reims Champagne-Ardenne.

1998 : Membre senior de l'Institut universitaire de France.

2001 : Professeur titulaire en classe exceptionnelle à l'Université de Reims Champagne­-Ardenne.

2003 : Professeur émérite des Universités.

A consacré sa carrière d'enseignant-chercheur principalement à la protection de l'environnement, au développement et à la mise en valeur des milieux secs.

A été consultant pour huit organismes des Nations-Unies, en Afrique, Asie, Amérique du Sud (Pérou, Chili, Brésil) et Australie.

Directeur du Laboratoire de Géographie Zonale pour le Développement (LGZD), créé par elle en 1973 à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Ce laboratoire a signé en 2005-2006 cinq projets de développement (Cameroun / Côte d'Ivoire, Mali, Maroc, Mauritanie, Asie Centrale/Ouzbékistan)

Membre : - de l'Académie des Sciences de New-York; - du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Paris; - du Comité Scientifique Français de la Désertification, Paris; - du Comité Scientifique de l'Académie des Sciences du Tiers-Monde. Co-Chairman du Coordinative research council for Study, Conservation and rational Use of Central Asian deserts resources du Comité d'Etat des Sciences et de la Technologie de la République d'Ouzbékistan, Tachkent. Membre expert : - du Programme des Nations-Unies pour l'Environnement; - du Third World Academy Sciences and the Global System for Analysis, Research and Training pour l'expertise des projets sur Assessment of Impacts and Adaptation to Climate Change.

- Expert évaluateur de l'Union Européenne DG XII-AGAG, Science, Recherche et Développement.

Auteur de 235 publications et de plusieurs livres, dont :

- en 1992. Desertification through Wind Erosion Control in Asia and the Pacific. ESCAP/UNDP, Bangkok, 139 p.

- en 1994 : Desertification, Natural Background and Human Mismanagement - 2nd ed. Springer Study Edition, Springer Verlag, 314 p.

- en 1995 : Les Déserts. Cité des Sciences de la Villette, Collection Explora, Pocket Sciences, 127 p.

- en 1995 : L'Homme et la Sécheresse. - Masson, Paris, Collection «Géographie», 335 p.

- en 1999 : Aridity, Droughts and Human Development - Springer Verlag, Heidelberg, RFA, 302 p. traduction en anglais, revue et corrigée de l'Homme et la SécheresseSécheresse, également traduit en persan.

- en 2003 Les Pays Secs, Environnement et Développement - éd Ellipses, collection Carrefours, Paris, 160 p. Les milieux secs sont de mieux en mieux appréhendés. Le développement y connaît des réussites beaucoup plus grandes que les mass média ne le laissent entrevoir.
- en 2005 : Co-auteur du Dictionnaire de Géographie, sous la direction de G. Wackermann - éd Ellipses, 432 p.

3. Distinctions honorifiques

-- Médaille du Mérite National Centrafricain, pour services rendus à l'Université de Bangui.
-- Membre d'honneur de la Gesellschaft für Erd- und Völkerkunde zu Stuttgart E. V.\n-- Chevalier puis Officier des Palmes Académiques.\n-- Prix Victor-Amédée du BocageBocage, de la Société de Géographie de Paris pour L'Homme et la Sécheresse.\n-- Membre de l'Académie des Sciences de New-York, Etats-Unis.

