En cette fin d'année 2017, les premiers taxis autonomes voient le jour. Waymo, une filiale d'Alphabet, c'est-à-dire de Goggle, a un essai en cours à Phoenix (Arizona) et en France, Navya a présenté son robot-taxi « Autonom Cab ». Les questions techniques semblent réglées. Reste l'évolution indispensable de la réglementation, bien plus délicate. L'an dernier, nous évoquions une étape importante : aux États-Unis, l’autorité en charge de la sécurité routière avait reconnu que le pilote automatique des voitures autonomes de Google peut être considéré comme le chauffeur du véhicule. Au fait, qu'est-ce qu'une voiture ?

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    Article publié le 11 février 2016

    L'avis que vient de rendre la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l'autorité en charge de la sécurité routière aux États-Unis, marque une étape importante dans le développement des voitures autonomes. En réponse à une requête de GoogleGoogle, elle a admis que l'intelligence artificielle qui pilote sa voiture autonome peut être considérée comme un conducteur à part entière. Si de nombreux obstacles réglementaires doivent encore être levés, cette reconnaissance pourrait accélérer la mise en circulation de voitures totalement autonomes dépourvues de commandes physiquesphysiques.

    Comme toutes les autres autorités compétentes dans le monde, la NHTSA fixe le cadre réglementaire qui définit ce qu'est une voiture à travers les Federal Motor Vehicle Safety Standards (FMVSS). Ce document, qui recense toutes les obligations techniques auxquelles les constructeurs automobilesautomobiles doivent se conformer, a été élaboré sur l'idée centrale qu'un humain est derrière le volant. Mais que se passe-t-il lorsque c'est un ordinateur qui décide de freiner, tourner, accélérer ?

    C'est en résumé la question qu'a posée Chris Urmson, le patron du projet de voiture autonome de Google. Son objectif était de savoir de quelle manière la Google Car pourrait satisfaire aux règles FMVSS alors qu'elle est justement dépourvue des systèmes de contrôle classiques : un volant, des pédales d'accélérateur et de frein. Urmson proposait deux solutions : affranchir les voitures Google des règles FMVSS ou bien reconnaître le pilote automatique comme le conducteur.

    Dans sa réponse, la NHTSA a choisi la seconde voie. « La NHTSA interprètera le mot "conducteur", dans le contexte de description du projet de voiture, comme se référant au système de conduite autonome et pas à l'un des occupants du véhicule », peut-on lire dans la réponse adressée à Google par le régulateur.

    Google a commencé son exploration de la voiture autonome il y a plusieurs années en équipant des véhicules de série de système de conduite automatisés. En 2014, la firme californienne a dévoilé une voiture automatique entièrement conçue par ses ingénieurs. © Google

    Google a commencé son exploration de la voiture autonome il y a plusieurs années en équipant des véhicules de série de système de conduite automatisés. En 2014, la firme californienne a dévoilé une voiture automatique entièrement conçue par ses ingénieurs. © Google

    Les règles sont amenées à évoluer, mais il faudra du temps

    Depuis mai 2015, la voiture Google est autorisée à circuler sur route ouverte aux abords du siège de l'entreprise. Mais pour obtenir le feufeu vert des autorités, il a fallu qu'elle soit équipée d'un volant et de pédales et qu'une personne titulaire d'un permis de conduire soit à son bord pour intervenir en cas de nécessité. Or, le géant californien aurait expliqué à la NHTSA que c'est le fait d'ajouter des contrôles manuels à une voiture autonome pour permettre au passager de reprendre la main qui constituerait le véritable danger.

    L'avis de la NHTSA peut être interprété comme une victoire pour Google et plus globalement pour tous les concepteurs de voitures autonomes. Mais il ne fait pas loi. Pour le moment, les règles FMVSS s'appliquent toujours. Le régulateur a indiqué qu'il pourrait les remanier pour tenir compte des évolutions technologiques mais que ceci prendrait du temps. La définition de ce qu'est une voiture va certainement beaucoup évoluer dans les prochaines années. En attendant, la NHTSA a suggéré à Google de demander des exemptions à certaines règles existantes pour pouvoir poursuivre et amplifier ses essais sur route.