Alors que le retour d’échantillons martiens de la mission ExoMars à été repoussé, au mieux à l’horizon 2030, une équipe de chercheurs de la Purdue university est convaincue que des traces de vie martienne sont présentes sur Phobos. D’où l’idée d’y envoyer une sonde récupérer des échantillons et les ramener sur Terre.


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    Faute de budget suffisant, la Nasa a été contrainte de se retirer du projet européen ExoMars de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Avec ce retrait, l'Esa perd la partie de la mission qui prévoyait de collecter des échantillons martiens, de les placer dans un conteneur récupéré par un engin expédié vers la Terre. C'est une très grande déception pour la communauté scientifique concernée consciente de l'opportunité unique qu'offrait la mission ExoMarsExoMars pour préparer ce retour d'échantillons. La prochaine tentative n'est pas envisagée avant les années 2030.

    Pour des chercheurs de la Purdue university, il ne sera peut-être pas nécessaire d'attendre aussi longtemps. Selon eux, si la vie sur Mars a existé ou existait ces dix derniers millions d'années, PhobosPhobos est la meilleure chance de la découvrir dans des délais raisonnables !

    Des poussières de Mars dans le sol de Phobos

    Comme l'explique Jay Melosh, chercheur et professeur à cette université, Phobos (comme DeimosDeimos d'ailleurs, l'autre lune de Mars) pourrait abriter des traces de vie martienne. Autrement dit, des échantillons de Phobos contiendraient suffisamment de matériel récent de Mars pour y inclure des organismes.

    Le pôle nord de Phobos vu par la sonde européenne ExoMars. Cette lune pourrait contenir des traces de vie martienne. © Esa /DLR /FU Berlin (G. Neukum)

    Le pôle nord de Phobos vu par la sonde européenne ExoMars. Cette lune pourrait contenir des traces de vie martienne. © Esa /DLR /FU Berlin (G. Neukum)

    L'équipe explique la présence de matériaux martiens sur ces deux lunes par la formation de cratères d'impact qui les auraient enrichies en éjectant de la matière de la Planète rouge dans l'espace. Cette idée est loin d'être saugrenue, car chaque année la Terre reçoit près d'une tonne de matière en provenance de Mars.

    L'équipe a calculé que 200 g d'échantillons de la surface de Phobos devraient contenir, en moyenne, environ un dixième de milligramme de matière martienne. Il est évident que personne ne s'attend à découvrir des formes de vie en activité. L'absence d'atmosphèreatmosphère autour de Phobos rend sa surface invivable. Les rayonnements spatiaux et solaires ne laissant aucune chance de survie aux organismes et autres substances biologiquement actives.

    De la vie martienne en hibernation ?

    Les chercheurs estiment qu'au cours des dix derniers millions d'années se sont déroulé au moins quatre événements d'impact suffisamment puissants pour éjecter de la matière hors de la planète. De tous les grands cratères d'impact identifiés pendant cette échelle de temps, c'est le cratère Mojave, large de 60 km de diamètre, qui présente le plus grand intérêt pour les chercheurs. Il se serait formé il y a moins de 5 millions d'années, laissant à penser que Phobos a capturé de grandes quantités de matière de cette région.

    Les auteurs imaginent même la possibilité que Phobos puisse abriter des organismes vivants mais en hibernation, enfouis sous sa surface. Parvenus sur Terre, installés dans des conditions favorables, ils pourraient alors se réveiller, estime Loic Chappaz, l'un des membres de l'équipe, qui se souvient d'une étude à laquelle il a participé montrant que des micro-organismesmicro-organismes peuvent survivre à des chocs violents, comme une collision d'astéroïde. D'autres études, rapporte-t-il, montrent que des bactériesbactéries peuvent tolérer une certaine dose de rayonnement cosmique.

    Après l'échec de la mission russe Phobos-Grunt, l'idée est un argument de plus pour tenter de nouveau une expédition de ce genre, bien moins coûteuse qu'une récupération d'échantillons sur le sol martien.