Après l’échec de Phobos-Grunt, la Russie modifie ses plans de l’exploration robotique de la Lune et de Mars. Elle reporte le lancement des missions prévues et redéfinit leurs objectifs. Quant aux missions martiennes, à l’exception des européennes ExoMars, elles ne sont pas envisagées avant la décennie 2030.

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    L'échec de la mission Phobos-Gruntmission Phobos-Grunt en novembre 2011 contraint l'Agence spatiale russe Roscosmos à modifier profondément ses plans d'exploration robotiquerobotique de la Lune et de Mars. La Planète rouge reste un objectif emblématique mais lointain. Durant les prochaines années, la Russie va se concentrer sur ses programmes lunaires, présentés comme une préparation aux futures expéditions vers Mars.

    L'envoi d'une mission habitée sur la Lune n'est d'ailleurs pas considéré comme prioritaire pour les trois prochaines décennies. Le programme robotique lunaire sera conçu comme une mise au point des technologies nécessaires pour envoyer des sondes sur Mars ou Phobos.

    Cette nouvelle feuille de route remet à plat l'ensemble des missions robotiques en préparation. Concernant Mars, elle se traduit par la participation russe au programme Exomars de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne qui prévoit deux missions en 2016 et 2018. Dès que les missions lunaires auront fait leurs preuves, la Russie pourrait de nouveau tenter une deuxième mission Phobos-Grunt mais pas avant la décennie 2030.

    Le programme d'exploration lunaire de la Russie prévoit la mise à l'épreuve de nouvelles technologies qui seront nécessaires aux missions martiennes. En particulier, un nouveau système d'atterrissage de précision sera testé sur la Lune avant d'embarquer sur ExoMars 2018. Quant à l'envoi de cosmonautes russes sur la Lune, il n'est pas prévu avant deux ou trois décennies. © Delcourt /Pécau/Buchet

    Le programme d'exploration lunaire de la Russie prévoit la mise à l'épreuve de nouvelles technologies qui seront nécessaires aux missions martiennes. En particulier, un nouveau système d'atterrissage de précision sera testé sur la Lune avant d'embarquer sur ExoMars 2018. Quant à l'envoi de cosmonautes russes sur la Lune, il n'est pas prévu avant deux ou trois décennies. © Delcourt /Pécau/Buchet

    Les projets lunaires de la Russie sont repoussés

    Tenant compte de l'échec de Phobos-Grunt, le programme lunaire a été révisé en profondeur. Les deux missions qui étaient en préparation - Luna-Resurs prévue en 2013 et Luna-Glob en 2014 - ont été reportées de plusieurs années. Ce ne sont pas seulement les dates de lancement qui changent mais aussi les objectifs scientifiques et l'architecture des sondes. Il faut savoir que ces deux satellites devaient être construits autour de la même plateforme que Phobos-Grunt, responsable de l'échec de la mission.

    En attendant que Lavochkin livre une version de nouvelle génération en 2017, Luna-Resurs est reportée à cet horizon. C'est également un coup dur pour l'Inde qui fournissait le lancement et embarquait sur l'atterrisseur un petit rover (Chandrayaan-2). Quant à Luna-Glob, son lancement est prévu en 2016. Elle se composera d'un orbiteur portant une centaine de kilogrammes d'instruments et d'un atterrisseur utilisé pour tester un système d'atterrissage de précision.

    Quant aux objectifs scientifiques, il seront revus, mais à la marge. Ces deux missions sont conçues pour étudier les régions polaires où de vastes quantités d'eau à l'état glacé ont été identifiées. L'atterrisseur de Luna-Glob pourrait être doté d'un bras robotique capable de forer jusqu'à deux mètres de profondeur. Au-delà de ces deux missions, il est ensuite prévu l'envoi de rovers capables de fonctionner plusieurs années et d'une mission de retour d'échantillons des régions polaires.