Bruits assourdissants ou au contraire très doux. Lueurs vives se déplaçant en plein ciel. Engins aux formes incongrues. Cela fait maintenant des décennies que des observations d’objets volants non identifiés (Ovnis) sont rapportées un peu partout dans le monde. Et avec la parution d’un rapport très officiel sur le sujet aux États-Unis, les chercheurs espèrent réussir à dépassionner le débat pour proposer une approche scientifique de la question et mieux comprendre ces phénomènes.


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    Il était très attendu. Et le 25 juin dernier, il a enfin été publié. Le rapport au Congrès américain rédigé par le Bureau du directeur du renseignement national (Odni) sur les observations d’Ovnis. Ou plutôt, comme on dit maintenant, pour éviter toute stigmatisation, sur les observations de Pans, de phénomènes aériens -- ou aérospatiaux -- non identifiés. Un rapport historique.

    Non parce qu'il dévoile une quelconque preuve convaincante que des extraterrestres nous ont déjà rendu visite. Mais parce que les chercheurs impliqués dans la recherche de vie dans l’Univers espèrent qu'il ouvrira la porteporte à plus de travaux sérieux sur les Pans.

    Le saviez-vous ?

    Parmi les 144 observations étudiées, l’ODNI en fait ressortir 21 qui représentent des énigmes « classiques » des Ovnis. Qui semblent « rester stationnaires dans les vents ou se déplacer contre le vent ou encore manœuvrer brusquement ou se déplacer à une vitesse considérable, sans moyen de propulsion discernable ».

    En France, le Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) est l’organisme qui se charge d’étudier les signalements de Pans. En mai dernier, il avait par exemple expliqué un halo lumineux observé dans le ciel par le réallumage du moteur devant assurer la désorbitation du deuxième étage du lanceur Falcon 9, opéré par SpaceX pour mettre en orbite ses satellites Starlink.

    Car ce que le rapport souligne avant tout, c'est le manque de données de qualité et d'études scientifiques minutieuses. Examinant 144 observations de Pan provenant de sources gouvernementales entre 2004 et 2021, il évoque, par exemple, des possibilités d'erreurs de capteurcapteur ou de mauvaises perceptions des observateurs. Résultat, seul un pan a pu être identifié par le groupe avec « une grande confiance » comme étant un énorme ballon en train de se dégonfler. Le tout après dix mois de travail...

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    Mais pourquoi donc tant de méfiance de la part des scientifiques eu égard aux observations de Pans ? Peut-être à cause de l'image que les Pans, ex-Ovnis, véhiculent dans la société. On les associe volontiers à l'incident de Roswell et à la zone 51, aux théories du complot, aux crop circles ou encore aux histoires d'enlèvements par des extraterrestres. Des histoires « à dormir debout » auxquelles les chercheurs hésitent évidemment à associer leur nom. D'autant que plus de la moitié des observations peuvent être attribuées à des météoresmétéores ou d'autres phénomènes tout à fait naturels. Le Pan le plus courant serait... la planète VénusVénus. Que certains imaginent parfois bouger d'avant en arrière et se déplacer assez rapidement dans le ciel.

    Résultat : les travaux sur les Ovnis et autres phénomènes connexesconnexes sont rarement financés par les agences. Pourtant, interrogés « en privé », les scientifiques -- un peu plus les jeunes et les mieux informés -- estiment pour beaucoup que les Pans mériteraient une analyse plus rigoureuse.

    Pas si étonnant lorsque l'on sait que les astronomesastronomes estiment qu'il existe 300 millions de mondes habitables rien que dans la Voie lactée. Autant de chances que la vie ait pu se développer. Et très probablement presque autant qu'une forme d'intelligenceintelligence soit apparue quelque part. Peut-être même avant que cela n'arrive sur Terre. C'est pourquoi ils ont imaginé le programme Seti, pour Search for Extra-Terrestrial IntelligenceSearch for Extra-Terrestrial Intelligence -- comprenez Recherche d'une intelligence extraterrestre. Un programme longtemps raillé, mais depuis 2020, à nouveau financé par la Nasa.

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    Ainsi le rapport de l'Odni appelle-t-il à déstigmatiser les Ovnis afin de libérer la parole de potentiels observateurs de confiance comme les pilotes. Il encourage aussi à la transparencetransparence dans un domaine longtemps marqué du sceau du secret. Et à étudier de près les cas réellement inexpliqués à ce jour.

    Les statistiques du Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) © Geipan
    Les statistiques du Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) © Geipan

    Beaucoup de choses à apprendre

    Parce que si ces phénomènes ont probablement des explications très banales, ils pourraient aussi être la marque de cas plus étonnants. Voire de technologies extraterrestres. Car comme le disait Arthur C. Clarke, « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». Selon Avi Loeb, chercheur à l'université de Harvard (États-Unis), il pourrait alors s'agir de robotsrobots autonomes. Ou même d'engins autorépliquant. Après tout, notre propre technologie évolue bien actuellement de façon exponentielle. D'ici peu, nous devrions être capables d'envoyer des minisatellites vers d'autres étoiles. Alors pourquoi d'autres civilisations ne l'auraient-elles pas déjà fait dans notre direction ? C'est toute la question.

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    Ainsi le moment est sans doute venu d'étudier la question de plus près. En nous appuyant sur des instruments de plus en plus pointus. Et que l'origine des Pans soit terrestre ou extraterrestre, nous apprendrons probablement quelque chose de nouveau.