Un casque sur la tête et la personne peut piloter son fauteuil roulant électrique grâce à ses ondes cérébrales, en se concentrant un peu. Les jeunes ingénieurs de l'école ESME Sudria poursuivent leur étonnant projet Neuromoov au sein du nouvel incubateur Sudri'Cub, avec comme chantier la réalisation de leur propre casque car ceux du commerce sont inadaptés... ou cryptés.

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    L'an dernier, Futura-Sciences présentait un projet d'étudiants de l'école d'ingénieurs ESME Sudria : un fauteuil roulant commandé par la pensée. L'équipe, qui a grossi entretemps, passant de 3 à 5 personnes, a l'objectif de créer une entreprise pour commercialiser cet engin sans équivalent. Elle poursuit son travail au sein de l'école, dans un « incubateur de start-up », où elle trouvera notamment de gros moyens de calculs, indispensables à la suite du projet.

    Sudri’Cub, c'est le nom de cette structure, met à la disposition des « incubés » des locaux, des formations et des moyens techniques, ici en l'occurrence un datacenter mis en place par HPHP. « On peut extraire un signal pertinent sur 5 ou 6 personnes après quelques essais, explique Pierre Pagliughi, l'un des responsables du projet. Mais, pour que le système fonctionne avec n'importe qui, il faut réaliser de nombreux essais et donc manipuler beaucoup de données. Trois minutes de tests génèrent 15 Mo. Les sessions durent une heure et il faudrait les faire sur un millier de personnes... »


    Pierre Pagliughi teste le fauteuil roulant équipé du casque Mindwave. Le système détecte deux signaux : celui, cérébral, de l’état de concentration et celui, musculaire, du froncement de sourcils. Un nombre d’électrodes plus grand permettra une commande plus facile et adaptée à n’importe quelle personne. © Équipe Neuromoov, ESME Sudria, You Tube

    La prochaine commande du fauteuil aura davantage d'électrodes

    Côté technique, le premier prototype fonctionne correctement, comme on le voit sur la vidéo, mais la commande reste à améliorer. Jusque-là, elle consistait en un casque Mindwave, vendu dans le commerce par Neurosky. Bon marché, il a l'avantage d'être léger mais il ne comporte qu'une seule électrodeélectrode, qui capte à la fois les signaux cérébraux et la contraction musculaire. L'équipe voulait acquérir un modèle plus perfectionné mais les données que génère cet appareil du commerce sont cryptées, donc inutilisables. « Il existe bien des modèles médicaux avec de très nombreuses électrodes. Mais, justement, il y en a trop et ils se présentent sous la forme de bonnets, qui ne conviennent pas pour l'utilisation quotidienne que nous voulons. De plus, ils valent environ 30.000 euros et cela aussi c'est trop pour nous. » D'où l'idée de réaliser un casque eux-mêmes, avec les moyens de Sudri'Cub.

    Neuromoov rejoint ainsi trois autres projets, puisque la limite est de quatre. « Cela peut sembler peu, explique Sébastien Herry, responsable de cette structure, mais l'accompagnement est important, sur le plan de l'encadrement et sur celui des moyens techniques. » Les candidats peuvent venir d'ailleurs. « Deux projets sont portés par des entrepreneurs extérieurs, un par une équipe constituée d'étudiants de la Sorbonne, de Supelec, de HEC et d'ESME Sudria. » Il ne s'agit pas d'une pépinière d'entreprises mais de l'aide que peut apporter une école d'ingénieurs et qui est d'ailleurs limitée dans le temps : six mois et renouvelable deux fois trois mois, « soit un an au maximum, c'est le temps de mettre au point un prototype ».

    L'équipe de Neuromoov en est là et doit mettre au point, en plus du casque, une commande directe des moteurs du fauteuil électrique (alors que le premier prototype utilisait celle déjà en place). Ce qui permettra d'adapter ce système de pilotage par la pensée à n'importe quel fauteuil. Rendez-vous au prochain épisode...