La stimulation cérébrale profonde serait un remède efficace contre la dépression chez des patients pour lesquels aucun traitement n’a montré son efficacité. Les bienfaits seraient même ressentis durablement, un vrai succès pour cette technique pour le moins invasive.

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    La dépression est une vraie maladie, dont il est difficile de sortir. © DR

    La dépression est une vraie maladie, dont il est difficile de sortir. © DR

    Alors que les traitements destinés à lutter contre la dépression sont bien souvent insatisfaisants (dans 30 % des cas), de nouvelles molécules, voire de nouvelles techniques sont développées et ont pour ambition d'améliorer la prise en charge des nombreux patients privés de réelle aide. L'une d'entre elles fait son petit bout de chemin, il s'agit de la méthode de stimulation cérébrale profonde.

    Sous ce nom barbare se cache un appareillage qui peut en effet effrayer au premier abord. Une tige métallique est implantée par voie transcrânienne dans une zone particulière du cerveau. Cette électrodeélectrode envoie des signaux électriques aux neurones, selon les ordres d'un neurostimulateur implanté sous la peau du torse et avec qui elle est reliée par un long fil électriquefil électrique qui traverse la nuque. Ce genre de technique est efficace dans la diminution des symptômes de maladies où le fonctionnement du cerveau est perturbé. 

    Une méthode qui a déjà fait ses preuves

    Ainsi, la stimulation cérébrale profonde est indiquée dans le soulagement des patients atteints de la maladie de Parkinson, qui voient les tremblements de leurs membres s'atténuer. Les symptômes gênants de maladies psychiatriques comme le syndrome de la Tourette ou les troubles bipolairestroubles bipolaires peuvent également décliner, la zone du cerveau dans laquelle est implantée l'électrode permettant de cibler spécifiquement la maladie à traiter.


    La stimulation cérébrale profonde nécessite l'insertion d'une électrode dans le cerveau. © meadimation, YouTube

    Pour traiter la dépression, il faut donc stimuler une région cérébrale dont le dysfonctionnement induit la maladie. Les scientifiques canadiens de l'University Health Network à Toronto ont choisi comme cible le cortexcortex cingulaire subcalleux, autrement appelé l'aire de Brodmann numéro 25. Celle-ci est connue pour être riche en transporteurs de la sérotoninesérotonine et pour être impliquée dans des défauts d'humeurs. Il y a une dizaine d'années, une hyperactivité de cette zone cérébrale chez les dépressifs avait d'ailleurs été mise en évidence lors d'imageries cérébrales. 

    Le patient ajuste précisément l’intensité de la stimulation

    La stimulation, dont l'intensité peut être finement modulée, doit donc être réglée pour réduire l'activité des neurones de cette région. N'étant jamais mieux servi que par soi-même, le patient possède lui-même une sorte de télécommande, qui lui permet d'ajuster au mieux les stimulations, en fonction des effets positifs ou au contraire des effets indésirables qu'il peut ressentir.

    Pour étudier les effets de la stimulation de cette zone sur la dépression, vingt malades ne répondant à aucun traitement ont été inclus dans une étude à long terme. Au cours des douze premiers mois, la technique s'est déjà avérée efficace pour douze des patients, et ce à long terme. En effet, six ans après l'implantation, les effets positifs sont toujours visibles. Il s'agit donc d'une méthode qui permet d'aider des personnes restées sans solution avant ce nouveau traitement, qui plus est sans rechuterechute ; une belle exception au sein de la variété de traitements contre la dépression.

    Une efficacité relative

    En revanche, parmi les patients pour qui l'implantimplant n'a pas eu d'effet au départ, deux se sont donné volontairement la mort. Si cela n'est pas surprenant étant donné le taux de suicide très élevé chez les patients dépressifs non soignés, ces résultats rappellent toutefois que les stimulations cérébrales profondes ne sont pas un remède miracle efficace chez tous les patients.

    Les bons résultats, publiés dans la revue American Journal of Psychiatry, ne doivent cependant pas être occultés, même s'ils restent à confirmer sur un plus grand nombre de patients. Car étant donné la difficulté de l'implantation de l'électrode, mieux vaut être certain de son efficacité. Il existe notamment une autre forme de stimulation, magnétique et non invasive cette fois, qui semble tout aussi prometteuse, et beaucoup plus facile à mettre en œuvre.