Une récente analyse effectuée par des scientifiques de la Cardiff University démontre que le problème des pluies acides se montre toujours aussi préoccupant que durant les années 1970 et 1980, malgré l'ensemble des mesures décidées et mises en application.

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    Forêt ravagée par les pluies acides en Tchécoslovaquie. Image libre de droits

    Forêt ravagée par les pluies acides en Tchécoslovaquie. Image libre de droits

    Souvenons-nous. Les pluies acidesacides avaient largement préoccupé l'opinion mondiale il y a une vingtaine d'années. Leurs effets se faisaient ressentir sur les roches et les sols qu'elles rendaient acides, notamment dans les régions montagneuses déjà moins riches en éléments minérauxminéraux, et qui s'appauvrissaient encore. Quelquefois, ces terrains renferment aussi en petite quantité des métauxmétaux lourds, que des réactions chimiquesréactions chimiques provoquées par une acidité élevée rendaient assimilables par les plantes, puis par les animaux qui les avalent. Et, en bout de chaîne alimentairechaîne alimentaire, par l'homme...

    Dans les lacs et les cours d'eau, plantes et animaux dépérissaient progressivement, excepté quelques espèces particulièrement résistantes. Les oiseaux étaient eux-mêmes contaminés par les poissons dont ils se nourrissaient, et les espèces marines n'échappaient pas à la règle. Mais l'effet le plus spectaculaire se produisait au niveau des arbres, qui perdaient leurs feuilles ou leurs aiguilles, et même quelquefois leur écorce. Ils devenaient alors sensibles aux insectes, maladies et dépérissaient.

    Steve Ormerod, l’un des chercheurs de l’équipe, en plein travail. (Photo : Andrew Lucas)

    Steve Ormerod, l’un des chercheurs de l’équipe, en plein travail. (Photo : Andrew Lucas)

    Des mesures préventives

    Au cours des vingt dernières années, tout un éventail de mesures ont été prises afin de réduire la production non désirée d'acides par l'industrie, et les chercheurs se montraient enfin optimistes face aux résultats espérés. Las, une nouvelle expertise conduite par la Cardiff University's School of Biosciences démontre que de nombreuses sources contiennent encore beaucoup d'acidité, et que les améliorations prévues au niveau des fleuves et des rivières ne confirment pas les prévisions des chercheurs.

    Parmi les résultats publiés par l'université de Cardiff, le  Centre d'Ecologie et d'Hydrologie et le musée national du Pays de GallesGalles, on peut relever :

    • L'acididé relevée dans les sources du pays de Galles diminue, mais très lentement.
    • Plus des deux tiers des échantillons prélevés étaient suffisamment acides pour causer des dommages biologiques, et leur concentration en métaux lourds franchissait le seuil de toxicitétoxicité.
    • La pollution en soufresoufre du fait de l'activité humaine reste une cause importante du niveau d'acidité, en particulier dans le pays de Galles.
    • Les insectes les plus sensibles ne survivent pas plus de quelques jours à proximité des sources acides.
    • L'acidification des rivières à proximité des sources reste toujours un problème significatif pour la pêchepêche des salmonidés, ainsi que pour les réserves aquicoles telles la rivière Wye au Pays de Galles.

    Le professeur en biosciences Steve Ormerod déclare : "Les organismes et les écosystèmesécosystèmes sont les meilleurs indicateurs de la reprise de la pollution, et les résultats pourront alarmer tout ceux qui s'intéressent au bien-être de nos fleuves. Nous devons comprendre les facteurs responsables d'une telle reprise de la pollution, en ne perdant pas de vue que le réchauffement climatiqueréchauffement climatique est susceptible d'encore aggraver le problème d'acidité".

    Le docteur Chris Evans quant à lui, un spécialiste en pluies acides pour le centre d'Ecologie et d'Hydrologie à Bangor, annonce que "le niveau de pollution acide s'améliore très lentement dans les régions montagneuses, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les importantes répercussions biologiques des chutes de pluies acides démontrent qu'il est vital de poursuivre la surveillance des écosystèmes si nous voulons continuer à les protéger à l'avenir".

    Les résultats de cette expertise scientifique contrastent nettement avec d'autres études, qui avaient tendance à se montrer encourageantes au point que certains avaient estimé que le problème des pluies acides était définitivement résolu. Une fois de plus, la nature se révèle bien plus complexe qu'une simple mécanique et ses dérèglements bien plus délicats à rectifier par l'Homme, dont la légèreté d'action ne semble pas faiblir...