Une équipe américaine est parvenue à réduire le plaisir de manger et à accroître le niveau d'exercice chez des souris, en désactivant un gène spécifique dans le cerveau.


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    L'obésité est une maladie complexe dont la survenue est causée par de nombreux facteurs : génétiques, hormonaux, environnementaux, parcours de vie, etc. Par conséquent, dans cette conception, une seule et unique stratégie ne peut venir à bout de cette pathologie. Néanmoins, on peut imaginer plusieurs traitements combinés, certains ciblant la génétique comme c'est le cas dans cette étude, d'autres la psychologie, comme le font déjà les nudges ou encore en ciblant l'environnement alimentaire structurel de nos villes. 

    Dans cette étude, conduite par des chercheurs du Maryland affiliésaffiliés au National Health Institute, la désactivation d'un gène bien précis a permis de modifier drastiquement le comportement alimentaire et physiquephysique des rongeursrongeurs. En effet, chez les souris dont le gène avait été désactivé, on pouvait constater une diminution de l'attrait et de la consommation d'aliments appétissants et gratifiants (dans le sens où ils stimulent particulièrement notre circuit de la récompense), et une augmentation de la « volonté » à faire de l'exercice. Pourrait-on envisager un tel traitement chez l'être humain ? 

    Sous l'influence de notre cerveau

    L'habenula est une structure cérébrale faisant partie de l'épithalamus qui désigne la portion dorsale du diencéphalediencéphale formée de l'épiphyseépiphyse, de l'habenula et de la strie médullairemédullaire. C'est une région dont les fonctions sont encore mal connues. Mais le circuit neuronal habénulaire intéresse de plus en plus les scientifiques pour ses implications potentielles dans les addictions, la dépression, la motivation et le processus de récompense.

    Ce circuit est sous l'influence de l'action d'un gène en particulier : Prkar2a. Des expériences antérieures ont déjà démontré qu'altérer le circuit neuronal habénulaire permettait à des souris de ne pas devenir obèses alors même qu'elles étaient soumises à une alimentation conduisant vers l'obésité. Dans cette nouvelle expérience, l'altération de ce circuit diminue l'attirance des souris pour les aliments « récompenses » et les pousse à faire plus d'exercice, ce qui pourrait être une bonne chose chez des patients obèses. 

    Désactiver le circuit neuronal habénulaire pourrait réduire l'attrait envers les aliments « récompenses ».© adrianillie282, Adobe Stock
    Désactiver le circuit neuronal habénulaire pourrait réduire l'attrait envers les aliments « récompenses ».© adrianillie282, Adobe Stock

    Une piste pour traiter l'obésité ?

    Nous l'avons dit, l'obésité est une maladie complexe. Une seule stratégie peut difficilement espérer en venir à bout. Mais on peut imaginer que des thérapies tentant de cibler ce circuit cérébral puissent être testées un peu plus longuement chez le modèle animal, afin d'en mesurer les potentiels effets secondaires à long terme avant de réaliser des études chez l'être humain. 

    Dans la grande majorité des cas, l'obésité résulte d'un environnement inadéquate. Il serait bon de se focaliser également sur des variables structurelles comme notre environnement alimentaire. Par exemple, faire en sorte que les aliments bruts soient plus disponibles et mieux disposés dans les supermarchés que les aliments transformés. En ce vingt-et-unième siècle, le défi de l'alimentation est à relever sur beaucoup de points. Il nous faut repenser nos systèmes alimentaires, autant pour les personnes obèses que pour les personnes qui souffrent de la faim dans le monde.