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Jérôme Houyvet

Jérôme Houyvet

Photographe professionnel, en Manche, Normandie, Bretagne

Devenir photographe professionnel était un rêve pour moi… un rêve que je vis éveillé depuis plus de 30 ans. Voyager et découvrir le monde, rencontrer des gens différents, d’horizons et de pensées diverses, allier ma passion pour la mer et ceux qui la vivent, ceux qui jouent dessus. Capter les lumières, documenter, et enfin partager ces émotions avec un public… voilà le moteur qui m’a poussé, motivé et encouragé à toujours en vouloir voir plus. Aujourd’hui c’est avec beaucoup de plaisir que je vous offre ces quelques photos aériennes dans Futura, pour vous qui partagez sans doute la même curiosité, soif d’apprendre et de comprendre que moi…

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Biographie

Né en 1970, Jérôme est attiré par la mer dès son plus jeune âge. L'école de voile devient vite sa seconde maison. Très vite passionné par le windsurf, il commence par prendre des clichés de ses copains en action sur le spot de Barfleur, « juste pour le fun ». D'ici à deviner qu'il en ferait son métier...

Pourtant en 1989, Jérôme choisit de s'inscrire à l'Efet, école de photos à Paris. Pendant 3 ans il y découvre les nombreux et différents aspects du métier de photographe. Mais la mer est décidément bien loin pour lui et ses premiers reportages le ramènent systématiquement vers l'océan et la planche à voile. Il obtiendra ses premières parutions dans son magazine fétiche, Wind, le magazine N°1 des passionnés de la planche.

Major de promotion en 1992, Jérôme se voit offrir une belle opportunité, celle d'effectuer des reportages sur les secours en France pour le compte de la Sécurité Civile (Sapeurs pompiers, secours aériens en mer et montagne, Canadairs, feux de forêt, séismesséismes..). Il devient photographe officiel de la Direction de la Sécurité Civile pendant trois ans sur un terrain difficile mais passionnant où il faut savoir maîtriser ses émotions. Des images fortes, la rencontre avec des hommes dévoués au service des autres, une expérience marquante et inoubliable.

Mais sa passion pour la glisse est toujours intacte, ancrée au fond de lui. Elle le pousse jusqu'à La Torche en Octobre 1994 pour une étape de la Coupe du Monde de Windsurf. La rencontre avec les windsurfers pros lui donne le déclic et le pousse à s'investir à fond dans ce créneau. Jérôme s'envole dix jours plus tard pour assister à l'Aloha Classic, finale du circuit pro à Hawaii.

Ce voyage sera décisif : Octobre 1995, Jérôme quitte la Sécurité Civile, désormais il mettra son métier au service de sa passion : la photo de mer.

Devenu spécialiste des sports de glisse Jérôme Houyvet part plusieurs mois par an à Hawaï pour photographier les exploits des surfers et windsurfers.

Son travail sur la glisse a été récompensé en 2003 par le prix « Jeune Talent » du Festival International de la photographiephotographie de mer de Vannes.­­

Le reste de l'année, il se consacre à son « petit bout de paradis » : Le Cotentin et la Normandie. Passionné par tout ce qui vole et toujours en quête d'images originales, il découvre le paramoteur en 2006.

Plus écologique, moins cher que l'hélico, cet aéronefaéronef lui offre une immense liberté. Celle de pouvoir décoller d'un petit bout de champ, d'une plage et de parcourir le littoral seul à bord et sans dépendre de la disponibilité d'un autre pilote. Depuis il enchaîne les vols inlassablement entre Normandie et Bretagne pour documenter ce littoral qu'il aime tant à la recherche des belles lumièreslumières.

 Ses images aériennes ont étés publiées dans de nombreux magazines et ouvrages.

Voir aussi

Vous pouvez retrouver ses photographies dans les livres suivants

Découvrez son

métier

Quand et comment as-tu commencé la photographie ?

