Pionnière de la génétique, l'Américaine Barbara McClintock a multiplié les découvertes entre la fin des années 1920 et les années 1950 : le rôle des chromosomes dans l’hérédité, le « crossing-over », les gènes sauteurs, la régulation des gènes, l'épigénétique... En avance sur leur temps, ses travaux ont été rejetés… puis tous confirmés. Récompensée in extremis par un Nobel en 1983, elle fut de son vivant pleinement reconnue comme une des plus grandes biologistes. Mais si tardivement...


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    En 1921, l'étudiante Barbara McClintock (1902-1992) choisit la génétique et s'intéresse aux « chromosomes », ces structures changeantes dans le noyau des cellules dont Thomas Morgan a montré qu'ils portaient les gènes de l'hérédité. En 1931, McClintock et Harriet Creighton observent de près les chromosomes durant la division cellulaire et découvrent le « crossing-over ». Elles apportent définitivement la preuve que Morgan avait raison : les chromosomes sont bien le support de l'hérédité. La « cytogénétique » est née et la jeune chercheuse entame une carrière prometteuse.

    Elle étudie le maïsmaïs, dans ses variétés naturelles, dont les épis colorés engendrent des motifs héréditaires : voilà le moyen de voir facilement la transmission des caractères. Avec des expériences d'une admirable ingéniosité, Barbara McClintok comprend que l'expression des gènes obéit à une mécanique subtile. Au cours des années 1940, elle pose ainsi les bases de la génétique moderne.

    McClintock avait 20 ans d’avance

    L'action des gènes n'est pas immuable, affirme-t-elle, mais contrôlée au sein d'un réseau d'inhibitionsinhibitions et d'activations. La voilà jetant au passage les bases de l'épigénétique. Tout aussi étonnant : les gènes peuvent bouger le long des chromosomes et même se dupliquer. Ce sont les « gènes sauteurs », dit-on alors. Mais McClintock a trop d'avance sur les généticiensgénéticiens de son époque. Alors que les biologistes en sont à chercher de quoi sont constitués les gènes et comment ils peuvent porter une information, ils refusent sa vision d'un système très complexe.

    Découragée, elle abandonne ces recherches en 1953. Mais au fil des deux décennies suivantes, le contrôle des gènes devient une évidence et les « transposons », nouvellement découverts, ne sont rien d'autre que les gènes sauteurs de Barbara McClintockBarbara McClintock. Au début des années 1980, les récompenses s'accumulent, dont le prix Nobel de physiologie et médecine en 1983. À 81 ans, elle vient à Stockholm, avec ses éternelles lunettes rondes et son regard toujours malicieux.

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