Vous avez déjà probablement entendu les expressions deep web et dark web, mais savez-vous ce qui les différencie ? Plongeons ensemble dans les profondeurs d'internet, à la découverte d'un monde pas toujours aussi sombre qu'on le pense.


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    Il est possible, et même probable, que vous ayez déjà entendu, lors de vos déambulations sur internet, les expressions « deep web » ou « dark web ». Régulièrement galvaudées ou utilisées de manière interchangeable, elles font souvent l'objet d'une méconnaissance notable et d'une réputation pas toujours méritée. Tandis que l'une fait référence au cœur (à très grande majorité légal) d'internet, l'autre, plus controversée, offre néanmoins un espace de liberté précieux à quiconque souhaite naviguer sur le web sans faire l'objet d'un traçage constant. Attelons-nous donc à définir et à démystifier ces termes.

    Web surfacique versus deep web

    C'est une analogieanalogie que vous croiserez souvent sur internet : le world wide web est structuré comme un iceberg. Si cette image a ses limitations, commençons néanmoins par filer la métaphore pour obtenir un premier aperçu.

    À la manière d'un iceberg, la majeure partie d'internet est cachée sous la surface. © Nasa
    À la manière d'un iceberg, la majeure partie d'internet est cachée sous la surface. © Nasa

    Le sommet émergé correspondrait au web surfacique, c'est-à-dire à l'ensemble des sites et des pages accessibles via la plupart des moteurs de recherche couramment utilisés. Cet article fait lui-même partie du web surfacique : il vous suffit de chercher « deep dark web différence futura » pour le trouver. Il s'opposerait en cela à la partie immergée de l'iceberg : le deep web, ou web profond.


    Le deep web désigne pour sa part l'ensemble des sites et des pages non indexées sur internet ; c'est-à-dire les contenus qui ne peuvent pas être découverts par la plupart des moteurs de recherche. Il s'agit des pages bloquées par un mot de passe (contenus payants, comptes bancaires, emails, back-offices, etc.), des pages non répertoriées par leurs créateurs, des pages dynamiques ou inaccessibles via l'arborescence du site, ou encore des fragments de données qui ne sont pas indexés dans le cas des pages volumineuses.

    Bien que cette partie immergée soit majoritaire, il est difficile de dire avec précision à quel pourcentage du web elle correspond. Ce d'autant plus que les limites séparant ces deux couches en réalité bien plus poreuses que l'analogie ne le laisse paraître. Les sources diffèrent, avançant dans certains cas que le deep web forme 75 % du contenu en ligne et dans d'autres qu'elle en représente jusqu'à 96 %, mais le fait est que ces chiffres peuvent varier sur la simple base du moteur de recherche employé.

    Le web sombre, la part cachée d’internet

    
Venons-en maintenant au dark web. Celui-ci regroupe l'ensemble des sites et des pages accessibles uniquement à travers certains protocoles, configurations ou réseaux, comme TorTor, Freenet ou I2P. Entrez l'URL ci-dessous dans votre navigateur GoogleGoogle Chrome et vous vous retrouverez face à une impasse. Mais cherchez-la via Tor (l'anagramme de « The Onion Router ») et vous accéderez alors au site Keybase, qui propose des solutions pour protéger son identité en ligne :
    http://fncuwbiisyh6ak3i.onion

    Le dark web est souvent assimilé à un lieu de réclusion pour les pires voyous de la toile, un marché des affaires illégales et un théâtre de trafics en tous genres. Il serait de mauvais ton d'affirmer que cette réputation n'est pas au moins en partie méritée. Si le web de surface est dominé par la pornographie adulte, le web sombre, lui, est corrompu par des contenus violant les droits les plus fondamentaux des enfants. Les marchés noirs arriveraient bien après en deuxième position de ce sinistre classement des requêtes, d’après une étude menée en 2014 par Gareth Owen de l’université de Portsmouth.

    Un dark web pas si dark que ça

    Néanmoins, le dark web a également souffert d'une diabolisation systématique et peu nuancée qui cache les opportunités qu'il peut offrir. En effet, cette partie sombre du web peut aussi devenir un formidable espace de liberté pour quiconque tient à la protection de sa vie privée en ligne. Il peut ainsi être utilisé par un lanceurlanceur d'alerte ou un journaliste pour divulguer une information tout en dissimulant son identité, par un citoyen cherchant à débattre et s'informer sur des sujets interdits dans son pays, par une entité désirant garantir la protection d'un témoin, par des services secrets pour démanteler des réseaux, ou même par des citoyens souhaitant simplement naviguer cachés, grâce à des nœuds de sortie leur permettant d'accéder anonymement à l'internet de tous les jours.

    Si vous souhaitez vous-mêmes expérimenter avec le dark web en toute légalité, nous vous recommandons néanmoins de commencer par vous familiariser avec son fonctionnement et les bonnes pratiques qui le régissent. Certaines informations vous permettront de protéger votre vie privée efficacement par-delà le simple usage de Tor, tandis que d'autres vous apprendront à vous familiariser avec l'arborescence particulière de cette partie cachée du web.