Je suis tombé dans la marmite lorsque j’avais 15 ans je crois… je faisais de la planche à voile et j’avais envie d’immortaliser les sessions avec les copains. L’appareil photo en tant qu’objet m’avait toujours attiré. Je suis vite devenu accro, et j’ai très vite eu l’envie d’associer ces deux passions. De là à en faire un métier... j’ai préféré faire une formation, aller dans une école pour bien apprendre. Alors je me suis inscrit à l’EFET à Paris pour un cursus de trois ans de bonheur. Après le lycée, c’était la libération, la vrai vie où tu fais enfin un truc qui te plait. Je suis sorti Major de promotion, et j’ai enchaîné par le service militaire comme photographe pour la Direction de la Sécurité Civile. Apparemment ils ont apprécié mon travail puisqu’ils m’ont embauché pour trois ans avec un statut de personnel civil. C’était une belle école, un rêve pour un jeune photographe qui avait envie de voir du terrain et de voler. J’ai eu la chance de faire de nombreux reportages à bord des hélicos, des Canadairs et de tous les autres aéronefs de la Sécurité Civile que ce soit au-dessus des feux de forêt, pour du secours en mer ou en montagne.

Quelles ont été tes principales influences ?

Je pense que ce sont les sports de glisse qui ont commencé à aiguiser mon œil avec le côté flashy des couleurs, des photographes spécialisés dans le milieu du windsurf et du surf comme Bernard Biancotto et Sylvain Cazenave, Phillipe Plisson dans le milieu du nautisme, Yann Arthus-Bertrand évidemment pour la photographie aérienne. Et puis j’ai découvert tout un autre monde de la photographie à l’école avec des artistes très divers dans des styles tout à fait différents… des Salgado, Natchwey, Klein… à vrai dire des dizaines et des dizaines de photographes que j’admire et qui ont nourri mon esprit grâce à leurs images. Je ne sais pas de quelle manière ils m’ont influencé ou pas, disons simplement que j’adore leurs images. Après je n’ai jamais essayé ou eu la prétention de vouloir faire des images à la manière d’un tel ou d’un autre…

Ta seconde expérience professionnelle a été comme photographe de sport et particulièrement de windsurf. Peux-tu nous décrire cette aventure ?

Après avoir travaillé pendant plus de trois ans pour la Sécurité Civile, j’avais toujours en tête cette idée de devenir photographe de windsurf. C’était mon rêve depuis le début. J’avais déjà traîné sur quelques compétitions internationales en France, et tout a vraiment basculé en 1994 lors d’une épreuve de coupe du Monde à la Torche (Finistère – Bretagne). Le vent avait décidé d’aller voir ailleurs, aussi j’étais un peu frustré de ne pas pouvoir faire d’images. Alors j’ai eu cette discussion avec un chargé de la presse sur l’événement. Je lui ai demandé si « ça valait vraiment le coup d’aller à Hawaï pour shooter du windsurf »… sa réponse a été sans équivoque. Une heure après, je réservais mon premier billet d’avion dans une cabine téléphonique du parking de la Torche et deux semaines plus tard je m’envolais pour la Mecque du windsurf suivre la finale de la coupe du Monde sans savoir que j’allais y retourner plusieurs fois par an depuis ce jour (je dois en être à plus de 50 aller-retour à ce jour). C’est dingue comme quelques mots et une discussion peuvent changer ta vie. J’ai donc commencer à passer du temps à Hawaï pour apprendre sérieusement à photographier ce sport.

Dans les années 90, la concurrence dans ce domaine particulier était très forte. Comment as-tu réussi à t’imposer ?

Jérôme Houyvet. © Tous droits réservés

Ma chance a été de ne pas avoir de gros moyens financiers. Ce sport se passe sur l’eau, dans les vagues souvent loin de la plage et à l’époque la plupart des photographes étaient équipés de gros téléobjectifs de 600 mm ou shootaient tout simplement en hélico. Evidemment je n’avais pas tout ce matériel, et il n’était pas question de louer un hélico. Alors je me suis acheté une bonne paire de palmes, un casque, un caisson étanche et j’ai rejoins quelques rares photographes qui bossaient directement dans l’eau. Je n’avais que cette option, du coup j’étais du soir au matin à Ho’okipa, le spot le plus réputé d’Hawaï, à photographier les meilleurs windsurfers du monde. Lorsque j’ai commencé à envoyer mes photos aux magazines spécialisés, ils ont halluciné sur la quantité d’images (watershots) et la qualité de celles-ci. J’avais une belle production, j’étais mort de faim, et du coup j’ai rapidement commencé à faire des couvertures et des doubles pages dans tous les magasines de la planète windsurf…

Depuis quelques années, tu as évolué vers la photographie de paysages et particulièrement la photographie aérienne. Peux-tu nous expliquer cette évolution ?

