Que se passe-t-il dans le pergélisol sibérien ? Après le premier trou découvert dans la péninsule Yamal, deux autres ont été repérés par des éleveurs de rennes dans des régions voisines. Les scientifiques n’ont pas encore choisi entre les hypothèses possibles, mais le réchauffement du sol, en principe gelé, joue probablement un rôle.

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    Le trou n°2, dans l'ordre de leur découverte, apparu près de la commune d'Antipayuta, sur le golfe de l'Ob, à plusieurs centaines de kilomètres du premier. Son diamètre est d'environ 15 m. © Service de presse du gouverneur YaNAO

    Le trou n°2, dans l'ordre de leur découverte, apparu près de la commune d'Antipayuta, sur le golfe de l'Ob, à plusieurs centaines de kilomètres du premier. Son diamètre est d'environ 15 m. © Service de presse du gouverneur YaNAO

    Combien de trous ? C'est la question posée en Sibérie depuis quelques jours. Le 15 juillet dernier, le journal Siberian Times dévoilait les images d'un curieux cratère formé dans la péninsule Yamal, le « bout du monde » dans le dialecte local, au nord-ouest de la Sibérie, baignée par la mer de Kara. L'ouverture aux bords nets, ouvrant sur une vaste cavité souterraine, était apparue dans le sol qui, d'ordinaire, reste gelé toute l'année (le pergélisol, ou permafrostpermafrost en anglais), non loin d'un des plus gros gisements de gazgaz d'Europe.

    Signalés par la même revue, deux nouveaux trous ont été découverts par des éleveurs de rennes, les rares habitants à fréquenter ces régions. L'un d'eux, d'un diamètre de 15 m, est apparu à quelques centaines de kilomètres du premier, tout près de la péninsule Yamal, de l'autre côté du golfe de l'Ob, dans le district Taz. Selon les habitants des environs, il se serait formé en septembre 2013, avec un bruit d'explosion. Le troisième cratère a, quant à lui, été repéré bien plus loin, sur la péninsule de Taïmyr, plus à l'est et plus au nord. Ce cratère forme un cônecône parfait, entourant une performation centrale de 4 m de diamètre.

    Le premier trou a été repéré sur la péninsule Yamal, au nord-ouest de la Sibérie, dans le <a href="http://fr.rusbiznews.com/regions/District_Fédéral_d’Oural/District_Autonome_Yamalo-Nenetse/" title="District autonome Yamalo-Nenets" target="_blank">district autonome Yamalo-Nenets</a>, près de Bovanenkovo. Le deuxième a été repéré de l'autre côté du golfe de l'Ob, près d'Antipayuta. Sur la vignette en haut à droite montrant un agrandissement de la région au sud-est de Bovanenko, on remarque que la péninsule est constellée de lacs de différentes tailles. © <em>Google Earth</em>, Futura-Sciences

    Le premier trou a été repéré sur la péninsule Yamal, au nord-ouest de la Sibérie, dans le district autonome Yamalo-Nenets, près de Bovanenkovo. Le deuxième a été repéré de l'autre côté du golfe de l'Ob, près d'Antipayuta. Sur la vignette en haut à droite montrant un agrandissement de la région au sud-est de Bovanenko, on remarque que la péninsule est constellée de lacs de différentes tailles. © Google Earth, Futura-Sciences

    Ces trous expliquent-ils une caractéristique du paysage de la péninsule Yamal ?

    Des scientifiques s'intéressent de près à ce phénomène et des études sont menées sur le premier cratère découvert. D'après Andrey Plekhanov du au Centre de recherche de l'ArctiqueArctique, ce trou se serait formé il y a un ou deux ans au maximum. Les équipes travaillent sur des images prises par satellites pour le déterminer. Des clichés ont pu être réalisés depuis l'intérieur de la cavité, laquelle serait profonde d'environ 70 m. Le fond, qui n'a pas été atteint, semble empli de glace. L'eau suinte depuis les lèvres du cratère, coule vers le fond puis gèle. (Voir toutes les images dans les trois articles du Siberian Times dont les liens sont regroupés au bas de cet article.).

    L'explication du phénomène reste à écrire. Selon Andrey Plekhanov, il n'y a pas eu d'explosion, comme il a été dit. Le sol a été éjecté autour du trou par « une force interne ». Une cause première possible est la température anormalement élevée qui règne cet été dans la région, comme ce fut déjà le cas en 2012 et 2013. Mais rien pour l'instant ne permet de faire de cette hypothèse une certitude. Le chercheur rappelle une idée des années 1980, abandonnée depuis, selon laquelle les petits lacs, typiques de la péninsule Yamal, se seraient formés par un phénomène du même type. Selon lui, si ces événements surviennent de temps à autre depuis environ 8.000 ans, ils pourraient expliquer le paysage de cette région.