Le lien semble évident : en diminuant la pollution atmosphérique, on augmente l’espérance de vie. C'est bien vrai. Après 30 ans de baisse de la concentration en polluants aux États-Unis, une étude vient de montrer qu’il faut poursuivre les efforts car même une diminution modeste de la concentration en microparticules prolonge l’existence.

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    Réduire la pollution atmosphérique est un enjeu de taille. Aux États-Unis, la prise de conscience date des années 1970. Depuis cette époque, 25 milliards de dollars (19 milliards d'euros) sont investis annuellement pour purifier l'airair. Des efforts productifs puisque la qualité de l’atmosphère américaine n'a cessé de s'améliorer entre 1980 et 2000.

    Cependant, depuis le début du troisième millénaire, l'effet est de moins en moins fort. À tel point que certains s'interrogent : tout cet argentargent dépensé pour réduire la pollution contribue-t-il encore à améliorer la santé publique ?

    Oui, selon les travaux de chercheurs de la Harvard School of Public Health. En étudiant la qualité de l'air dans 545 comtés américains (des territoires plus grands qu'une ville mais plus petits qu'un État) entre 2000 et 2007, ils ont révélé dans la revue Epidemiology qu'une diminution dans la concentration en microparticules prolongeait toujours de manière significative l'espérance de vie de leurs concitoyens.

    Des microparticules en baisse, l’espérance de vie en hausse

    Le lien entre pollution et santé est connu depuis de nombreuses années. Une exposition aiguë ou chronique se traduit par une augmentation de l'incidence des maladies cardiovasculaires et pulmonaires et, à terme, de la mortalité. Les États-Unis seraient-ils arrivés à un seuil en dessous duquel la pollution n'a plus d'emprise sur la santé ?

    Les moteurs diesel des voitures émettent des microparticules qui polluent l'atmosphère. Les feux de forêt aussi. © Bicycle bob, Flickr, cc by sa 2.0

    Les moteurs diesel des voitures émettent des microparticules qui polluent l'atmosphère. Les feux de forêt aussi. © Bicycle bob, Flickr, cc by sa 2.0

    Les auteurs ont focalisé leurs recherches sur les microparticules fines, ne dépassant pas les 2,5 µm de diamètre (PM2,5). Elles proviennent du tabac, des feux de boisbois, de l'industrie ou des véhicules motorisés.

    À base de modèles statistiques, et en prenant en compte le statut socioéconomique, le tabagisme ou les caractéristiques démographiques, ils ont conclu que pour une diminution de l'ordre de 10 µg/m3 de ces PM2,5 dans l'atmosphère, l'espérance de vie était globalement allongée de 0,35 année (soit un peu plus de 4 mois).

    Les femmes sont plus sensibles que les hommes

    Disposant d'échantillons provenant de lieux d'une grande diversité, l'analyse des données a pu être approfondie davantage. Ainsi, il existe des divergences entre les aires très urbanisées et les zones rurales. L'incidence sur la santé publique est d'autant plus forte là où les populations sont très denses. Ce qui est imputable, selon les auteurs, à la différence de nature entre les microparticules en ville ou à la campagne. Il y aurait également un effet en fonction du sexe, puisque les femmes profiteraient de cette purification de l'air de manière plus marquée que les hommes.

    Cette étude est la plus vaste du genre jamais entreprise. Se basant sur une étude publiée par ces mêmes auteurs en 2009 dans le New England Journal of Medicine, qui portait sur seulement 211 comtés, ils ont cette fois utilisé des données plus récentes et sur un nombre de territoires 2,5 fois plus important.

    En conclusion, tous les efforts fournis en vue d'abaisser les niveaux de polluants dans l'air sont utiles à notre santé. Tous les éléments indiquent qu'il faut poursuivre en ce sens !