Je me suis rendu compte après quelques intenses années à voyager dans les plus belles îles exotiques de la planète que mon territoire, le Cotentin pour ne pas le citer, était doté de paysages magnifiques, d’espaces naturels préservés et exceptionnels. L’envie de me changer les idées et de photographier sans la contrainte de la commande d’un client pouvait être assez motivante, rafraîchissante… alors j’ai commencé à arpenter le littoral autour de chez moi. Puis m’est rapidement venu à l’esprit qu’il serait intelligent de photographier autrement que les autres, d’apporter un autre point de vue, comme ce que j’avais fait avec le windsurf. Le regard aérien s’est imposé comme une évidence. Une fois de plus je n’avais pas les moyens, ni l’envie de louer un hélico pour un ou deux vols rapides et extrêmement coûteux. Il me fallait trouver une autre solution, et c’est là que j’ai découvert le paramoteur. Un simple parapente motorisé qui allait m’offrir la possibilité d’effectuer des photos aériennes avec une immense liberté. J’ai passé mon brevet de pilote ulm paramoteur et je me suis retrouvé dans cette nouvelle aventure.

Comment planifies-tu tes sessions, et peux-tu nous décrire ta préparation ?

Je travaille généralement sur des projets personnels au départ. La première idée avait été de faire un livre sur le littoral du Cotentin… puis du littoral de Normandie et les projets éditoriaux se sont enchaînés avec aujourd’hui une dizaine de livres de photos aériennes à mon actif, les trois plus récents dédiés au littoral de Bretagne. Ensuite je diffuse une partie de ce travail via des magazines nationaux ou internationaux et quelques clients institutionnels comme les régions et départements. La préparation est assez méthodique puisque j’essaye de documenter l’ensemble d’une côte ou d’une région en la survolant sous diverses conditions de lumières et de saisons. J’ai beaucoup de repérages à faire et de documentation à consulter avant de pouvoir m’envoler, sans oublier la partie aéronautique qui m’oblige à la plus grande attention que ce soit au niveau de la météo, de la mécanique, de la navigation et du pilotage une fois en l’air. Je suis seul à bord, et je dois donc me détacher des problèmes techniques pour pouvoir aussi me concentrer sur l’aspect esthétique de mes images…

As-tu toujours une idée précise des images que tu veux faire, ou laisse tu une part importante à l’improvisation ?

J’ai toujours quelques idées de ce que je veux faire, mais la magie de l’aérien c’est aussi de redécouvrir complètement son environnement et les paysages que l’on connaît vu du sol… je garde les yeux grands ouverts pour aller capturer l’imprévu. Je ne vole pas très haut en paramoteur aussi j’ai la chance d’assister parfois à des scènes originales, de bien voir les gens et donc de les photographier dans leurs activités. Je ne me contente pas que de photos de paysages.

Peux-tu nous décrire ta pire et ta meilleure expérience photographique ?

Vue sur le Mont Saint-Michel. © Jérôme Houyvet, tous droits réservés

La meilleure… j’ai tellement de souvenirs dingues en tête que ce n’est pas évident. Enfin je retiendrai un moment magique d’un matin unique. J’ai réalisé un livre « Vol au-dessus de la grande baie du Mont-Saint-Michel », qui comme son nom l’indique m’a amené à aller photographier cette merveille de nombreuses fois. Il me fallait donc trouver quelques moments intenses, avec de belles lumières pour capturer le Mont. Je me suis retrouvé un matin au lever du jour avec toute la baie recouverte d’un manteau de brume épaisse, et seul au milieu de cette mer de nuages, le Mont-Saint-Michel m’attendait. Moment intense, très émouvant, que d’être seul dans le ciel au-dessus de la Merveille, à bord de mon paramoteur, les pieds dans le vide… avec un appareil photo. J’ai shooté en essayant de me concentrer au maximum pour réussir à capter parfaitement ce vol unique, puis j’ai reposé mes appareils et j’ai longuement regardé avec mes yeux ce paysage complètement irréel…

