La sonde Cassini, qui explore les mondes de Saturne depuis 2004, a accompli le 17 août son ultime survol de Dioné. Chargée d’étudier la gravité et la magnétosphère de cette petite lune glacée, la sonde en a profité pour réaliser une dernière série d’images en haute résolution de sa surface grêlée de cratères et maculée de taches très réfléchissantes. Encelade aussi sera bientôt visitée une dernière fois.

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    Arrivée en 2004 dans le royaume de SaturneSaturne autour de laquelle gravitent 62 satellites naturels connus, la sonde Cassini, qui avait quitté la Terre en 1997, achèvera bientôt sa mission. Ce lundi 17 août 2015, elle a accompli, à plus de 1,4 milliard de km de chez nous, son cinquième et ultime survol de Dioné, une lune qui, justement, fut découverte en 1684 par Jean-Dominique CassiniJean-Dominique Cassini (l'astronomeastronome baptisa les quatre satellites qu'il découvrit « les étoiles de Louis », Sidera Lodoicea, en l'honneur de Louis XIV).

    Avec un diamètre de 1.118 km, Dioné est riche en glace et rappelle, sous certains aspects, la planète naine Cérès (940 km) pour ses taches blanches qu'elle arbore en de multiples endroits. Liée gravitationnellement à Saturne, son histoire n'est toutefois pas tout à fait la même.

    Dernière image de Dioné capturée par Cassini, le 17 août 2015. La sonde, alors en train de s’éloigner, était à 75.000 km de la surface de ce petit monde glacé. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    Dernière image de Dioné capturée par Cassini, le 17 août 2015. La sonde, alors en train de s’éloigner, était à 75.000 km de la surface de ce petit monde glacé. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Le survolsurvol le plus rapproché, 100 km au-dessus du sol gelé, date de décembre 2011. À présent, Cassini n'est passé qu'à 474 km de la surface. « Nous avons eu juste assez de temps pour prendre quelques images, nous offrant de belles vues en haute résolutionrésolution de sa surface, raconte Tilmann Denk (université Freie, Berlin), membre de l'équipe scientifique de la mission. Nous avons été en mesure d'utiliser la lumière du Soleil réfléchie par Saturne comme source de lumière supplémentaire, ce qui a permis de révéler des détails dans les ombres de certaines images. »

    Mais cette visite était surtout l'occasion d'effectuer une dernière fois des mesures de la gravitégravité et de la magnétosphèremagnétosphère de Dioné. Toutes les données collectées aideront les chercheurs à mieux comprendre la structure de cet astreastre glacé.

    Dioné photographiée par Cassini à 537 km de sa surface, le 17 août 2015. Il s’agit de l’image à la résolution la plus élevée de la mission pour cette lune de Saturne. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    Dioné photographiée par Cassini à 537 km de sa surface, le 17 août 2015. Il s’agit de l’image à la résolution la plus élevée de la mission pour cette lune de Saturne. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Bientôt les derniers survols d’Encelade

    La NasaNasa rappelle dans son communiqué qu'il ne reste plus à Cassini qu'une poignée de survols à opérer avant d'achever sa mission fin 2017. L'une de ses prochaines cibles pour trois rendez-vous est Encelade, une autre petite lune glacée. Depuis 2005 et la découverte de geysersgeysers, ce corps de quelque 500 km de diamètre, géologiquement actif et considéré comme un des mondes potentiellement habitables du Système solaireSystème solaire, concentre beaucoup l'attention des scientifiques.

    Le vaisseau de l'Esa et de la Nasa y fera un tour les 14 et 28 octobre puis ses adieux le 19 décembre. Le 28 octobre, elle frôlera EnceladeEncelade à seulement 49 km au-dessus de sa surface, ce qui représente une magnifique occasion de s'insinuer dans ses jets de vapeur d'eau, de les renifler et, bien sûr, de sonder ce qu'elle renferme (vraisemblablement un océan d’eau liquide en contact avec son noyau).

    « Je suis ému car je sais, comme tout le monde, qu'en regardant ces superbes images du croissant de DionéDioné et de sa surface, ce sont les dernières de ce monde lointain que nous verrons avant très longtemps, confie Carolyn Porco, de l'équipe d'imagerie du Space Science Institute (Boulder, Colorado). Jusqu'au bout, Cassini a fidèlement livré une autre série extraordinaire de richesses. Quels chanceux nous avons été... »