Le renforcement des vents d’ouest en haute altitude réduira la vitesse des avions allant d'Europe en Amérique du Nord, expliquent des chercheurs britanniques. Selon leurs estimations, chaque année, ces liaisons transatlantiques exigeront globalement deux mille heures de plus car la diminution du temps de vol au retour ne compensera pas ce retard, comme on l’explique dans les aéroclubs.

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    Paul Williams, de l'université de Reading (Royaume-Uni), a étudié l'incidenceincidence d'une augmentation du taux de gaz carbonique dans l’atmosphère sur les vents d'altitude dont savent profiter les compagnies aériennes pour les vols transatlantiques. Soufflant d'ouest en est, ces « jet-streams » réduisent le temps de trajet vers l'Europe mais l'augmentent dans l'autre sens. Actuellement, ces duréesdurées sont, respectivement, de moins de 5 heures et demie avec un vent fort (qui aide) et de 7 heures avec un fort vent de face, la durée sans vent (théorique) étant d'environ 6 heures. Des modifications dans les températures devraient changer ces grands mouvementsmouvements d'airair et Paul Williams a nourri un modèle climatique (GFDL CM2.1) avec un doublement du CO2 par rapport à l'ère préindustrielle, une teneur qui devrait être atteinte au cours de ce siècle, explique-t-il.

    Le chercheur a alors calculé les effets sur les vols sur une période de vingt ans, pour tenir compte des effets saisonniers, car les vents d'hiver ne sont pas ceux de l'été et parce qu'ils varient d'une année sur l'autre. Les routes envisagées sont celles actuellement suivies par les avions entre Londres et New York. Le calcul, soigneux, est détaillé dans la publication de la revue Environmental Research Letters et résumé dans le communiqué de l’université Reading.

    Les vents au-dessus de l'Atlantique à l'altitude des vols commerciaux, avec leurs directions (les petites flèches bleues) et la vitesse (indiquée par la couleur, avec les valeurs, à droite, en m/s). En haut, la situation à l'ère préindustrielle, reconstituée par les modèles, et, en bas, dans l'avenir, quand la concentration en gaz carbonique sera deux fois plus élevée (par rapport à l'ère préindustrielle). Les lignes noires montrent le trajet des avions qui suivent une loxodromie (la route la plus courte) entre l'aéroport Heathrow, à Londres (LHR) et l'aéroport JFK, à New York. © Paul Williams, <em>Environmental Research Letters</em>

    Les vents au-dessus de l'Atlantique à l'altitude des vols commerciaux, avec leurs directions (les petites flèches bleues) et la vitesse (indiquée par la couleur, avec les valeurs, à droite, en m/s). En haut, la situation à l'ère préindustrielle, reconstituée par les modèles, et, en bas, dans l'avenir, quand la concentration en gaz carbonique sera deux fois plus élevée (par rapport à l'ère préindustrielle). Les lignes noires montrent le trajet des avions qui suivent une loxodromie (la route la plus courte) entre l'aéroport Heathrow, à Londres (LHR) et l'aéroport JFK, à New York. © Paul Williams, Environmental Research Letters

    L'aller-retour Paris New York sera en moyenne plus long

    Conclusion : les vols vers l'est seront en moyenne raccourcis de 4 mn et les voyages vers l'ouest allongés de 5 mn 18 s, soit, pour l'aller-retour, une augmentation de 1 mn 18. À l'avenir, les vols vers l'Amérique auront deux plus fois de chance de dépasser 7 heures et, dans l'autre sens, deux fois plus de chances de descendre en dessous de 5 h 20. Cette durée est le record actuel, enregistré le 8 janvier 2015. Le bilan global sur l'aller-et-retour, calcule Paul Williams, est une augmentation de 2.000 heures de vol chaque année. Pour qui se demanderait pourquoi un vent de face à l'aller n'est pas contrebalancé par le même vent, arrière donc, pour le vol de retour, voir le petit exercice d'arithmétique à la fin de cet article.

    Cette augmentation de la durée des vols transatlantiques conduirait, à activité aérienne constante, à une consommation plus élevée d'environ 21.000 tonnes de carburant. L'auteur en déduit un supplément annuel d'émissionémission de CO2 de 70.000 tonnes, sur la base de 2,53 kgkg de CO2 par litre de kérosène (pour une densité de 0,779 kg par litre). Ce qui représente, toujours selon le calcul de Paul Williams, les émissions de 7.100 foyers britanniques. Le chercheur a aussi multiplié par le tarif actuel du carburant et parvient à une note augmentée d'environ 20 millions d'euros. Ce genre de calcul, explique-t-il, devrait être fait sur d'autres trajets aériens fréquentés.

    En 2013, le même auteur avait déjà étudié les effets d'un réchauffement climatique sur les vols transatlantiques et, comme nous le relations alors, il avait conclu que les avions subiront davantage de turbulences, du moins pendant plus longtemps : entre 7 et 14 minutes de plus sur un vol en hiver.

    Petit exercice de calcul de temps de vol

    Soit un avion dont la vitessevitesse de croisière est de 150 km/h qui doit atteindre une destination située à 1.000 km et en revenir.

    1. Calculer le temps de trajet aller-retour sans vent.
    2. Calculer le temps à l'aller avec un vent de face de 50 km/h. Calculer le temps pour le retour avec un vent arrière de 50 km/h. Additionner les deux pour obtenir la durée totale des deux vols. Comparer avec le résultat 1.