La pire… sans doute quand je me suis fait volé tout mon matériel photo dans le train qui me ramenait en Normandie, après 35 heures de voyage, 12 heures de décalage horaire. Une petite minute d’inattention qui m’a coûté très cher.

Quel matériel utilises-tu, et utilises tu du matériel spécifique pour la photographie aérienne ?

J’utilise depuis toujours des boîtiers et optiques Canon. Le 1DX Mark III pour la photo de windsurf, avec des optiques assez variées du 15 au 600 mm, plus des caissons étanches LiquidEye qui sont je dois dire mes plus fidèles alliés et protecteurs essentiels de mon matériel. Pour la partie aérienne, je passe en 5DS R et j’emporte toujours deux boîtiers avec moi équipés d’un 16-35 f/4 L et d’un 70-200 f/2,8 II L. Avec eux je couvre 99 % des sujets aériens. Évidemment si je pouvais avoir un seul et unique 16-300 f/4 … mais ne soyons pas trop gourmands…

Les drones sont devenus rapidement des outils essentiels pour la photo de paysages. Quel drone utilises tu en priorité et avec quel type de caméra ?

Ah les drones… pour être honnête je m’ennuie considérablement à faire des photos avec un drone. Le retour vidéo ne permet de pas de voir les choses comme avec les yeux ou à travers le viseur d’un boitier Reflex. C’est aussi un peu comme si on me mettait des œillères d’un coup et que je ne puisse plus voir l’ensemble d’un paysage. On est très limité sur les distances, et même si c’est parfois assez pratique pour photographier sujet bien déterminé, je trouve que cela réduit presque toutes les chances de tomber sur un imprévu, une scène insolite que l’on rencontre parfois à bord d’un aéronef quel qu’il soit. Et je ne parle pas de l’impossibilité de changer facilement d’optiques, d’utiliser des longues focales. Alors oui, cela m’arrive de temps en temps d’en utiliser mais quand je peux éviter, franchement je fais tout pour…

As-tu des projets à venir dont tu voudrais nous parler ?

Archipel de Bréhat, Côtes d'Armor, Bretagne. © Jérôme Houyvet, tous droits réservés.

Je termine actuellement un gros projet de trois ans et trois livres de photos aériennes dédiés au littoral de Bretagne. Le troisième tome de « Vol au-dessus du littoral de Bretagne » sortira au printemps 2020, après l’Ille-et-Vilaine, les Côtes-d’Armor, et le Finistère dans les deux premiers volumes, cette fois nous irons découvrir le Morbihan et la Loire-Atlantique. Je vais sans doute préparer d’autres projets éditoriaux qui me rapprocherons de la Normandie. Et puis je reste toujours aussi passionné par la glisse, le surf, le windsurf et je pense que je repartirai sans bientôt à Hawaï et sous d’autres cieux ensoleillés pour shooter de l’action dans les vagues…

Pour terminer, as-tu un conseil particulier à un photographe intéressé par la photographie aérienne ?

Je lui dirai de ne pas penser que l’on peut tout faire avec un drone… qu’il y d’autres outils et que chaque mission de prise de vues aériennes et différente et nécessite l’aéronef adapté. Je suis un peu sceptique quand je vois les photographes qui s’autoproclament « spécialiste de la photo aérienne » et qui n’ont jamais mis les pieds dans un avion, un hélico ou n’importe quel autre engin volant. La photographie aérienne se décline de multiples manières et avec de nombreux moyens, alors la réduire à un drone équipé d’un grand angle je trouve cela un peu triste. Après comme je dis aussi souvent, ce n’est pas le matériel qui compte le plus, mais plutôt les idées, l’imagination, la créativité…

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