Cette semaine, la Russie doit lancer la mission Phobos-Grunt, qui embarque le petit orbiteur chinois Yinghuo-1 et qui devrait se poser sur Phobos, un minuscule satellite de Mars, puis en rapporter des échantillons. Une mission à haut risque qui sera suivie de peu par le lancement, le 25 novembre, du gros rover Curiosity, chargé d'explorer la surface de Mars.

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    Quinze ans après l'échec retentissant de la mission russe Mars 96 et avec un retard de plusieurs années sur son calendrier initial, la sonde Phobos-GruntPhobos-Grunt à destination de Phobos doit être lancée le 8 ou le 9 novembre. Elle a pour objectif de prélever des échantillons sur le petit satellite Phobos puis de les ramener sur Terre. Phobos-Grunt est également un démonstrateurdémonstrateur de technologies pour tester l'atterrissage et le décollage sur Phobos. À l'avenir, cette lune pourrait devenir un promontoire exceptionnel de l'exploration martienne.

    La sonde sera lancée par un Zenit russe doté de l'étage supérieur Fregat. Le voyage vers Mars prendra onze mois. Cette mission embarque une vingtaine d'instruments dont plusieurs sont réalisés en participation ou fournis par la France.

    À seulement 6.000 kilomètres d'altitude, Phobos est une des deux lunes de Mars. Avec des formes très irrégulières (27 x 22 x 19 km), elle fait partie des lunes les plus petites du Système solaire. © Roscosmos

    À seulement 6.000 kilomètres d'altitude, Phobos est une des deux lunes de Mars. Avec des formes très irrégulières (27 x 22 x 19 km), elle fait partie des lunes les plus petites du Système solaire. © Roscosmos

    Première incursion chinoise autour de Mars

    Phobos-Grunt embarque également un petit orbiteur chinois. Ce satellite de 110 kilogrammes, qui peut être vu comme le coup d'envoi d'un programme beaucoup plus étoffé pouvant mener à une mission de retour d'échantillons martiensretour d'échantillons martiens, a pour objectif d'étudier le champ magnétique et la haute atmosphèreatmosphère martienne, un domaine encore mal connu. Il embarque deux caméras et trois instruments et doit fonctionner pendant au moins une année martienne (687 jours terrestres).

    Le développement de cette mission a été des plus chaotiques. En 2009, les responsables russes de la mission avaient jugé préférable de reporter le lancement de Phobos-Grunt à la fenêtrefenêtre de tir de 2011 en raison des risques élevés d'échecs. Avant de récupérer sur Terre les 200 grammes d'échantillons de Phobos, il faudra les prélever et surtout les renvoyer vers la Terre.

    Phobos-Grunt en position horizontale. Le module de retour et la capsule de rentrée atmosphérique sont visibles à gauche, logés au sommet de la sonde, entre les deux panneaux solaires. Quant au module chinois, peu visible à l'image, il se situe sous la sonde, coincé entre les pieds. © Roscosmos

    Phobos-Grunt en position horizontale. Le module de retour et la capsule de rentrée atmosphérique sont visibles à gauche, logés au sommet de la sonde, entre les deux panneaux solaires. Quant au module chinois, peu visible à l'image, il se situe sous la sonde, coincé entre les pieds. © Roscosmos

    Gros risque d'échec

    Or, depuis la mission de Hayabusa, on sait qu'atterrir puis décoller d'un petit corps n'est pas une mince affaire. Dans le cas de Phobos, il faudra également composer avec la proximité de la Planète rouge qui suppose de dépenser beaucoup d'énergie pour s'échapper de son influence et regagner la Terre. Comme le souligne à juste titre Francis RocardFrancis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes, si « une de ces étapes ne fonctionne pas, c'est toute la mission du retour d'échantillons qui est perdue ».

    Malgré ce report de deux ans, les équipes russes de la mission, également impliquées dans d'autres projets, ont mis de côté le projet durant une petite année avant de s'y remettre pour préparer le lancement de cette semaine.

    Des proches du projet estiment que les chances que cette mission réussisse dans sa globalité ne sont guère plus élevées qu'en 2009. Une situation qui n'est pas sans rappeler le scénario de Beagle-2. Cet atterrisseur financé par des fonds privés avait été embarqué sur Mars Express dans la précipitation pour ne pas rater la fenêtre de tir. Après avoir été largué au-dessus de Mars, Beagle-2 n'a plus jamais donné signe de vie.