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métier

Sa vie a été partagée entre la recherche sur le terrain et l'enseignement elle a toujours tenté d'introduire dans le second les informations obtenues par la première. Sa recherche s'est réalisée en trois volets : - un volet préparation des travaux de terrain et d'exploitation post-terrain par la télédétection à l'aide des photographies aériennes et des images satellites
- un volet terrain, le plus fascinant et,
- un volet sédimentologie d'analyse en laboratoire des échantillons de matériel éolien (sables et particules plus fines -limons, argiles -) prélevés sur le terrain. 1 - Préparation de terrain. Dès ses premières investigations de terrain, en 1955 au Mali, où est née sa vocation de chercheur dans les déserts (érémologie), elle a pris conscience de l'efficacité de l'outil que sont les photographie aériennes pour la préparation des missions sur le terrain, puis dans les Andes vénézuéliennes de Mérida, en réalisant avec le Professeur Jean Tricart la première carte de géomorphologie dynamique fondée sur les photographies aériennes et le terrain dans le secteur de Lagunillas au Vénézuéla. Depuis elle n'a cessé d'accompagner toutes ses recherches par l'analyse des photographie aériennes, notamment dans le cadre de son Doctorat en réalisant une carte de la dynamique éolienne à l'échelle synoptique autour du massif du Tibesti à l'aide de plus de 50 000 photographies aériennes; elle a ainsi pu mettre en valeur l'échelle continentale des mécanismes éoliens de transport de particules à l'interface sol-atmosphère et, en 1969, a eu le bonheur de pouvoir contrôler les résultats de terrain et de photo-interprétation à l'aide des premières images satellites de Gemini 9. Grâce à la diachronie, c'est à dire l'utilisation comparative de photographies aériennes de dates différentes et d'images satellites, elle a fait ressortir les évolutions naturelles et humaines dans les paysages et introduit l'échelle de temps en télédétection. 2 - La vie quotidienne sur le terrain Parmi tous les outils qui ont été utilisés, ce sont les déplacements en dromadaire, sur plusieurs milliers de kilomètres, au B.E.T. (Borkou, Ennedi, Tibesti, au Nord du Tchad) qui ont été les plus fructueux car, perché à 2,5 mètres du sol, la vision est meilleure et le rythme de l'animal le plus favorable à la réflexion sur la dynamique de surface. C'est une journée de terrain avec déplacement en dromadaire qu'elle décrit, lorsque, dans les années 1960, elle a circulé pendant deux mois dans la zone aride au nord du Tchad avec un garde nomade, un berger et cinq chameaux : - lever deux heures avant le soleil pour pouvoir démarrer aux premières lueurs du jour, lorsque les paysages se libèrent de l'obscurité nocturne. Le berger est debout depuis longtemps pour rassembler les dromadaires qui ont circulé pendant la nuit pour trouver du pâturage. Le petit déjeuner (bouillie de mil) est fait sur un feu allumé entre trois pierres, avec le bois ramassé la veille, pour cuire les aliments et préparer le thé vert très sucré, boisson magique sans laquelle le démarrage serait impossible. Le campement est défait : sac de couchage et casseroles sont rangés dans les "sougoumbis" et les "mala mala", les dromadaires blatèrent car ils détestent être chargés, se lèvent en dépliant leurs longues jambes. Le jour se lève, tout est prêt, c'est le départ pour une marche de trente à cinquante kilomètres, selon les étapes. Les déplacements se font surtout à pieds, pour ménager les animaux chargés qui, au mois de mai, ne trouvent que peu de nourriture et d'eau dans ce Nord du Tchad si chaud. La principale tâche pendant ces cinq à six heures de marche le matin consiste surtout à regarder les paysages pour les comprendre, à les photographier en notant chaque cliché sur un cahier et à ramasser des échantillons de roches et de sable dans des sacs en coton cousus par le tailleur de Faya Largeau. La petite caravane ne s'arrête pas pendant ces arrêts pour prises de photographies, d'échantillons, de mesures diverses et de notes car il faut tenir le rythme pour arriver vers 11-12 heures et vers 17-18 heures aux points favorables avec arbres et eau, que seuls connaissent le berger et le garde nomade... elle doit donc courir chaque fois pour la rattraper, guidée par les marques des soles des dromadaires. Vers 11 h, lorsque quelques touffes de palmier doum offrent un peu d'ombre, le premier arrêt commence par le thé, véritable cérémonie car, pour ne pas exacerber la soif, rien n'a été bu depuis le départ matinal, malgré une température qui, dès 10 h du matin, dépasse 30 et très vite 40 et même 50° C. Arrêt mis à profit pour étiqueter les premiers échantillons de la journée, en faire la liste, prendre des notes tout en discutant avec le garde nomade sur ce qui a été observé le matin. Lentement se prépare aussi le repas de midi : des pâtes et des sardines pour elle et la pâteuse boule de mil avec un peu de viande séchée pilée pour ses deux accompagnateurs tchadiens qui, dès le repas terminé, s'enfoncent dans une sieste profonde. A 15 h, départ et reprise de la marche pendant encore 2 à 3 heures. Dès qu'une autre caravane ou qu'un campement s'annonce, Kokoye Djiraimi, le garde nomade Toubou se fait beau, cachant ses oripeaux sous une djellaba en meilleur état, ce qui lui fait comprendre qu'elle aussi doit revêtir sa meilleurs tenue... et surtout il faut se remettre en selle... Lorsque l'étape du soir se passe dans un campement, c'est la joie car après les échanges de cadeaux, les Toubous, hospitaliers bien que pauvres, tuent un mouton ou une chèvre. Une des grandes joies, à «l'hôtel du milliard d'étoiles », est de repérer dans le ciel les premiers satellites artificiels habités, «ces étoiles qui bougent et contiennent un homme », d'après le garde nomade. Puis, il faut encore, éclairé par une lampe torche, remettre en ordre les échantillons, la liste des photographies, les notes (avec les mesures de terrain : directions éoliennes selon des indicateurs précis), ce qui peut prendre chaque soir 2 heures. Le cahier de terrain se remplit et devient un trésor, à surveiller : ne pas le perdre devient une obsession, comme pour la boussole et les crayons. Tous les cahiers de terrain, qui remplissent aujourd'hui une étagère de plus d'un mètre de long, ont été précieusement conservés. 3 - Les analyses post-terrain Le volet sédimentologie conduit dans le monde du grain de sable : véritable encyclopédie, sa forme (rond, arrondi, coins arrondis, anguleux) et son état de surface (picoté mat, luisant, etc..) indiquent les mécanismes de transport (vent, oued, mer) successifs. Un grain sableux éolien transporté par le vent, par exemple, est rond mat. L'étude granulométrique des particules complète l'examen morphoscopique de la forme et de l'état de surface pour le diagnostic des modes de transport. D'autres recherches peuvent encore être entreprises : - la colorimétrie, significative pour le diagnostic des paléoclimats (rubéfaction due à des milieux tropicaux humides) et celui de la pédogenèse héritée; l'exoscopie et l'étude des minéraux lourds conduisant à la connaissance de la roche mère. Ces informations post-terrain se combinent avec l'analyse des photographie aériennes et des images satellites, qui permettent de réaliser les différentes cartes nécessaires à la localisation dans l'espace des phénomènes de dynamique éolienne étudiés.