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Suite à la demande du National Research Council, l'Académie des Sciences des Etats-Unis s'est penchée sur le problème émergentémergent de l'acidification des océans et a fait le point sur les différentes études parues jusqu'à présent.
Dans ce domaine où il reste beaucoup d'inconnues et d'incertitudes, il semble tout de même que le problème soit réel et que si la concentration atmosphérique en CO2 n'est pas contrôlée de quelque manière que ce soit, le pH des océans continuera à s'abaisser.
En effet, l'océan absorbe un tiers des émissionsémissions anthropiques de dioxyde de carbone au niveau de ses eaux de surface. Cet accroissement en CO2 dissous provoque une chaîne de réactions chimiquesréactions chimiques qui aboutissent à la formation d'espèces acides qui abaissent le pH océanique.
Déjà, depuis le début de la révolution industrielle, le pH a diminué de 0,1 unité, passant de 8,2 à 8,1. Autrement dit, l'eau de mer, légèrement basique (pH supérieur à 7), s'est acidifiée. Selon les projections des modèles, cette baisse devrait se poursuivre et se traduire par la perte de 0,2 à 0,3 unité d'ici 2100 si rien ne change aux émissions actuelles.
Cliquer pour agrandir. Carte des variations du pH depuis l’ère pré-industrielle (1700) jusqu’aux années 1990. De manière générale, le pH des océans s’est abaissé, ce qui correspond à une acidification de l’eau de mer. © Plumbago, Wikimédia CC by-sa 3.0
Selon les études, ce taux d'acidification est exceptionnellement rapide et supérieur à tous les changements connus depuis des centaines de milliers d'années. Les effets à long terme sont encore inconnus, tant du point de vue écologique que social ou économique, mais il est certain qu'il y aura des changements, comme le souligne le rapport de l’Académie. Plusieurs études ont en effet démontré que l'acidification des océans affecte les processus biologiques, que ce soit la photosynthèse, la nutrition, la croissance, la reproduction ou la survie des individus.
Avec l’acidification des océans, finies les huîtres pour les fêtes ?
Le problème de la croissance des organismes à squelette carboné, interne ou externe, est pour l'instant le plus emblématique. En effet, coquillages, récifs coralliens et ossements sont constitués en grande partie de carbonate de calcium, qui a la fâcheuse propriété de se dissoudre en milieu acideacide. Par conséquent, comme l'ont montré plusieurs études, l'acidification des océans entrave la calcification et donc la croissance des organismes. Ce phénomène a notamment été étudié chez des espèces commerciales comme la moule ou l’huître.
La capacité des organismes et des écosystèmesécosystèmes à s'adapter à un tel changement est elle aussi inconnue, mais d'autres études ont prouvé que tous les organismes ne sont pas égaux face à ce phénomène. Ainsi, certains pourront profiter de cette acidification, tandis que d'autres seront pénalisés.
Face à un tel changement du milieu et à tant d'inconnues, l'Académie des Sciences reconnaît le bien-fondé du programme américain sur l'acidification des océans qui est en cours d'établissement. Elle a par ailleurs défini six critères clefs nécessaires au succès de ce programme :
- Un réseau intégré d'observations, avec de nouveaux outils, méthodes et techniques de mesure des paramètres liés à l'acidification ;
- Une recherche accrue pour combler les manques critiques de connaissances ;
- La détermination des problèmes en lien avec le phénomène, ainsi que les acteurs concernés ;
- Un centre de traitement de données pour assurer la qualité et l'accessibilité des données, ainsi que l'échange d'informations à destination de différents publics (chercheurs, décideurs, grand public) ;
- Des laboratoires de recherche et de formation sur l'acidification des océans ;
- Un plan d'action stratégique sur 10 ans efficace.
Ce programme aura pour charge de suivre et comprendre le phénomène d'acidification des océans, ses conséquences environnementales mais aussi sociales et économiques, ainsi que les moyens de s'y adapter. Les émissions humaines de CO2 semblent donc avoir un second effet d'importance, en sus du changement climatique. Une raison de plus de limiter ces émissions.